Société

La semaine imaginaire de Melania Trump

Temps de lecture : 4 min

Et sinon moi, ça va hein, merci de demander.

Melania Trump se rend au débat présidentiel entre Donald Trump et Joe Biden, le 29 septembre 2020 à Cleveland (Ohio). | Win McNamee / Getty Images North America / AFP
Melania Trump se rend au débat présidentiel entre Donald Trump et Joe Biden, le 29 septembre 2020 à Cleveland (Ohio). | Win McNamee / Getty Images North America / AFP

Chaque samedi, Louison se met dans la peau d'une personnalité qui a fait l'actu et imagine son journal de bord.

Lundi 5 octobre

Holy shit, le mec qui ne me tient jamais la porte va mieux. Il a même tweeté dix-neuf fois en deux heures depuis son hôpitalace (un hôpitalace, c'est comme un hôpital mais avec des oreillers en fucking soie et un voiturier). Il a même dit qu'il se sentait comme s'il avait vingt ans de moins. Autant vous le dire tout de suite, je ne me refais pas encore deux décades comme ça moi, j'en ai par-dessus les douze centimètres de mes Louboutin.

Quand j'entends la ministre déléguée-à-je-ne-sais-plus-trop-quoi-et-sans-doute-qu'elle-non-plus Marlène Schiappa, dire qu'il faut s'attaquer au problème de la polygamie, j'ai envie de lui dire que ça dépend avec qui on est mariée hein. Si je pouvais faire relâche de temps à autre, freiner un peu ce fucking rythme d'être traînée d'avion en tarmac, de robe du soir même pas Kenzo en robe du midi peut-être fabriquée par des Ouïghours, bah ça me ferait des vacances et j'aurais même plus besoin de faire semblant de tousser gras pour avoir un peu de calme. J'ai vu que la même ministre affirmait que le cannabis finançait le terrorisme. Je propose plutôt de lui en rouler un petit pour qu'elle oublie un instant que son ministre de tutelle c'est Gérald What The Fuck Darmanin.

Et sinon moi, ça va super hein, merci de demander.

Mardi 6 octobre

Jusqu'au bout, j'ai espéré que ce gros bruit sourd provienne de la tondeuse à gazon du jardinier, mais non, c'est bien mon mari, dans son hélico si gros qu'on peut y faire rentrer trois SUV blindés, onze menus Big Mac (et j'ai un doute quant à la taille de son zizi), qui vient de se poser sur la pelouse que je m'emmerde à inspecter une fois par semaine. Ça va laisser des marques près des hortensias c'est obligé, peut-être même que je vais devoir tout ratiboiser pour tout replanter plus loin. Chier. Merde. Fuck. Je n'ai jamais pensé qu'il était un grand amoureux de la nature, c'est vrai, mais fuck.

Parfois, j'ai même l'impression qu'il essaye de s'attirer les faveurs du président français en imitant à la perfection un député de La République en marche, prêt à appuyer sur le bouton «oui» et à voter pour la réintroduction de néonicotinoïdes. Limite je le soupçonne de trouver des gens qui veulent encore travailler avec lui grâce à des pièges à glu planqués dans tout Washington. En tout cas, quand il arrache son masque devant les caméras et dit aux gens de ne pas avoir peur du Covid, on a quand même bien l'impression qu'il en sniffe un peu, de la glu.

Et sinon moi, ça va hein, merci de demander.

Mercredi 7 octobre

Donald m'a fait appeler ce matin. J'étais contente qu'il se souvienne encore de mon existence, surtout que ça fait quand même presque quarante-huit heures qu'il est rentré at home. En arrivant dans son bureau rond et plat (oui, Donald a encore du mal avec le nom des formes et des couleurs alors on simplifie un peu les choses, ici, à la maison pas noire, ni rouge, ni bleue), je trouve le père de mon enfant la tête dans ma trousse de fucking make up. Il a tout renversé, tout est sens dessus dessous. On se croirait au nord de Nice, là où la fake news du changement climatique a tout emporté sur son passage. «Fais pas cette tête Mel, et montre-moi plutôt comment on fait du bon coutouring, il faut que je m'entraîne pour mon prochain débat avec Sleepy Joe et Kardashian répond pas sur Instagram.»

J'essaye de me persuader qu'il y a toujours pire que ma situation, que des gens souffrent, des bars ferment, et des guitaristes meurent, quand mon président de mari reprend sa respiration et termine sa phrase, les doigts déjà en train de tweeter. «Nevermind babe, je viens de lire que le prix Nobel de chimie avait été donné à deux femmes, je vais voir ça directement avec elles.»

Et sinon moi, ça va moyen hein, merci de demander.

Jeudi 8 octobre

C'est une semaine un peu compliquée pour les femmes, je trouve. D'un côté, certaines sont récompensées de prix Nobel de chimie et de littérature, de l'autre, certaines sont encore obligées de réclamer des droits en matière d'accès à l'IVG. Pareil en politique, lors du débat entre le vice-président de mon mari et celle de son adversaire: on a surtout retenu la présence... d'une mouche, sur le crâne de Mike Pence. Elle a dû être ravie, madame Harris, d'avoir tout révisé pour se faire voler la vedette par un diptère.

Ça n'a pas empêché Donald de la comparer à un monstre sur Fox News, sans doute parce qu'il a trop vu le film de Cronenberg, ou sans doute pour qu'on ne lui pose pas trop de questions sur son traitement à base de cellules souches prélevées sur des embryons avortés. Quand je pense que j'ai PETA sur le dos quand je mets les moufles en bébé phoque que Donnie m'a rapportées de son dernier passage en Russie. C'est un fucking comble quand même. D'ailleurs, c'est bizarre, mais elles grésillent un peu quand je m'approche des haut-parleurs ou du Bluetooth.

Et sinon moi, ça va bof hein, merci de demander.

Vendredi 9 octobre

Je lui avais dit d'aller se faire couler un bain plutôt que d'accepter une interview par téléphone. Est-ce qu'il m'aurait écouté pour une fois? Pour la première fois même... Of course que nooooon. Au lieu de boire un cappuccino saveur peanut butter dans son bain à remous en or plaqué, cet idiot est allé tousser et a manqué de s'étouffer en plein direct. Il a expectoré si fort, que je soupçonne certains postillons d'avoir atteint l'autre côté du téléphone et du pays. Eh bah tu sais quoi Donald, go fuck yourself, toi et tes hélicos et tes décorations de Noël vous commencez à me gonfler. J'espère que pour le prochain débat, Joe Biden a l'intention d'investir dans un ciré breton avec hygiaphone intégré.

Heureusement en allumant la télévision, je tombe sur une scène super émouvante: un homme redevient un instant un petit garçon et crie à pleins poumons «Maman! Maman! Maman!» sur le tarmac d'un aéroport militaire. La maman en question, c'est Sophie Pétronin, dernière otage française à être libérée. Cela faisait quatre ans qu'elle était retenue au Mali. Quatre ans. C'est long quatre ans. Très long. Très, très long.

Et sinon moi, ça va pas du tout hein, merci de demander.

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