Les écoliers britanniques adorent manger du poulet frit pas cher, très calorique et salé, avec des frites du même genre, constate Munchies. Dans Londres, des milliers de fast-foods proposent ce mets grassouillet et fabriqué avec des morceaux de viande de mauvaise qualité ayant longuement baignés dans l’huile.
Comme le souligne Munchies, le chef Jamie Oliver, dans ses campagnes de lutte contre l’obésité des enfants, a été critiqué à cause de sa faible prise compte des problématiques financières et du simple fait que les enfants adorent vraiment la pizza. Ou le poulet généreusement frit. Un autre Britannique, Benjamin Rymer, a «la réponse pour résoudre le problème du poulet frit… Plus de poulet frit!». Mais du poulet mieux frit.
Avec son associé, il a lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme Kickstarter, dans le but d’ouvrir «Chicken Town» («la Ville du Poulet»), dans le quartier défavorisé de Tottenham, à Londres, où 40% des enfants de 11 ans sont obèses. Il s’agit d’un projet d’entreprise sociale, qui servirait des versions «saines» du poulet frit, avec des accompagnements comme du maïs, du riz à la noix de coco, des patates douces, du chou croustillant…
Hadrian Garrard, l’acolyte de Benjamin Rymer, explique à Munchies qu'il y a dans les chaînes de restauration rapide vendant du poulet frit «des enfants qui y vont tous les jours, seulement par défaut. Ils ont 2 livres [2,8 euros] et ont besoin d’un endroit pour se détendre, c’est aussi simple que ça. Nous avons donc pensé à faire une formule junior spéciale, pour ce même prix, sauf que notre poulet sera meilleur».
Selon Chicken Town, les vendeurs de poulet «classiques», servent 68% des apports journaliers d’un adulte sur un plateau, avec trois morceaux de poulet frit, une grosse portion de frites et une grande boisson, sans possibilité de prendre des fruits ou des légumes. Le futur restaurant promet un montant calorique équivalent à 30% du menu chez les fast-foods de poulet traditionnels.
Comment au juste est-ce que le poulet sera meilleur chez Chicken Town? Du poulet élevé en plein air sera doucement cuit à la vapeur, avant d’être enrobé de chapelure et d’épices, et d’être frit très rapidement dans l’huile de colza (ce passage éclair dans le gras imprègnera donc seulement la couche extérieure). «C’est comme ça que l’on obtient un morceau de poulet bien meilleur qu’un morceau congelé, venu du Brésil, frit pendant une demi-heure», explique Benjamin Rymer. Plus goûtu, et largement moins gras donc, avec un accompagnement plus léger.
Comment vont-ils faire pour que la portion coûte aussi 2 livres? C'est parce que la société sera sans but lucratif et à but social, répondent les créateurs de Chicken Town. L'argent gagné sera utilisé pour améliorer le restaurant ou pour, par exemple, organiser des ateliers et visites autour du thème du bien manger, avec les écoles du quartier.
Les deux associés insistent aussi sur l’aspect accueillant du lieu: il faudra que tous les enfants soient les bienvenus dans le local. Ils espèrent créer des emplois et former des jeunes à la restauration.
Dans leur projet, Benjamin Rymer et Hadrian Garrard soulignent bien la possibilité du choix, fondé sur une connaissance de la nutrition et des aliments. Ils expliquent dans leur prose parfois grandiloquente sur Kickstarter:
«Plus que tout, nous croyons dans le choix –la suppression de l’option fast-food n’arrivera jamais. Mais ici, nous pouvons commencer à le transformer. Et en donnant aux gens le choix, nous pouvons mettre en route le changement. Le changement pour eux, c’est le plus important. Mais nous voulons aussi montrer à tous ce qu’ils peuvent avoir s’ils pensent à la nourriture, comment elle est faite, ce qu’elle nous fait. C’est le propos de Chicken Town. Plus de magie. Plus de goût. Parce qu’il y a plus d’une seule manière de frire le poulet.»
Chicken Town explore donc une voie intéressante dans la lutte contre l'obésité, fondée sur l'amélioration plutôt que l'interdiction, illustrée par une citation de Fiona Godlee, rédactrice en chef du Bristish Medical Journal, qui ouvre la vidéo de présentation sur la plateforme de financement:
«Au lieu de mettre des restrictions sur la nourriture à emporter, on devrait chercher à la transformer.»