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Les Brésiliens ne sont vraiment pas ravis d'accueillir la Coupe du monde

Temps de lecture : 2 min

Dans le bidonville de Santa Luzia à Brasilia le 30 mai 2014. REUTERS/Joedson Alves.
Dans le bidonville de Santa Luzia à Brasilia le 30 mai 2014. REUTERS/Joedson Alves.

Les Coupes du monde ne sont jamais vraiment à la hauteur de l'évènement politique transformatif vanté par les médias. Le Mondial 2010 en Afrique du Sud n'a pas vraiment inversé «le cours de siècles de pauvreté et de conflit», comme l'avait prédit le président sud-africain Thabo Mbeki à l'époque. L'amélioration des relations entre la Corée du Sud et le Japon au moment où ils ont coorganisé la Coupe du monde 2002 a été de courte durée.

Mais, malgré les inquiétudes autour de leur coût, de la sécurité et de la corruption, les grands évènements comme la Coupe du monde sont tout de même généralement accueillis avec optimisme et fierté nationale dans le pays hôte. C'est pourquoi les dernières indications de l'humeur nationale au Brésil sont frappantes.

Selon un nouveau sondage de l'institut Pew, 61% des Brésiliens pensent qu'organiser la Coupe du monde est «une mauvaise chose parce que cela fait de l'argent en moins pour les services publics», tandis que seuls 34% pensent que c'est une «bonne chose parce que cela crée des emplois». 39% pensent qu'elle va être néfaste pour l'image internationale du Brésil, et seulement 35% pensent le contraire.

Le sondage arrive après des manifestations qui ont vu jusqu'à 10.000 personnes descendre dans la rue pour protester contre les coûts de la Coupe du monde au mois de mai. Des centaines de manifestant, dont des groupes indigènes, ont été bloqués par la police antiémeutes et des gaz lacrymogènes quand ils ont essayé de se rendre au Stade National à Brasilia la semaine dernière.

Clairement, tout ceci ne concerne pas seulement le football. L'économie du Brésil, autrefois en plein essor, est à l'arrêt depuis trois ans et une bonne partie de la population est en colère contre l'inflation et la corruption du gouvernement.

Le même sondage de Pew montre que 72% des Brésiliens ne sont pas satisfaits de la manière dont se passent les choses dans leur pays aujourd'hui, et une courte majorité a une mauvaise opinion de la présidente Dilma Rousseff, alors que son prédécesseur Lula a bénéficié d'une forte popularité pendant toute sa présidence. A l'approche de l'élection présidentielle d'octobre, la seule bonne nouvelle pour Rousseff est que les Brésiliens semblent aimer ses adversaires potentiels encore moins qu'elle.

Avec les manifestations, les retards de construction des staddes et une vague de criminalité à Rio qui fait la une des médias, la Coupe du monde 2014 commence dans une ambiance décidément négative, à laquelle on pouvait en partie s'attendre. Les méga-évènements comme les Coupes du monde et les Jeux olympiques s'attirent toujours de la mauvaise presse dans les jours qui les précèdent, quand l'organisateur se presse pour faire des préparatifs de dernière minute et que les médias ne peuvent pas encore écrire sur le sport.

Mais l'humeur au Brésil est si sombre aujourd'hui que la population la plus folle de football du monde est ambivalente, voire hostile, à l'idée d'accueillir le plus grand évènement de ce sport, et c'est peut-être ce qu'il y a de plus inquiétant. En 2007, la Fifa a attribué la coupe à une puissance économique en plein essor et ayant confiance en son nouveau statut mondial. Le Mondial va se tenir dans un endroit qui semblera bien différent.

Traduit par G.F.

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