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Un séisme majeur au Népal était annoncé depuis plusieurs années

Temps de lecture : 2 min

Touché par un gigantesque tremblement de terre en 1934, le pays est victime d'une telle catastrophe tous les 75 ans en moyenne depuis au moins huit siècles.

Un bâtiment effondré après le séisme qui a touché Katmandou et le Népal, ce 25 avril 2015. REUTERS/Navesh Chitrakar.
Un bâtiment effondré après le séisme qui a touché Katmandou et le Népal, ce 25 avril 2015. REUTERS/Navesh Chitrakar.

Le Népal a été frappé, ce samedi 25 avril, par un puissant séisme d'une magnitude de 7,9 sur l'échelle de Richter, décrit comme «le plus dévastateur depuis près d'un siècle pour ce petit pays situé au pied de l'Himalaya». Le nombre de victimes n'est encore que provisoire, mais un dernier bilan indique que plus de 3.200 personnes ont été tuées.

Le Népal est un pays particulièrement soumis au risque sismique, car il se trouve à la confluence de deux plaques tectoniques: la plaque eurasienne et la plaque indienne.

« Les plaques tectoniques » Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons.

Earthquake Report rappelait ainsi, en 2011, que le pays avait connu neuf tremblements de terre majeur depuis 1255, soit environ un tous les 75 ans:

«Le dernier, en 1934, avait aplani Katmandou. Selon des experts, une activité sismique majeure est scientifiquement inévitable et aurait déjà dû se produire.»

En septembre 2011, le pays avait été touché par un séisme d'une magnitude de 6,9 sur l'échelle de Richter, mais l'épicentre se trouvait alors en Inde, à Sikkim.

Le magazine américain Time expliquait quelques mois plus tôt que, selon des estimations partagées par le directeur du NSET, un officiel népalais et le chef des opérations humanitaires de l'ONU au Népal, un séisme similaire à celui de 1934 (dont la magnitude était supérieure à celui de 2015, car proche de 8,1) pourrait tuer 100.000 personnes, en blesserait gravement 200.000 et obligerait environ la moitié des 2,5 millions d'habitants à être déplacés.

«Les services de télécoms de la ville seraient probablement détruits, il n'y aurait probablement plus d'eau potable, ni d'accès routier; l'économie du pays, dont 70% se concentre dans la capitale, serait subitement freinée. Quant à la piste de l'aéroport, on ne sait pas si elle serait encore en état pour recevoir l'aide internationale.»

Les experts n'avaient pas arrêté de s'intéresser au futur séisme. L'agence de presse américaine AP raconte ainsi qu'il y a une semaine, 50 spécialistes s'étaient retrouvés à Katmandou pour préparer la ville au tremblement de terre. Le sismologue James Jackson de l'université de Chambridge explique ainsi:

«Sur les plans physique et géologique, ce qui s'est passé est exactement ce que nous pensions qu'il allait se produire.»

Il admet cependant qu'il ne pensait pas que le séisme arriverait si vite.

TIME, qui s'était rendu à Katmandou, il y a quatre ans, avait pourtant constaté que malgré le caractère inévitable de cette catastrophe naturelle, peu de choses avaient été faites pour en limiter les conséquences:

«Le Népal a organisé son treizième National Earthquake Safety Day ce 16 janvier. L'événement est censé permettre aux résidents de prendre conscience de l'imminence du danger et de la façon dont ils devraient y réagir: les stations de radio jouent un message qui rappelle aux auditeurs de se baisser rapidement et de se protéger quand vient le tremblement de terre, et des étudiants et travailleurs de la santé montrent les premiers soins à donner. Mais, de manière involontaire, cet événement montre également que très peu de choses ont été faites.»

Joshua Jackson explique ainsi à AP que si le séisme est naturel, les conséquences —à l'exception des glissements de terrain— sont de nature humaine:

«Ce sont les bâtiments qui tuent les gens, pas les tremblements de terre.»

Pourtant pendant des années, indiquait Hari Ghi —le coordinateur régional pour l'Asie du sud-est de Geohazards International, un groupe qui travaille sur les dangers liés aux séismes dans le monde— il n'y avait pas de codes de construction et les bâtiments ont été construits sans penser aux possibles dangers naturels.

Dans un rapport, mis à jour il y a moins de deux semaines, indique Slate.com, Goehazards International explique qu'une personne vivant à Katmandou a neuf fois plus de chance d'être tué à la suite d'un séisme qu'une personne vivant à Islamabad et soixante fois de chance qu'une personne vivant à Tokyo.

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