Chicago, Illinois
De 1972 à 1991 à Chicago, plus de cent suspects, en grande majorité afro-américains, ont été torturés par des policiers. Parmi les techniques employées pour obtenir des aveux, les détectives envoyaient des chocs électriques sur les parties génitales des détenus ou encore appuyaient sur la gâchette de leur pistolet en faisant croire qu'il était chargé. Dans ces circonstances, de nombreux suspects ont été emprisonnés après avoir confessé des crimes qu'ils n'avaient pas commis.
Le maire de Chicago, Rahm Emanuel, vient d'annoncer qu'une cinquantaine de victimes et leurs familles recevraient des compensations financières pour un total de 5,5 millions de dollars, rapporte The Nation. La bataille judiciaire pour ces réparations avait commencé à la fin des années 1990.
Mémorial et soutien psychologique
Le maire a aussi annoncé que l'histoire de ces tortures serait enseignée en cours d'histoire dans les écoles publiques et qu'un mémorial serait érigé à la mémoire des victimes. Les victimes et leurs familles pourront étudier gratuitement à l'université locale et bénéficieront de services de soutien psychologique.
The Nation rapporte que plusieurs éléments de contexte ont permis au dossier d'avancer. Les violences policières dominent l'actualité américaine depuis l'été 2014 et, à Chicago, le mouvement de protestation Black Lives Matter s'était concentré sur cette question, mais le fait que Rahm Emanuel soit en pleine campagne (très serrée) pour être réélu a aussi précipité l'annonce des compensations.
Ces abus avaient été commis sous la houlette du chef de la police Jon Burge, un ancien combattant de la guerre du Vietnam, qui n'a été arrêté qu'en 2010 (pour avoir menti sous serment) et relâché en 2014. Il n'a jamais été jugé pour son implication dans les tortures car l'enquête a commencé trop tard, et il y avait prescription. En tant qu'ancien chef de la police, il continue de recevoir une retraite payée par la ville.
En 2003, le gouverneur de l'Illinois avait pardonné quatre condamnés à mort qui avaient été torturés à l'époque de Burge. En 2013 et 2014, d'autres anciens détenus ont été exonérés après avoir passé des décennies en prison.