Seth Shostak, astronome et Directeur du célèbre centre de recherche des civilisations extraterrestres (SETI Institute) revient sur les raisons pour lesquelles nous n’avons pas été capables jusqu’à aujourd’hui de trouver la moindre trace dans l’univers d’une espèce intelligente avancée. Or selon toutes probabilités, les civilisations supérieures à la notre devraient être nombreuses dans un univers de plus de 13 milliards d’années. C’est le fameux paradoxe de Fermi sur la vie extraterrestre.
Si nous ne sommes pas seuls dans l’univers «Où sont-ils?» s'interrogeait il y a 70 ans Enrico Fermi l'un des plus grands physiciens de l'histoire et l'un des inventeurs de la bombe atomique. Son paradoxe s’énonce de la façon suivante: la vie a évolué vite et irrésistiblement sur terre. Il y a plus de 100 milliards d'étoiles dans notre galaxie la Voie Lactée qui doivent pour la plupart avoir des planètes dont certaines susceptibles d'abriter la vie. La vie doit donc être extrêmement répandue dans notre galaxie et une espèce évoluée, bien plus que la notre, doit être capable de coloniser la galaxie en quelques millions d'année. Or, nous n'avons perçu aucune trace d'intelligence extraterrestre. «Mais où sont-ils?»
Pour donner encore un peu plus le vertige. Il y a entre 100 et 400 milliards d’étoiles dans notre galaxie et à peu près le même nombre de galaxies dans l’univers observable avec nos moyens actuels. Pour donner un ordre d’idées, cela signifie qu’il existe dans l’univers 10 000 étoiles pour chaque grain de sable présent sur terre.
Un paradoxe renforcé par l’étude récente menée par des astronomes de l’Université de Penn State qui ont cherché dans 100 000 galaxies en utilisant le satellite WISE des traces de la consommation d’énergie d’une civilisation extraterrestre très avancée. Le raisonnement semble imparable: si une galaxie entière a été colonisée par une civilisation avancée maîtrisant le voyage dans l’espace, l’énergie produite par les technologies de cette civilisation devrait être détectable dans les ondes infrarouges moyennes. Ce sont exactement les ondes que le satellite WISE est capable de détecter. A partir du moment où une civilisation avancée capable de se déplacer dans l’espace utilise des quantités importantes d’énergie émanant des étoiles pour alimenter des ordinateurs, des déplacements interstellaires, des communications ou des choses que nous ne pouvons pas imaginer, la thermodynamique fondamentale nous dit que cette énergie doit être transformée en radiations infrarouges moyennes. Cette même physique de base fait que votre ordinateur diffuse de la chaleur quand il est allumé… Mais ils n’ont rien trouvé.
Pour Seth Shostak, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de civilisations extraterrestres avancées. D’abord parce que pour les détecter avec les outils utilisés «cela signifie qu’elles devraient consommer mille milliards de fois plus de kilowatts que toute l’humanité aujourd’hui… C’est vraiment beaucoup même si de façon évidente ces super civilisations extraterrestres doivent être très différentes de la notre. Peut-être que leurs planètes abritent des milliers de milliards de fois plus d’habitants que la terre ou peut-être que leur mode de vie font qu’elles consomment des milliers de milliards de fois plus que nous. Je suis peut-être timide, mais ces deux hypothèses ne me semblent pas raisonnables».
Le vrai problème pour le patron du SETI, c’est que notre conception d’une super civilisation part du principe qu’elle fonctionne selon les mêmes principes que la notre. «Nous partons du principe qu’il y a une loi dans l’univers selon laquelle les sociétés avancées sont dans une logique de colonisation et prennent le contrôle de la part la plus grande qu’elles peuvent d’une galaxie... Même si cette vision des civilisations avancées est cohérente avec les plans de Dark Vador, est-ce que c’est vraiment ce que font les civilisations très évoluées?». Et puis «la vision selon laquelle très avancé signifie consommer toujours plus d’énergie peut être une aberration anthopocentrique… Les 100 000 galaxies observées par WISE peuvent être remplies d’êtres intelligents – biologiques ou artificiels – qui n’ont pas besoin de consommer des quantités invraisemblables d’énergie».
Pour résumer la thèse de Seth Shostak, les autres habitants de l’univers sont par nature des aliens, c’est-à-dire qu’ils sont différents de nous…