Culture

Le nouveau Melrose Place, une impression de déjà-vu

Temps de lecture : 2 min

Melrose Place (sur CW, les mardis à 21h, heure de New York) est un remake de la série d'Aaron Spelling, diffusée sur la Fox de 1992 à 1999, paix à son âme. Les fondamentaux restent les mêmes:  un groupe de jeunes gens vivent les uns sur les autres dans l'immeuble le plus riche en imbroglios de tout Los Angeles, se battent pour se compliquer mutuellement leurs vies sexuelles et, parfois, manifestent les symptômes d'une psychose prolifique. Pour faire court, vivre dans un appartement de Melrose Place, c'est comme vivre dans une résidence universitaire.

C'est enfoncer une porte ouverte que de voir le nouveau Melrose comme une série-poubelle, mais un critique se doit de respecter certaines formalités -  au moins, il s'agit là d'une poubelle dans laquelle on peut aller piocher pour appendre des choses, comme si nous étions des archéologues creusant dans les décombres de Pompéi ou des poubellologues dans les boîtes à ordures de Bob Dylan. On peut remarquer, par exemple, qu'une carrière excitante selon la télévision n'est plus la même qu'à  l'époque Clinton. Dans le premier Melrose Place, les héros travaillaient dans des secteurs qui allaient de la médecine à la publicité, en passant par l'écriture ou le fitness, avec un Matt Fielding gay qui se retrouvait assez complaisamment travailleur social quand Jake Hanson, ouvrier, accédait au statut de rebelle avec son personnage de motard bourru.

La nouvelle troupe comprend une institutrice des quartiers pauvres, un chef mélancolique, une serveuse corvéable, un réalisateur maître-chanteur, une étudiante en médecine qui se prostitue, un truand glandeur et une agent qui fera tout pour devenir «la nouvelle Pat Kingsley». CW, patrie de la sur-médiatisée Gossip Girl, voudrait-elle nous faire plaisir, nous, débiles des médias côtiers? Ou bien — cette autre possibilité est un peu trop difficile à supporter— imagine-t-elle que les spectateurs lambda de sitcoms s'intéressent réellement à la vie des pubards d'Hollywood? Ce serait croire qu'un nuage vert s'échappe des bureaux du showbiz et plane sur tout le continent — comme un «Entourage»-ment de l'Amérique. A chaque occasion, dans son rôle de la fille des relations publiques, la jeune actrice Katie Cassidy fait comme il faut sa garce, à la manière de Locklear, la reine cassante.

Le premier Melrose avait été conçu comme un «Dallas des classes moyennes» et la nouvelle version s'ouvre sur un épisode «mais qui a tué JR?». Sidney Andrews, la tête de linotte rousse de la première mouture, commence l'épisode de mardi en tant que propriétaire des lieux et le termine flottant dans la piscine, jouant là sa minute Sunset Boulevard *. Les suspects principaux de ce meurtre sont le chef, décrit comme «un sous-chef sensible au passé obscur» et sa plus proche et rousse voisine «une jeune femme apparemment naïve qui cache une part d'ombre». Secrets inavouables, comportements louches, bleus à l'âme... M'étonnerait pas que l'institutrice des quartiers pauvres se retrouve impliquée dans un mystérieux complot visant à voler des fournitures scolaires.

Troy Patterson

Traduit de l'anglais par Peggy Sastre

* film noir classique de Billy Wilder (1950) qui commence par la découverte d'un cadavre dans une piscine (ndt).

Image de une: les personnages de Melrose Place. DR/CW

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