L’émission «The New Arab Debates» enregistrée il y a une dizaine de jours à Jérusalem pour la chaîne allemande Deutsche Welle a été la scène d’un coup de théâtre. Le débat axé autour du sujet «L’occupation (de la Cisjordanie) est-elle en train de détruire Israël ?» mettait aux prises Uri Zaki, un militant du Meretz, parti de la gauche israélienne qui soutient une solution à deux États, et Dani Dayan, l’ancien président du Conseil de Yesha, une association des colons israéliens. Présent dans le public, un jeune soldat de Tsahal a alors pris la parole pour dénoncer le traitement des Palestiniens par ses collègues, avant d’être mis en prison par l’armée, raconte Haaretz.
Le caporal Shachar Berrin s’était ainsi exprimé:
«Ce qui détermine la valeur d’un pays, ce n’est pas de savoir s’il est heureux ou non mais son éthique et sa moralité. Quand on fait en sorte, jour après jour, que les soldats asservissent, humilient et considèrent d’autres êtres humains comme inférieurs, ça s’imprègne et, quand les soldats rentrent à la maison, ils ramènent ça avec eux.»
Brutalité
Le militaire évoque alors une situation dont il a été témoin. Alors qu’un soldat se comportait brutalement avec un groupe de touristes chrétiens, une de ses collègues s’est émue:
«C’est incroyable: ce sont des personnes, pas des Palestiniens.»
Des propos qui n’ont pas eu l’heur de plaire à Dani Dayan sur le plateau. Sommé de donner son avis par le présentateur, il s’agite sur sa chaise et lâche:
«C’est un menteur.»
Il n’y a pas qu’à lui que cette sortie du sous-officier a déplu. Son commandant l’a mis «au trou» pendant une semaine sous le chef d’accusation suivant: «participation à un meeting politique en tant que soldat, en uniforme, en présence de médias, en violation des règlements de l’armée».
Bien sûr, déballer le linge sale de l’armée en public aurait probablement valu des ennuis à n’importe quel militaire du monde. Cependant, le motif invoqué ici paraît étrange dans la mesure où Shachar Berrin ne figurait pas à un meeting politique et n’a d’ailleurs pas mis sa hiérarchie en cause nommément.
L’initiative de Berrin rappelle celle de l’organisation Breaking The Silence, qui rassemble des témoignages de soldats effectuant leur service dans les territoires occupés.