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Chilien ou péruvien? Le mystère de l’origine du pisco est peut-être résolu

Temps de lecture : 2 min

Le Chili et le Pérou se disputent la paternité de cette eau-de-vie de raisin. Mais une équipe de chercheurs chiliens affirme avoir trouvé des documents prouvant que la première distillerie de pisco se trouvait bel et bien sur leur territoire.

Pisco Sour - La Mar, Lima | Cathrine Lindblom Gunasekara via Flickr CC License by
Pisco Sour - La Mar, Lima | Cathrine Lindblom Gunasekara via Flickr CC License by

Parmi les vieilles querelles opposant le Pérou et le Chili, il y a des questions territoriales, mais aussi une éternelle interrogation: où donc est véritablement né le pisco, cette délicieuse eau-de-vie de raisin? Chacun des deux pays revendique son invention, ses propres normes de fabrication, son appellation d’origine protégée et présente le pisco comme «boisson nationale». Il y a d’ailleurs deux communes nommées Pisco, une au Chili et une au Pérou.

Plusieurs interprétations historiques assez opposées existent. Mais le mystère est peut-être résolu... Un article du quotidien chilien La Tercera, signalé par Courrier international, raconte qu’un groupe de chercheurs de l’Université de Santiago du Chili a découvert des papiers diplomatiquement cruciaux, en analysant des documents des Archives nationales pour étudier «l’histoire et l’identité du pisco chilien».

Le testament de Marcelino Gonzáles Guerrero, daté du 23 mai 1733, est ainsi très important dans cette histoire. Ce politicien et entrepreneur cultivait des vignes dans plusieurs propriétés, et notamment dans la Hacienda Latorre, dans le village de Pisco Elqui, au Chili. L’inventaire des biens du propriétaire mentionne pour cette ferme 50 jarres destinées à élaborer et conserver le vin ainsi que l’équipement en cuivre servant à distiller l’eau-de-vie. Et aussi «trois jarres de pisco», sans doute pleines, donc.

Plus anciennes traces historiques

Pablo Lacoste, docteur en histoire et qui a dirigé les recherches, explique que tout cela ressemble bien aux plus anciennes traces historiques de fabrication de pisco:

«Cela confirme le fait que la Hacienda Latorre fut la première pisquera d’Amérique. Parce qu’on cultivait ici la vigne, on élaborait le vin et on distillait cette eau-de-vie appelée pisco.»

Le Conseil régional de Coquimbo et l’Association des producteurs de Pisco vont cofinancer une deuxième recherche pour apporter de nouvelles preuves. Pablo Lacoste, qui semble quelque peu partisan sur la question de l’origine du pisco, affirme:

«Nous voulons approfondir les connaissances sur cette hacienda, établir une reconnaissance, grâce à un monument ou quelque chose comme ça, peut-être une route ou des visites, et montrer à tout le Chili que l’appellation d’origine du pisco est née ici.»

Nous voulons montrer à tout le Chili que l’appellation d’origine du pisco est née ici

Pablo Lacoste, docteur en histoire à l'Université de Santiago du Chili

Au Pérou, le journal La Republica joue la prudence, en titrant «Un journal chilien assure que la première distillerie de pisco s’est développée dans son pays», et signale que PromPerú, la «Commission de promotion du Pérou, pour l’exportation et le tourisme», n’a pas encore réagi à ces informations.

Querelle diplomatico-gastronomique

Cette querelle à la fois diplomatique et gastronomique fait régulièrement des remous. En mars dernier, le journal péruvien Correo titrait sur un certain «complexe chilien» à refuser de voir la vérité.

À cette même période, l’ambassade du Pérou au Chili a fait une requête auprès de l’Institut national de la propriété intellectuelle (Inapi) chilien, pour s’opposer à la demande de Capel (un producteur de pisco) d’enregistrer comme marques «Confrérie du pisco» et «Cercle du pisco» à des fins promotionnelles. Les représentants péruviens arguaient que les consommateurs allaient confondre ces marques avec l’appellation d’origine péruvienne… Pour le journal chilien La Tercera, cela relevait alors d'«un état d’esprit provocateur».

L’Inapi a finalement rejeté cette demande, expliquant que l’appellation d’origine protégée était chilienne... Tandis que l’ambassade du Pérou affirme qu’elle est péruvienne. Une querelle qui semble sans fin.

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