Vous vous souvenez du «groupe de la dette»? A l'Euro 2012, une des quatre poules réunissait l'Irlande, l'Espagne, l'Italie et la Croatie, soit quatre pays en grande difficulté économique. Chaque match devenait, du coup, une métaphore d'une Europe en crise. En 2010, le groupe D de la Coupe du monde avait lui été baptisé «groupe du chaos» car il rassemblait trois pays en grande difficulté politique ou économique (Nigeria, Corée du sud, Grèce).
Il y a aussi les superstitions: la France, par exemple, n'a jamais remporté une compétition internationale sans affronter le Danemark au premier tour (manque de chance, il n'est pas qualifié) et reste sur de très bonnes séries en Coupe du monde contre certaines équipes (Brésil notamment).
D'où l'idée (également adoptée par nos confrères de SoFoot), avant le tirage au sort du vendredi 6 décembre, d'imaginer une série de groupes thématiques qui pourraient avoir une résonance particulière –footballistique ou non– pour les Bleus l'an prochain. Des groupes «crédibles» que nous avons créés en nous fondant sur les quatre chapeaux triés par la Fifa (la France pouvant encore faire partie du chapeau 2 ou du chapeau 4) et sur les règles du tirage au sort (pas plus de deux équipes européennes et une équipe de chaque autre confédération par groupe).
Le groupe «Comme on se retrouve» (et un peu le groupe de la mort, aussi)
Brésil, France, Mexique, Italie
La France est abonnée à ces adversaires en Coupe du monde: quatre matchs contre le Brésil (trois victoires, une défaite, mais jamais en poule) depuis 1958, cinq contre l'Italie (deux victoires, trois défaites) depuis 1938 et quatre contre le Mexique (deux victoires, un nul, une défaite) depuis 1930.
Le groupe «Découverte»
Colombie, Ghana, Honduras, France
Tout l'inverse: la Colombie est la seule tête de série que la France n'a jamais jouée en Coupe du monde; quant au Honduras et au Ghana, elle ne les a même jamais affrontés en match officiel.
Le groupe «Victimes»
Brésil, France, Etats-Unis, Portugal
Le tarif habituel: victoire contre le Brésil sur une grossière erreur de marquage sur coup de pied arrêté, victoire contre le Portugal sur un pénalty, victoire contre les Etats-Unis sans encaisser de but.
Le groupe «du bus 2010»
Uruguay, Nigeria, Mexique, France
OK, l'Afrique du Sud, remplacée par le Nigeria, n'est plus là. Mais avec ce groupe-là, on vous garantit que vous entendrez parler en boucle du bus de Knysna.
Le groupe «Revival 2006»
Suisse, Nigeria, Corée du sud, France
Là, le Nigeria remplace le Togo. Mais qui remplace Zidane?
Le groupe «Heureusement, j'ai pris espagnol LV2»
Espagne, Chili, Costa Rica, France
Cela sera aussi l'occasion d'entendre les commentateurs français se plaindre si, par exemple, un arbitre mexicain est désigné pour France-Chili, à l'image de Thierry Roland en 2002 («Non mais attends, tu mets pas un arbitre mexicain quand tu fais jouer l’Uruguay!»). Ou si deux autres équipes s'entendent pour l'éliminer, comme l'Italie s'en est persuadée à l'Euro 2004 avec le Danemark et la Suède.
Le groupe «Guerre des Ballon d'or»
Argentine, France, Costa Rica, Portugal
Triplé de Messi au premier match, triplé de Ronaldo au second, la France est rapidement éliminée. Ribéry justifie son statut de Ballon d'or en réduisant le score d'un coup-franc dévié au troisième match sur son vingtième tir de la compétition. Il fête ça en se dirigeant vers la tribune de presse, le doigt sur la bouche.
Le groupe «Valeurs de l'ovalie»
Argentine, France, Australie, Angleterre
Le lendemain du tirage au sort, L'Equipe titre: «Et on joue à 15?»
Le groupe «Kalachnikov»
Colombie, France, Honduras, Italie
«Narcos, mafiosi, maras, bienvenue dans le groupe C.» Désireuse de ne pas faire pâle figure, la France décide de n'envoyer que des joueurs marseillais.
Le groupe «Métaphores historiques»
Allemagne, Algérie, Etats-Unis, France
En cette année anniversaire(s) (centenaire de la Grande Guerre, soixante-dix ans de la Libération, soixante ans de la guerre d'Algérie), L'Equipe se lâche sur les titres évocateurs. Ça commence par un «L'Algérie, c'est la France» après un 0-0 inaugural entre deux équipes très proches et organisées dans le même système tactique. Ça continue par «Une vraie guerre de tranchées» après un 0-0 attentiste contre l'Allemagne, sous l'orage. Et ca se termine par un «Débarqués!» après une défaite finale contre les Etats-Unis.
Le groupe «Sommet nucléaire»
Brésil, Russie, Iran, France
Après le sommet de Genève, le sommet de Rio: c'est au tour du Brésil d'accueillir Mohammad Javad Zarif, Laurent Fabius et Sergeï Lavrov. Mais cette fois-ci, pour regarder du football.
Le groupe «La vengeance est un plat qui se mange froid»
Allemagne, Algérie, Honduras, France
En 1982, la RFA, opposée en poule au Chili, à l'Autriche et à l'Algérie, avait éliminé la bande de Madjer et Belloumi, qui l'avait battue, à l'issue d'un ultime match «arrangé» face à l'Autriche: à 1-0 pour les Allemands, les deux équipes s'étaient arrêtées de jouer, le résultat les qualifiant toutes les deux (face à ce scandale, la Fifa avait décidé que dorénavant, les deux derniers matches de poule se joueraient à la même heure).
Trente-deux ans plus tard, l'heure est au réglement de comptes: après deux matchs, la France compte six points, l'Algérie deux, l'Allemagne et le Honduras seulement un. Les Bleus n'ont plus qu'à se laisser battre par l'Algérie pour se qualifier en sa compagnie...
Le groupe (trop) facile
Suisse, Algérie, France, Honduras
«On ne va pas mentir, c’est un bon groupe», déclare Karim Benzema au lendemain du tirage. Résultat: élimination après des nuls 0-0 contre la Suisse et le Honduras et une défaite 1-0 contre une équipe d’Algérie en 4-5-1 commando version Bruno Metsu 2002.
Jean-Marie Pottier