On ne peut pas dire que l’opinion publique française pardonne facilement. La victoire 3-0 contre l’Ukraine le 19 novembre et la qualification pour la Coupe du Monde de football au Brésil n’ont pas par miracle réconciliés les Français avec leur équipe nationale. C'est en tout cas clairement ce que montre un sondage BVA pour iTélé et Le Parisien-Aujourd’hui en France réalisé les 21 et 22 novembre après la victoire contre l’Ukraine.
Ainsi, 79% des Français conservent une mauvaise opinion des Bleus, un chiffre qui est très proche des 82% d’opinions défavorables qui existaient avant la qualification selon une enquête comparable publiée le 13 octobre. Comme si la victoire contre l'Ukraine n'avait pas existé. L’impact du match du mardi 19 novembre, qui a atteint un pic d’audience de 17,9 millions de téléspectateurs, est fort heureusement plus net auprès de ceux qui d’après l’étude d’opinion annoncent suivre de près les matchs de l’équipe de France (65% d’opinions négatives contre 75% le mois dernier). Mais les opinions négatives restent pour les passionnés de football encore très largement majoritaires.
Illustration supplémentaire du fait que l’euphorie qui a suivi la victoire et dont les médias audiovisuels se sont fait l’écho était une illusion: 81% des sondés estiment que la qualification des hommes de Didier Deschamps n’a pas eu le moindre effet sur le moral des Français.
Il y a deux facteurs essentiels qui expliquent ce désamour. Des données objectives qui sont la grève de l’entraînement de Knysna en juin 2010 lors de la dernière Coupe de monde du football en Afrique du sud combinée avec les insultes proférées dans les vestiaires et des performances catastrophiques. Il y a eu ensuite des scandales sur les frasques sexuels de certains joueurs et à nouveau des altercations lors du Championnat d’Europe en 2012 en Pologne et en Ukraine.
Puis tandis que les craintes sur une non qualification au Brésil montaient, il y a eu fin octobre des déclarations de Patrice Evra qualifiant des consultants de «clochards» et de «parasites», et enfin le barrage aller à Kiev au cours duquel les joueurs Français se sont vus reprocher leur manque d'envie.
Il y a enfin une donnée plus subjective, l’absence de sympathie et d’empathie pour des joueurs considérés comme des privilégiés et auxquels une bonne partie des Français n’arrive pas à s’identifier. Même si elle est niée, il y a évidemment une dimension raciste à ce rejet. Ainsi, 21% seulement des personnes interrogées par BVA trouvent les Bleus sympathiques.
La Fédération Française de Football est face à un problème difficile qu’elle a décidé tout simplement et depuis longtemps de ne pas voir et de nier. Ainsi, son Président Noël le Graët, explique au Parisien à la suite du sondage que «Les Français sont heureux d'aller au Mondial. Ils aiment l'équipe de France». Il ajoute que «70% des Français ont une bonne opinion de l'équipe de France. D'où vient ce chiffre? De ce que j'ai ressenti au Stade de France mardi. Quand on gagne, la vie est plus belle.»