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«Plus jamais ça»: la terrible litanie des réactions après les naufrages en Méditerranée

Temps de lecture : 3 min

Des migrants encadrés par des carabiniers pour se rendre à un centre d'accueil à Lampedusa, le 20 février 2015. REUTERS/Alessandro Bianchi
Des migrants encadrés par des carabiniers pour se rendre à un centre d'accueil à Lampedusa, le 20 février 2015. REUTERS/Alessandro Bianchi

Dans la nuit du 18 au 19 avril, entre 700 et 950 migrants sont morts au large de l’île italienne de Lampedusa. Depuis, les réactions se multiplient pour témoigner de l’horreur du drame, la plupart des politiques en appelant à une politique européenne commune pour éviter de prochains naufrages.

Parmi ces réactions, on trouve celle du Pape François rappelant que :

«Les migrants sont des hommes et des femmes comme nous.»

L'actuel président du Conseil italien, Matteo Renzi, a lui appelé ses collègues à l'aide de son pays, soulignant qu'«on ne parle pas de choses banales, mais bien de la vie humaine». Ce à quoi l'Union européenne, via sa commissaire aux Affaires étrangères Federica Mogherini, a répondu en annonçant son intervention:

«Nous avons trop souvent dit "plus jamais ça". Il est désormais temps pour l’Union européenne de prendre le problème à bras le corps sans plus attendre»

«Ma grande crainte, c'est que ce ne soient encore que des larmes de crocodile comme après Lampedusa», déclarait le 20 avril Jean-François Dubost, responsable des questions d’asile et d’immigration à Amnesty International, sur le plateau de LCI.

Les drames n’ont cessé de se succéder au large de l’île italienne, sans empêcher les suivants. Florilège de réactions à l'occasion des derniers naufrages depuis trois ans.

Septembre 2012: près de 50 personnes portées disparues

«Il est important de ne pas faire semblant de ne pas voir le problème» et «de ne pas nous sentir dégagés de notre responsabilité morale parce que nous avons des problèmes plus graves. [...] Nous devons avoir à l'esprit que [les migrants] n'amènent pas uniquement de mauvaises choses.»

Mario Monti, alors président du Conseil italien, en appelait à une politique européenne commune pour éviter ces tragédies.

Novembre 2012: onze morts

«Je suis le nouveau maire des îles de Lampedusa et Linosa. Élu en mai dernier, le 3 novembre, j'ai déjà reçu 21 cadavres de personnes noyées qui tentaient d'atteindre Lampedusa et pour moi c'est tout simplement insupportable. [...] Quelle devra être la superficie du cimetière de mon île?»

Six mois après son élection, Giuseppina Maria Nicolini, maire de Lampedusa, réagissait à l'acccumulation de ces drames.

3 octobre 2013: 366 morts dans le naufrage d’une embarcation transportant 500 clandestins

«On aurait pu éviter ces morts.»

François Crépeau, rapporteur spécial de l’ONU sur la protection des migrants, mettait en cause «la criminalisation de l'immigration clandestine» et dénonçait la «paranoïa» entretenue par certains hommes politiques:

«Je ne peux pas ne pas évoquer les nombreuses victimes de cet énième naufrage. La parole qui me vient en tête est la honte. C’est une honte, […] seule une collaboration déterminée peut permettre d’éviter de telles tragédies.»

Le Pape François, le 3 octobre 2013:

«Nous ne pouvons plus accepter de telles tragédies, il faut une politique de prévention. […] Quelqu'un qui fuit la guerre ou un conflit ne peut pas se retrouver dans cette situation, nous avons des normes sur le droit d'asile et la Constitution.»

Pour la ministre italienne de l'Intégration Cécile Kyenge, il fallait «sortir de la situation d'urgence [en matière d''immigration]» dans laquelle se trouve la petite île sicilienne.

José Manuel Barroso, alors président de la Commission européenne, déclarait au cours d'une conférence de presse le 9 octobre:

«L'Europe est avec les habitants de Lampedusa. Le problème de l'un de nos pays, comme l'Italie, doit être perçu comme un problème de toute l'Europe. L'Europe ne peut pas détourner la tête.»

Giuseppina Maria Nicolini, maire de Lampedusa, disait à La Croix, au lendemain de la tragédie, avant de rencontrer José Manuel Barroso:

«Aujourd’hui nous ne sommes pas seuls, mais qu’en sera-t-il demain? Devons-nous attendre d’autres morts ? La grande solitude de Lampedusa, même après la visite du pape François le 8 juillet, c’est que rien ne change dans les lois et les politiques d’accueil. Les morts de Lampedusa sont les morts de toute l’Europe! Il faut ouvrir des couloirs humanitaires, plus personne ne doit mourir pour avoir tenté de vivre.»

11 octobre 2013: 34 morts, huit jours après

Joseph Muscat, Premier ministre maltais, déclarait lors d'une conférence de presse:

«L’Italie et Malte ne peuvent pas être laissées seuls, c’est un problème européen. […] Tout ce que nous recevons de l’Europe, ce sont des mots»

La commissaire européenne aux Affaires intérieures Cecilia Malmström réagissait également au drame:

«Il est plus urgent que jamais de lancer la grande opération Frontex.»

Elle ajoutait:

«La Libye, la Tunisie doivent faire cesser le business indigne des embarcations de fortune.»

24 août 2014: 18 morts

«Ce sont des aveugles, ceux qui ne voient pas ce qui se passe: plus le problème de la frontière de la Méditerranée s’aggrave, plus on réalise que Mare Nostrum doit être remplacée par une action européenne.»

Le ministre italien de l’Intérieur, Angelino Alfano, demandait à l’Europe une action décisive et rapide lors d’un entretien au quotidien Corriere della Sera.

Cette liste n'est pas exhaustive. Depuis début 2015, l'Organisation internationale pour les migrations estime que 1.750 migrants ont péri en tentant de franchir la Méditerranée, contre 56 à la même date en 2014.

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