Culture

Vivement lundi: la bande dessinée

Temps de lecture : 2 min

Le neuvième art ce n'est pas une promenade de santé, et je ne dis pas ça parce que le festival réunissant toute la profession a lieu le dernier week-end de janvier, dans une ville en Charente et en pente, où il ne fait jamais plus que 4°C.

Des traits, des ronds, une histoire. Et voilà, bravo, vous venez de faire votre première bande dessinée. Je crois que je n'oublie rien. Ah si. Les emmerdes qui vont avec. | Louison
Des traits, des ronds, une histoire. Et voilà, bravo, vous venez de faire votre première bande dessinée. Je crois que je n'oublie rien. Ah si. Les emmerdes qui vont avec. | Louison

Chaque samedi, Louison chronique un objet ou un événement de notre quotidien.

Prenez une feuille, plutôt grande et plutôt blanche. Ou plus petite et griffonnée, si vous n'avez que ça. Ou un ticket de métro, si vous n'avez vraiment rien d'autre sous la main, mais je déconseille, vu le prix que ça coûte et aussi parce qu'il vous faudra un crayon aussi rikiki que la vision pour l'amélioration des transports d'une présidente de région. Vous pouvez toujours vous servir d'un mode d'emploi de constructeur suédois, ou de la lettre d'une ancienne conquête, histoire que pour une fois, ils servent à quelque chose.

Pour le crayon, du bout de bois brûlé jusqu'au stylo à bille promotionnel des Postes, télégraphes et téléphones dans lequel il reste encore de l'encre alors que vous l'avez volé sous Pompidou, tout fera l'affaire.

Ensuite, tracez quelques traits dans un sens plutôt horizontal. Et quelques traits, cette fois plutôt dans le sens vertical, sans vouloir vous commander. Tout ça va vous faire des tas de carrés pas tous de la même taille (ou bien si). Puis, vous dessinez des ronds un peu partout, un peu au pif, un peu à la vas-y comme je te pousse, un peu comme on négocie son âge de départ à la retraite. En clair, un peu comme vous pouvez. Selon l'humeur et l'inspiration, vous pouvez maintenant ajouter des «POW!», des «BAM!», des «WIZZ!». Ou ne rien rajouter du tout.

Et puis après, bah faut raconter une histoire.

Voilà, bravo, vous venez de faire votre première bande dessinée.

Je crois que je n'oublie rien.

Ah si.

Les emmerdes qui vont avec.

Parce que figurez-vous que le neuvième art ce n'est pas une promenade de santé, et je ne dis pas ça parce que chaque année, le plus grand festival réunissant toute la profession a lieu, le dernier week-end de janvier, dans une ville en Charente et en pente, où il ne fait jamais plus que 4°C les fois où on a de la chance. Ce qui arrive environ aussi souvent qu'une femme nommée pour le grand prix.

De plus, ce climat polaire déploie toute sa puissance grâce à une atmosphère aussi humide qu'une planche de Manara. Sauf que comme ça caille, on a les doigts qui ressemblent à des schtroumpfs et la goutte au nez qui n'est pas sans rappeler la mèche du célèbre Titeuf, mais toute retournée.

La BD c'est aussi un monde sauvage, rempli de chasseurs de dédicaces qui courent partout dans Angoulême, insaisissables comme des marsupilamis sous stéroïdes, mais avec des sacs à dos à roulette sous le bras, et avec pour seul objectif de faire grossir leur collection plus vite qu'Obélix un jour de raclette à la cantine du village.

La bédé c'est aussi une fausse bonne idée. Tous les enfants sont fascinés quand ils apprennent que dessinateur de BD c'est un métier. Parce que Mortelle Adèle, Mickey ou Boule et Bill font de chouettes collègues de bureau. Certes. Mais ils n'ont pas vu la répartition des recettes d'un livre, sinon ils sauraient que les dessinateurs ont surtout l'impression de travailler avec Picsou. Entre trois crayons de couleur et une gomme, au fond de la trousse, il n'est pas rare de voir traîner la barre du seuil de pauvreté.

Enfin la BD c'est merveilleux, parce que depuis quelques semaines ça fait un nouveau sujet d'engueulade et franchement, on commençait à se lasser de toujours s'écharper sur la possibilité que la Terre soit plate.

Allez, bon festival et vivement lundi.

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