Société

La semaine imaginaire de Ségolène Royal

Temps de lecture : 3 min

J'ai déclaré que je me tenais prête à mener bataille pour 2022. Là encore, on ne m'avait pas vraiment posé la question, mais en tant que femme de gauche, j'aime bien donner, surtout des réponses.

Ségolène Royal en conférence de presse à Marseille, le 23 janvier 2020. | Christophe Simon / AFP
Ségolène Royal en conférence de presse à Marseille, le 23 janvier 2020. | Christophe Simon / AFP

Chaque samedi, Louison se met dans la peau d'une personnalité qui a fait l'actu et imagine son journal de bord.

Lundi 29 juin

Tout le monde parle de vague écolo ce matin, moi je trouve que c'est plutôt la verditude qui ressort de ce deuxième tour d'élections municipales. En tant qu'ancienne ministre de l'écologitude, je pense que cette victoire, c'est aussi un peu la mienne. Non, je n'étais candidate nulle part, et alors? J'étais bien ambassadrice des pôles sans y mettre les pieds et ça ne dérangeait personne. Ou presque. En tout cas ça commence à me chatouiller tout ça. Moi qui dis toujours que ce sont dans les vieux pots made in Poitou-Charentes qu'on fait les meilleures soupes. En parlant de pots, ceux d'échappement peuvent se détendre, le président Macron n'est visiblement pas très chaud pour instaurer le 110 km/h sur nos autoroutes. La couragitude lui manque un peu visiblement. Un qui ne risque plus trop de se faire flasher, c'est l'ancien Premier ministre du mec qui m'a battue à la présidentielle en 2007: François Fillon vient de prendre deux ans de prison ferme dans l'affaire du «Pénélopegate». Lui qui se rêvait en général de Gaulle, il n'aura finalement eu que l'appel.

Mardi 30 juin

En trempant un cinquième chabichou dans mon café ce matin, j'entendais qu'à Marseille, le troisième tour des municipales s'annonçait aussi tendu qu'un OM-PSG au Vélodrome un jour de canicule. La situation est tellement compliquée qu'en fermant les yeux et en écoutant les membres du Printemps marseillais et leurs opposants, j'avais presque l'impression d'être au congrès de Reims en 2008. Pour un peu j'en aurais ressenti de la nostalgitude. Si y avait moyen de délocaliser les Francofolies sur la Cannebière, j'aurais même pu leur proposer un coup de main, mais je suis pas sûre que le pastis et le pineau des Charentes fassent un bon mélange. Un peu comme la loi sécurité et les libertés individuelles en Chine. Ou les droits des femmes et l'administration Trump depuis 2016. Quoique là, pour une fois, la Cour suprême vient de pousser Donald et sa voiturette de golf dans les orties, en invalidant une loi anti-IVG à laquelle le président orange tenait beaucoup. Chaque victoire est bonne à prendre.

Mercredi 1er juillet

Je tends des perches aussi longues qu'un Paris-La Rochelle sans wagon-bar, mais visiblement ça ne suffit pas. Alors ce matin, j'ai fait preuve d'audacitude, et j'ai déclaré à l'AFP que je me tenais prête à mener bataille pour 2022. Là encore, on ne m'avait pas vraiment posé la question, mais en tant que femme de gauche, j'aime bien donner, surtout des réponses. Je ne propose pas ça par ambitionnitude personnelle bien sûr mais par sens de la devoiritude. La France manque et a besoin de grandes femmes politiques. D'ailleurs aujourd'hui on célèbre le deuxième anniversaire de la panthéonisationnitude de Simone Veil. Comme quoi, les ministres de la Santé, c'est un peu comme le découpage des régions administratives, c'était mieux avant. Y a qu'à voir les deux spécimens en audition cette semaine à l'Assemblée nationale dans le cadre de l'enquête sur la gestion de crise du Covid-19 pour s'en assurer. Heureusement que je suis là pour relever le niveau.

Jeudi 2 juillet

Pour l'instant on ne peut pas dire que l'enthousiasmitude soit au rendez-vous, mais quand je vois que l'on célèbre aujourd'hui les vingt ans de la victoire de l'équipe de France de football à l'Euro 2000, je me dis que j'ai raison d'avoir de l'espoir. Si la mode est au vintage et aux reboots c'est même parfait: j'ai été ministre sous Mitterrand je peux très bien devenir candidate providentielle sous Macron. Si ça marche avec Mary Poppins ou MacGyver, je ne vois pas pourquoi ça ne fonctionnerait pas avec moi. Même mon ancienne conseillère Delphine Batho qui, avant, critiquait la politique budgétaire du père de mes enfants, s'est recyclée en critiquant la politique environnementale de celui qui lui a succédé. Faut dire que proposer de taxer l'avion, le jour où Airbus annonce un vaste plan de licenciements, c'est savoir capter l'air du temps, mais avec un masque sur le nez. Un peu comme chez Disney, où l'on fait enfin un pas vers l'ouvertitude des mentalités en faisant chanter «Un jour mon prince viendra» par un homme dans la dernière publicité pour le parc…

Vendredi 3 juillet

Du coup j'ai l'air dans la tête depuis hier. Ou presque. D'ailleurs, je chantonnais «Un jour mon job viendra» sous la douche quand j'ai reçu un push sur mon téléphone made in les Deux-Sèvres. Édouard Philippe et son orchestre, et son gouvernement aussi, démissionnent. L'Elysée vient de l'annoncer et pourtant, j'ai beau parcourir l'intégralité de ma boîte mail, je ne trouve pas de proposition du président pour prendre le relai. Le nez dans mes spams de 2014, je reçois une nouvelle alerte: Jean Castex est nommé Premier ministre. Ma réaction immédiate a été la surprisitude en voyant qu'ils avaient bizarrement orthographié mon nom. Puis le doute en tapant ce même nom sur poitoo.fr, mon moteur de recherche qui permet de planter des buches de chèvre tous les dix algorithmes. Puis la sidérationnitude: pour remplacer un homme de droite, le président a nommé un homme de droite. Au même moment, ma collègue Anne Hidalgo est officiellement réélue maire de Paris. C'est aussi officiellement les grandes vacances ce soir. Je crois que je vais rependre un chabichou.

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