Pourquoi envions-nous l'orgasme des cochons? Les gauchers sont-ils davantage intelligents? Quand il pleut, est-ce que les insectes meurent ou résistent? Vous vous êtes sans doute déjà posé ce genre de questions sans queue ni tête au détour d'une balade, sous la douche ou au cours d'une nuit sans sommeil. Chaque semaine, L'Explication répond à vos interrogations, des plus existentielles aux plus farfelues. Une question? Écrivez à [email protected]
Cet hiver, les Français risquent d'avoir un sacré coup de chaud à la vue de leur facture de chauffage. Avec la hausse du prix du gaz, le tarissement des flux russes vers l'Europe et l'arrêt de plus de la moitié des réacteurs nucléaires français, le prix de l'électricité explose. Son prix de gros pour 2023 est désormais plus de 1.000 euros le mégawattheure (MWh), contre environ 85 euros il y a un an. De belles sueurs en perspective.
Pour l'instant, l'heure n'est pas (encore) à la panique: cette hausse est contenue pour les ménages grâce au bouclier tarifaire mis en place par l'État –et qui prend fin au 1er février 2023. Mais ce ne serait qu'une question de temps avant qu'une facture d'énergie vertigineuse vienne taper à la porte, calculette en main, pour vous soulager de quelques deniers. Comme l'a reconnu le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, le gouvernement ne pourra «pas indéfiniment geler les prix». Les factures d'électricité et de gaz vont donc bel et bien augmenter.
Ça, c'est la mauvaise nouvelle. À partir de là, les questionnements commencent: que faire pour diminuer sa consommation chez soi? Avec l'approche de l'hiver, pas besoin de chercher bien longtemps pour trouver l'ennemi public numéro 1. Le chauffage est un gouffre de consommation, gaz et électricité confondus.
La bonne nouvelle, c'est que bien régler son thermostat à une température adéquate peut vous faire économiser beaucoup, tout en étant bénéfique pour votre santé. Alors, quelle est cette fameuse température idéale à avoir chez soi?
En fonction des pièces
La première règle à connaître, c'est qu'il n'y a pas qu'une seule règle. En effet, la température idéale ne sera pas la même pour votre chambre, votre salon ni même pour votre salle de bain. Une température particulière se dégage quand même du lot: 19°C.
Ce seuil est préconisé par l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), qui en fait la température idéale dans une maison. Trop frais pour certains, un poil trop chaud pour d'autres, 19°C ne fait pas forcément l'unanimité, mais elle reste néanmoins la température dite «de confort», où tout le monde s'y retrouve plus ou moins. Même votre facture d'électricité et de gaz.
Si l'on se prête à un petit jeu de cas par cas en fonction des pièces de l'appartement, les températures recommandées varient du tout au tout. De 18°C ou 19°C dans le salon, on passe à 16°C dans la chambre, où de trop fortes chaleurs risquent de perturber votre sommeil. Et puis, quoi de mieux que de se glisser à la hâte sous une épaisse couette molletonnée quand il fait légèrement frisquet dans la chambre? Difficile de trouver plaisir comparable. Surtout quand on sort tout juste d'un brûlant été, ponctué de sueurs nocturnes dans une chambre bouillonnante.
Pour les plus petits, vous pouvez pousser sans hésiter le chauffage de deux ou trois degrés supplémentaires pour atteindre les 18/19°C. Eux ne connaissent pas encore ce plaisir simple que procure la couette quand l'hiver bat son plein. Pour la salle de bain en revanche, ne vous acharnez pas à vouloir faire de cette pièce un sauna norvégien: inoccupée la majeure partie de la journée, elle se sentira tout à son aise autour des 16°C. Quitte à la chauffer quelque peu avant de se laver. Sortir de sa douche dans une pièce légèrement chaude: voilà un autre plaisir simple du quotidien.
Ces températures sont évidemment recommandées si vous êtes dans votre logement. Si vous vous absentez, là, c'est une autre histoire. Pas de chichi, on fait baisser la température à 16°C la journée, et même jusqu'à 12 ou 14° si l'on s'absente sur une longue période. Pas de chaleur, pas de regret dans le porte-monnaie.
Quoi qu'il en soit, peu importe la température souhaitée, l'isolation de votre logement reste l'un des facteurs clés. Si même à 20°C vous grelottez dans votre salon, l'isolation y est sûrement pour quelque chose. Mieux vaut prendre le problème avec le plus grand sérieux, si vous ne voulez pas vivre dans une véritable passoire énergétique qui troue vos finances tout au long de l'année.
Un petit degré, grosses conséquences
Puisque l'on parle gros sous, sachez que chaque degré de chauffage en plus dans votre logement fait une sacrée différence une fois passé l'hiver. Un degré de plus représente en effet 7% de consommation en plus. En bout de course, chaque degré pèse vraiment son pesant d'or.
La bonne nouvelle, c'est que la règle fonctionne également dans l'autre sens. Un degré en moins de chauffage c'est en moyenne 7% d'économie d'énergie. Nul doute qu'à la vue de ce théorème implacable, beaucoup décident de faire chuter les températures dans leur logement, quitte à carrément passer l'hiver emmitouflé sous une montagne de plaids tutoyant les sommets –ou du moins, plus haute que d'habitude.
Avec la crise énergétique qui se profile, on risque donc bel et bien d'apprendre à connaître un peu mieux notre chauffage et, surtout, à le laisser davantage tranquille. Un peu moins de travail pour lui, mais aussi un meilleur sommeil pour nous. Les températures un peu plus basses –et, de manière générale, l'hiver– sont en effet propices à un sommeil sain et réparateur. Cela favorise même l'endormissement! De quoi se réconforter quelque peu face aux tourments de notre époque. Winter is coming.