Monde

Le Kenya voudrait fermer le plus grand camp de réfugiés au monde

Temps de lecture : 2 min

Le gouvernement pointe le danger représenté selon lui par le camp de Dadaab, à l'est du pays. Mais pas sûr qu'il puisse se permettre de le démanteler.

Le camp de Dadaab | Giro555 via Flickr CC License by
Le camp de Dadaab | Giro555 via Flickr CC License by

Après l’attaque de l’université de Garissa, durant laquelle les miliciens Al-Shebab avaient tué 148 personnes, le gouvernement kenyan a annoncé vouloir fermer Dadaab, le plus grand camp de réfugiés au monde, souligne le Washington Post. Pour Nairobi, le lieu a été largement infiltré par les djihadistes.

Le camp a été conçu dans des circonstances bien différentes. Il avait été construit en 1991 pour abriter provisoirement les Somaliens fuyant la guerre civile dans leur pays.

Mais il y a du provisoire qui dure. Et ce qui était à l’origine un simple ensemble de tentes est devenu une ville de 350.000 habitants. L’endroit comporte même 52 écoles, 11 commissariats de police, des écoles de conduite, magasins en tous genres, etc.

Impasse

Le camp fait face à de nombreux problèmes. Sur le plan financier d’abord: si le budget a augmenté de 70% depuis 2009, selon le même article, c’est encore largement insuffisant. La preuve, la malnutrition infantile tourne autour de 10%. Sur le plan sécuritaire également: les autorités estiment que des combattants Al-Shebab recrutent dans le sein même du camp. Des violences avaient éclaté à Dadaab en 2011 (attaques à la bombe, enlèvements d’humanitaires) après l’intervention de l’armée kenyane en Somalie pour lutter contre le groupe islamiste.

C’est pour cette raison que le Kenya cherche à fermer ce camp. Mais ce projet pourrait bien ne jamais aboutir. En 2013, après l’attaque du centre commercial, le gouvernement avait déjà tenté de fermer Dadaab. Sans succès.

Les obstacles à la fermeture sont nombreux, rappelle le Guardian. Juridiquement, la chose est malaisée. Le Kenya est signataire de la convention de l’Onu sur les réfugiés de 1951, qui stipule qu’on ne peut renvoyer des migrants vers des endroits où leurs vies seraient en danger. Et la situation en Somalie, où les Shebabs sont très puissants et les conditions matérielles très difficiles, est assez rude pour tomber sous le coup de ce texte des Nations unies.

Ce qui nous amène à une autre impasse, humanitaire celle-ci: les 350.000 réfugiés seraient une cible de choix pour les miliciens intégristes et pourraient être victimes de leurs persécutions. De plus, beaucoup des résidents de Dadaab sont des jeunes nés sur place. Ils n’ont donc jamais connu la Somalie. Les renvoyer là-bas pourrait grossir les rangs des Shebabs.

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