Matilda Kahl, directrice artistique dans une agence de publicité à New York, explique dans un article d’Harper's Bazaar pourquoi elle a adopté l’uniforme pour aller au travail.
«Il y a à peu près trois ans, j’ai eu un lundi matin typique dont beaucoup de femmes font l’expérience. Ayant un rendez-vous assez important à l’horizon, je me suis mise à essayer différentes tenues (…) remettant en question chaque élément que j’ajoutais ou enlevais: "Cela fait-il trop habillé? Est-ce trop extravagant? Cette robe est-elle trop courte?"»
Se rendant compte du stress inutile qu’une telle routine faisait peser sur elle, Matilda Kahl a dès lors décidé d’afficher une tenue identique chaque jour au travail, composée d’une chemise en soie blanche et d’un pantalon noir. Après tout, ces collègues masculins sont, eux, pris «au sérieux peu importe ce qu’ils portent».
Un article de Mashable montrait d’ailleurs en novembre 2014 que de nombreuses figures masculines ayant rencontré le succès portaient la même chose tous les jours. Parmi eux Steve Jobs, Barack Obama, Albert Einstein, Karl Lagerfeld, Christopher Nolan ou encore Mark Zuckerberg.
Sur le long terme, porter un «uniforme» permet à Matilda Kahl de faire des économies et de gagner du temps, «des heures innombrables à penser: "que vais-je porter aujourd’hui?"». Mais elle dit avoir été confrontée à des réactions «mitigées».
Elle raconte avoir notamment remarqué «qu’il fallait qu’une figure d’autorité masculine légitime son choix de vêtements pour qu’il soit accepté par d’autres». Pourtant, pour les hommes porter un costume n’est pas rare, voire «obligatoire dans la plupart des professions», souligne Matilda Kahl.
Pourquoi la société attend-elle des femmes qu’elles passent des heures à se préparer le matin? Telle est la question déjà soulevée par la journaliste australienne Tracey Spicer lors de son intervention au TEDxSouthBankWomen en décembre 2012, relevait the Daily Life.
«Imaginez toutes les choses que nous pourrions faire si nous ne nous conformions pas aux attentes déraisonnables de la société concernant ce à quoi nous devrions ressembler; à quel point nous serions plus productives, au travail comme à la maison, à quel point nous serions satisfaites de nous montrer telles que nous sommes vraiment», disait-elle au public.
Au total une femme passerait en moyenne 3.276 heures de sa vie à se préparer, trois fois plus que les hommes qui consacrent 1.092 heures à leur toilette, selon des chiffres avancés par Tracey Spicer.
Plus une femme passe de temps à se préparer, moins ces revenus sont élevés, ajoute la journaliste se fondant sur une étude conduite par des chercheurs de l'université d'Elon.
Comme Matilda Kahl après elle, Tracey Spicer affirmait que «des petits changements peuvent faire une grande différence», illustrant son argument en se démaquillant, et se déshabillant devant son public.
La journaliste concluait: «Si nous résistons à la pression de la société, nous serons plus heureuses, en meilleure santé et plus productives.»