Si vous appréciez la série d’animation Futurama, née du cerveau fécond de l’inventeur des Simpsons Matt Groening, vous vous souvenez sans doute du Crapaud-Hypno («Hypnotoad»), ce drôle de batracien qui hypnotise les téléspectateurs de l’an 3000. Mais savez-vous qu’il a avait, sous une forme différente, failli devenir une des mascottes des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, qui se sont ouverts vendredi 7 février?
L’histoire est rapportée par nos confrères de Slate.com. En 2010, le comité d’organisation a lancé un concours visant à choisir les mascottes des Jeux. Parmi les candidats figurait Zoich, un crapaud bleu tenant un bâton de ski dans sa gueule et aux yeux totalement psychédéliques, où tournaient les anneaux olympiques. Il a dominé le vote du public pendant plusieurs mois mais n’a pas été inclus dans le sondage final. Et pour cause: il s'agissait d'une création du comité pour populariser le concours.
«J’ai menti», déclarait à l’époque au quotidien Kommersant, dans des propos rapportés par le Moscow Times, le créateur de la mascotte, Yegor Zhgun, qui s'était vu demander de créer une mascotte «absurde et bizarre», pour laquelle il s’était donc inspiré du Crapaud-Hypno de Futurama, et qu'il avait présentée en tant, officiellement, que contributeur indépendant.
Dmitry Chernyshenko, du comité d’organisation des Jeux, avait expliqué que le but était «d’attirer l’attention» des internautes, notamment les plus jeunes, pour les faire voter en masse. Avant de se justifier:
«Quelle que soit la popularité de Zoich, nous avons toujours gardé à l’esprit que notre objectif principal était de sélectionner une mascotte appropriée aux yeux du grand public. Et un crapaud poilu ne pouvait légitimement demander à devenir la mascotte officielle des Jeux.»
Selon Russia Today, les organisateurs avaient à l’époque ajouté que cette idée n’était pas nouvelle et avait déjà été utilisée pour les Jeux d’été de Moscou en 1980, pour laquelle la figure mythologique Baba Yaga avait fait office de leurre, avant d'être évincée au profit de l'ours Misha.
Si, explique le site The Wire, Zoich était à l’époque «devenu une star, particulièrement parmi les jeunes activistes urbains de l’opposition qui menaient des protestations de masse contre le pouvoir de Vladimir Poutine», la blague a donc finalement profité aux organisateurs, qui possèdent les droits du personnage. Ces derniers n’étaient en revanche pas à l’origine d’autres mascottes satiriques (un verre de vodka sur des skis, par exemple), qui elles, note Slate.com, se sont finalement retrouvées «marginalisées» par Zoich.
Les trois mascottes finalement choisies, ô combien plus classiques, sont le lapin Zaïka, l'ours polaire Mishka et le léopard des neiges Barsik –qui, et cela veut tout dire, est l’animal préféré de Vladimir Poutine.