À choisir, la plupart des gens préfèreront toujours aller chez le maraîcher plutôt que d’acheter une barquette de légumes OGM sous vide. La voix de la raison? Position politique de principe? Sans doute, mais il semble que le rejet de l’alimentation génétiquement modifiée s’enracine plus profondément encore dans la psyché humaine.
Une équipe de chercheurs de l'université de Gand (Belgique) vient de publier une étude intitulée «Fatal attraction: the intuitive appeal of GMO opposition», relayée par Pacific Standard, dans laquelle ils assurent que la défiance envers ces organismes est universelle et tient davantage de l’intuition et du réflexe.
Répugnance
Pour commencer, en dépit des lois de l’évolution, l’être humain considère son ADN et les espèces naturelles comme fixes. Une croyance qui en amène une autre: religieux ou non, l’homme est intuitivement persuadé qu’il existe un sens, une intention supérieure dans la nature. Plusieurs conséquences découlent de cette conviction. La nature est alors regardée comme sacrée et en altérer les composantes a quelque chose de monstrueux.
Ensuite, les scientifiques affirment que le dégoût est la chose la mieux partagée au monde. Il s’agit d’un instinct bien pratique puisqu’il nous permet depuis la nuit des temps d’éviter de nous intoxiquer en mangeant des légumes pourris ou des viandes avariées.
Bien sûr, il n’est pas tout puissant (l’article de Pacific Standard rappelle que l'on mange bien du roquefort, pourtant constitué de moisissures), mais le dégoût est associé à la survie. On ne se contente donc pas de ne «pas trop» aimer les OGM: ceux-ci nous répugnent.
Là où notre conscience intervient à nouveau, c’est quand il s’agit de poser un œil moral sur la nourriture transgénique. Ici, répulsion et politique vont de pair, puisque nous savons que ces cultures jugées suspectes viennent d’entreprises puissantes dont nous craignons la force de frappe sur le marché et dans nos assiettes.
Et cette opposition aux OGM obtient des effets tangibles. Une chaîne de restauration américaine importante a annoncé qu’elle cessait d’en faire usage.