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Pourquoi il faut tirer (presque) tous les corners rentrants

Temps de lecture : 3 min

Ils sont en moyenne plus efficaces. Mais tout dépend aussi des tireurs dont vous disposez et de leur pied préféré.

Paul Pogba marque le premier but de la France face au Nigéria, le 30 juin 2014 à Brasilia. REUTERS/David Gray
Paul Pogba marque le premier but de la France face au Nigéria, le 30 juin 2014 à Brasilia. REUTERS/David Gray

Dimanche 13 juillet à Rio de Janeiro, l'Argentine et l'Allemagne vont s'affronter en finale de la Coupe du monde. S'il est impossible de savoir comment ce match entre deux équipes aux styles et aux parcours bien différents va tourner, une chose est sûre: elle vont toutes les deux obtenir quelques corners pendant la partie, et feront tout pour en tirer le maximum, à savoir un but, comme l'Allemagne a su le faire pour son ouverture du score lors de sa démolition du Brésil.

Si au football seuls 3% des corners en moyenne amènent un but, les deux réalisations de Zidane lors de la finale de 1998 ou celle Materazzi en 2006 nous rappellent que bien des matchs cruciaux se décident sur cette phase de jeu.

En préparant la compétition, Joachim Löw et Alejandro Sabella ont, comme tous les entraîneurs du monde, dû trancher une question qui peut à première vue paraître anecdotique. Vaut-il mieux faire tirer des corners rentrants ou sortants? Une de ces deux techniques permet-elle de maximiser les chances de marquer un but?

La question n'est pourtant pas anodine. Les équipes obtiennent en moyenne entre cinq et six corners par match. Si elles parviennent à augmenter leur taux de conversion de corners en buts, leurs chances de victoire s'en trouvent considérablement augmentées.

Le caractère rentrant ou sortant d'un corner dépend du côté du but d'où il est tiré et du pied qu'utilise le tireur pour l'effectuer. Quand un corner est tiré rentrant, la trajectoire du ballon part du poteau de corner, s'éloigne de la ligne de but avant de s'en approcher à nouveau (parfois jusqu'à rentrer directement dans le but). Les deux corners les plus célèbres de l'histoire du foot français rentrent dans cette catégorie.

Sur un corner sortant, l'effet donné au ballon le fait au contraire s'éloigner de la ligne de but du début à la fin de sa trajectoire.

Nous n'avions marqué qu'un but sur coup de pied arrêté en 21 matchs

Gavin Fleig

Lors de la saison 2008-2009, le club de Manchester City avait du mal à marquer des buts sur corner. Gavin Fleig, son spécialiste des statistiques, décida d'étudier le problème. «Nous n'avions marqué qu'un but sur coup de pied arrêté en 21 matchs, a raconté Fleig dans un long entretien avec le magazine Forbes. Quiconque fait des recherches sur le football sait qu'entre 28% et 33% des buts en Premier League viennent de coups de pieds arrêtés, en excluant les penalties.»

Après avoir visionné entre 400 et 500 corners ayant abouti à un but dans différents championnats et sur plusieurs saisons, Fleig et ses collègues se sont aperçus qu'environ 75% des buts marqués sur corner venaient de corners rentrants. La suite est relatée par Simon Kuper, spécialiste du football au Financial Times:

«Quand Roberto Mancini est devenu le manager du club en 2009, les analystes lui ont montré leurs résultats. L'Italien les a poliment écoutés. Mais il avait toujours préféré instinctivement les corners sortants. Il ne s'adapta pas immédiatement.

Mais il y a environ un an [en 2011, ndlr], quand City connaissait des problèmes avec les corners, l'assistant de Mancini David Platt est venu parler avec le département des statistiques. Fleig a parlé de l'étude des corners à Platt. Il n'eut plus de nouvelles, mais remarqua rapidement que City avait commencé à tirer des corners rentrants. La saison dernière, l'équipe a marqué 15 buts sur corners, plus que n'importe quelle autre équipe de Premier League. Dont 10 sur corners rentrants.»

Cette année là, le but historique marqué par Vincent Kompany dans le derby contre Manchester United, permettant à City de passer devant son grand rival et de prendre la tête du championnat à deux journées de la fin, est venu... d'un corner rentrant.

Les analystes de Manchester City ne sont pas les seuls à s'être penchés sur la meilleure manière de tirer un corner. Le site Football Performance Analysis a analysé 59 buts de la tête marqués sur corner en League 2 (le championnat anglais de troisième division). Résultat: 41 avaient été marqué à la suite d'un corner rentrant, soit 69%. Un chiffre assez proche du 75% trouvé par les spécialistes de Manchester City, ce qui tend à prouver que la supériorité des corners rentrants se vérifie quel que soit le niveau.

Mais savoir que les corners rentrants sont plus efficaces que les sortants ne résout pas toute la question pour l'entraîneur, qui doit aussi prendre en compte un autre facteur très important: la qualité des tireurs à sa disposition et leur pied préféré. Lors de la finale de 1998, Aimé Jacquet disposait d'un bon tireur gaucher (Emmanuel Petit) et d'un bon tireur droitier (Youri Djorkaeff), ce qui lui a permis de faire tirer tous les corners rentrants (ceux côté droit par Petit et ceux côté gauche par Djorkaeff).

Quand une équipe compte dans ses rangs un tireur droitier exceptionnel, elle peut en revanche considérer que la différence de qualité de centre entre celui-ci et le le meilleur tireur gaucher compense le désavantage théorique des corners sortants face aux corners rentrants, et lui faire tirer les corners des deux côtés. C'est ce qu'a fait l'équipe de France avec Valbuena, qui a tiré les corners des deux côtés pendant le Mondial et en a notamment déposé un, rentrant, sur la tête de Paul Pogba pour délivrer les Bleus face au Nigéria en huitième de finale.

A Manchester United et en équipe d'Angleterre, le droitier David Beckham tirait ainsi les corners gauche rentrants et les corners droits sortants. En 2006, l'équipe d'Italie championne du monde les faisait tirer par des droitiers (Totti, Pirlo, Camoranesi...) et, en finale, les corners sortants de Pirlo se révélèrent meurtriers pour la France.

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