Une statue de Vladimir Poutine crucifié, exposée dans la cour intérieure des anciens locaux des services de renseignement russes à Riga, a créé un mini-tourbillon diplomatique la semaine dernière. Les passants étaient invités à compléter cette œuvre d'art anonyme en plantant des clous dans le mannequin, façon poupée vaudou.
So it appears the Latvians have crucified crucified #Putin in the center of #Riga pic.twitter.com/vYdcEGce87
— David Patrikarakos (@dpatrikarakos) 16 Mai 2015
Le Washington Post rapporte les propos de l'ambassade de Russie en Lettonie, qui exprimait sur sa page Facebook son «extrême indignation et son dégoût» et considérait «inacceptable l'apparition de ce genre d'“art” provocateur dans la capitale du pays qui a récemment pris la présidence [tournante] de l'Union européenne».
«Incontestablement, cela ne reflète pas un très haut niveau de culture», aurait également estimé le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, selon un journal local. Le maire de Riga, Nils Ušakovs, a lui aussi exprimé son désaccord vis-à-vis de cette installation. Ce russophone est le président du parti Centre de l'harmonie, principal force d'opposition, proche du parti de Vladimir Poutine.
Forte population russophone
La statue fait partie d'une exposition de plusieurs pièces se trouvant dans l'ancien quartier général du KGB, pour lequel Vladimir Poutine a été officier plusieurs années avant d'entrer en politique. L'artiste n'assumerait pas le lien entre le président russe et son œuvre, soutenant avoir pris un ami pour modèle.
Le journal letton Diena annonçait samedi 16 mai que l'exposition avait été annulée. La Lettonie, ex-pays de l'URSS, dont un tiers de la population est russophone, était particulièrement inquiète en 2014 de voir la situation ukrainienne se répliquer sur son territoire. Nous relevions en septembre 2014 des propos, non confirmés, de Vladimir Poutine:
«Mes troupes pourraient arriver en deux jours à Riga, Vilnius, Tallinn, Varsovie et Bucarest.»
Selon le politologue Ivars Ijabs, cité par Le Monde, soutient que le poutinisme affiché des russophones lettons «ne veut absolument pas dire qu’ils veulent d’une situation ukrainienne».
Une autre caricature de Vladimir Poutine, au début du mois de mai, avait moins perturbé le Kremlin. Un buste du président russe en toge, rappelant un empereur romain, a été érigé à Kassimovo, à 20 kilomètres de Saint-Pétersbourg, «en reconnaissance de l'annexion de la Crimée [en mars 2014]».