Société

Vivement lundi: les ponts du mois de mai

Temps de lecture : 2 min

Ce cinquième mois est un drôle de cadeau que nous fait l'année, un cadeau où, un 12 mai, on peut te dire très sérieusement: «Je pense que le plus simple c'est de voir ça à la rentrée de septembre.»

J'ai vu des gens poser des jours par-ci, par-là, tant et si bien qu'à la fin, leurs ponts de mai étaient si longs qu'à côté, celui du Golden Gate ressemblait à trois allumettes en équilibre au-dessus d'un verre d'eau. | Louison
J'ai vu des gens poser des jours par-ci, par-là, tant et si bien qu'à la fin, leurs ponts de mai étaient si longs qu'à côté, celui du Golden Gate ressemblait à trois allumettes en équilibre au-dessus d'un verre d'eau. | Louison

Chaque samedi, Louison chronique un objet ou un événement de notre quotidien.

Le saviez-vous? Le mois de mai comporte trente-et-un jours, dont quarante-huit fériés. Je n'exagère pas, même que j'ai compté sur mes orteils, alors hein. Selon une étude de l'institut Doigt mouillé-Pifomètre menée auprès d'un millier de personnes imaginaires dans mon crâne, onze mails sur dix reviennent avec un message d'absence en ce moment. Un déjeuner peut mettre un trimestre à s'organiser. Comptez au moins une Lune pour caler un Zoom.

Car oui, cette année, le 1er et le 8 tombaient des lundis, et ce sera le cas du lundi de Pentecôte aussi –bon ça c'est plus logique–, mais en fin de mois, car Pâques était tôt cette année. Du coup, j'ai vu des gens autour de moi poser des jours par-ci, par-là, tant et si bien qu'à la fin, leurs ponts de mai étaient si longs qu'à côté, celui du Golden Gate ressemblait à trois allumettes en équilibre au-dessus d'un verre d'eau.

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter quotidienne de Slate.fr et ne ratez plus aucun article!

Je m'abonne

Oui, vous l'aurez compris au seum que transpirent ces premières lignes de chronique: je ne fais pas partie de ces gens qui peuvent poser des jours ni créer des ponts. Je n'en ai jamais fait partie et, soyons honnêtes, compte tenu des choix professionnels que j'ai fait depuis la puberté, il est possible que cette affirmation tienne au moins jusqu'à la ménopause. Minimum. Les seuls ponts que je connaisse sont ceux des chansons.

En revanche, j'avoue que malgré mon âge qui me fait glisser peu à peu vers le quintal de bougies à souffler, et surtout le tombeau (oui, l'absence de jour férié joue un peu sur mon moral et mon optimisme), je me souviens encore avec beaucoup d'émotions, la plupart positives, de ce que l'arrivée du mois de mai faisait naître chez l'écolière, puis la collégienne et enfin la lycéenne que j'étais. Ce mois en gruyère, pour la cancre que j'ai été quasiment tout au long de ma scolarité, c'était la promesse, l'échantillon, des grandes vacances à venir, l'avant-dernière marche, beaucoup moins haute que les autres, de ce grand escalier pénible que représentait chaque année scolaire.

Pas une semaine ou presque n'est complète en mai, il y avait donc cette impression, quasiment magique, que le temps filait à toute allure. Enfin. Pour moi, le mois de mai était la récompense d'avoir supporté le mois de novembre, son jumeau maléfique.

Et puis le mois de mai, merveilleux hasard de l'existence, c'est aussi le moment où la météo devient idéale, il ne fait ni assez froid pour avoir la goutte au nez, ni assez chaud pour avoir la raie des fesses qui sue; le mois où le pollen se calme un tout petit peu dans son rôle de pervers narcissique de nos sinus; et le mois où on a envie de roucouler comme une tourterelle, ou en tout cas de glandouiller comme un pigeon au soleil.

Alors oui, ce cinquième mois est un drôle de cadeau que nous fait l'année, un cadeau où, un 12 mai, on peut te dire très sérieusement «Je pense que le plus simple c'est de voir ça à la rentrée de septembre», comme s'il n'y avait pas 120 jours et autant de pages d'éphéméride à tourner d'ici là. Un mois à part, où chanceux fait fait fait, ce qui lui plaît plaît plaît.

Vivement lundi (pas férié pour une fois).

Vivement lundi
Vivement lundi: l'extrême droite

Épisode 37

Vivement lundi: l'extrême droite

Vivement lundi: le Festival de Cannes

Épisode 39

Vivement lundi: le Festival de Cannes

Newsletters

Comment les nazis ont persécuté les personnes trans

Comment les nazis ont persécuté les personnes trans

À l'arrivée d'Hitler au pouvoir, leurs droits ont nettement changé.

Les couples homosexuels sont-ils de plus en plus nombreux en Occident?

Les couples homosexuels sont-ils de plus en plus nombreux en Occident?

En se basant sur des recensements récents, une étude de l'INED fait le point sur la démographie des couples de même sexe.

Us et costumes

Us et costumes

Podcasts Grands Formats Séries
Slate Studio