Santé / Société

La semaine imaginaire du Covid-19, saison 2

Temps de lecture : 4 min

Dans la nuit de samedi à dimanche, nous sommes passés à l'heure d'hiver. Une heure de plus, ça paraît rien comme ça, mais j'ai réussi à atteindre mon objectif des 50.000 contaminations en moins de vingt-quatre heures.

Difficile de s'émerveiller devant ce reconfinement. | Lionel Bonaventure / AFP
Difficile de s'émerveiller devant ce reconfinement. | Lionel Bonaventure / AFP

Chaque samedi, Louison se met dans la peau d'une personnalité (ou presque) qui a fait l'actu et imagine son journal de bord.

Lundi 26 octobre

Je me suis réveillé ce matin, frais comme un gardon. Dans la nuit de samedi à dimanche, nous sommes passés à l'heure d'hiver, et si la plupart des gens en ont profité pour dormir une heure de plus, moi, de mon côté j'ai surtout pu profiter d'une heure de bamboche supplémentaire avec celles et ceux qui n'ont toujours pas compris que le couvre-feu ne servait pas à organiser des «pyja-mai tai party»... Une heure de plus, ça paraît rien comme ça, mais j'ai réussi à atteindre mon objectif des 50.000 contaminations en moins de vingt-quatre heures et, franchement, cette victoire, j'ai envie de la partager avec toutes celles et ceux qui, appliquant le YOLO un peu trop littéralement, ont bu dans le même verre.

En revanche, j'étais un peu chiffon en trempant ma tartine de chloroquine dans mon bol de café. Une improbable réaction en chaîne comme seul 2020 sait en produire, a fait que plusieurs pays du monde arabe ont appelé à boycotter les produits français. Pas les sacs de luxe à 4.000 balles, nan, mais plutôt les paquets de Tuc et les boîtes format familial de Vache qui rit. Apparemment, ce joyau des cantines scolaires est considéré comme un emblème, un étendard attaquable du pays des Lumières.

Liberté, Égalité, Crème de fromage reconstitué.

Mardi 27 octobre

À l'heure où les pays et les peuples se replient de plus en plus sur eux-mêmes, à l'heure où des guerres civiles menacent ça et là, j'aimerais que l'on prenne un instant pour considérer tout l'humanisme dont je fais preuve depuis le début de ma carrière. Pour moi, il n'y a pas de genres, pas de couleurs de peau, de religions, ni de situations socio-professionnelles qui tiennent. Pour moi, tous les êtres humains sont semblables. Et surtout, confortables pour s'y multiplier. Regardons la Belgique, par exemple. Un si petit pays où pourtant deux peuples n'arrivent pas à cohabiter tranquillou, comme des moules et des frites. C'est toujours «les flamands ceci», ou «oui mais les wallons cela...». Qu'à cela ne tienne, moi je les aime tous, et du coup, le pays est submergé par mon amour. Et les contaminations.

Mais, parfois dans la vie, il y a aussi des échecs, et il faut savoir les regarder droit dans les yeux, sans rougir (sauf si on a de la fièvre depuis trois semaines). Prenons le couple Trump, par exemple. J'avais pourtant donné beaucoup de ma personne au moment de leurs contaminations, mais quand je vois que même Melania fait des meetings en solo du côté de la Pennsylvanie, je me dis que j'ai peut-être été un peu mou du genou et de l'ARN finalement.

Mercredi 28 octobre

Pour un peu, on dirait presque une série Canal avec chaque semaine son nouvel épisode. Et même si le suspense est pas ouf et qu'il y a un risque de lassitude si ça s'essouffle encore un peu au fil des saisons, il faut reconnaître que j'aime bien ce rendez-vous télévisuel avec Emmanuel Macron. En plus, c'est toujours à 20 heures, ce qui est quand même pratique parce que ça donne le temps de filer une assiette de coquillettes du premier confinement aux enfants, avant de s'installer devant le poste. Bon, là il faut reconnaître que les scénaristes se sont un peu donné du mal car une partie des Français·es s'attendait simplement à un allongement du couvre-feu et BIM! On a tiré sur JR. Ah non pardon, on va juste reconfiner l'ensemble du territoire français et ce, dès vendredi minuit et une minute.

Mais contrairement au confinement du printemps, cette fois-ci les gens n'auront pas le choix entre faire une dépression nerveuse ou un banana bread, car la vie scolaire continue pour les enfants, masqués dès l'âge de 6 ans. Si vous ne savez pas comment convaincre un enfant de 6 ans de bien porter son masque, vous pouvez toujours lui dire que s'il n'obéit pas, le père Noël ne lui apportera rien d'autres que le nouveau livre de François Hollande.

Jeudi 29 octobre

Alors, on pourra toujours affirmer que j'ai bien biiien pourri l'année 2020, et même si je préfère dire que j'ai plutôt fait mon petit bonhomme de chemin, il y a quand même deux ou trois trucs pour lesquels je ne suis pas responsable. Alors ok ce matin les gens se sont réveillés avec l'impression d'être coincés dans un remake très très low-cost du film Un jour sans fin, sans marmotte mais avec Jean Castex (quoique maintenant que j'y pense, il y a comme un air, surtout quand il n'a pas ses lunettes, mais passons...).

Celles et ceux qui n'avaient pas encore échangé leur Twingo de 1996 contre un tandem qui roule au jus de maïs ont pris leurs cliques et leurs claques et sont allés bloquer à peu près toutes les rues qui pouvait l'être dans la capitale. Le périphérique a même eu des faux airs d'un rayon PQ mi-mars.

Mais, alors que la journée, par ma faute et celle de la météo de cette fin octobre, n'était déjà pas très bien partie, voilà qu'un nouvel attentat à l'arme blanche a frappé la ville de Nice, dont les images du camion fou de juillet 2016 sont pourtant encore bien imprimées dans les rétines. Deux femmes et un homme sont morts aux abords de la basilique Notre-Dame de l'Assomption. La folie extrémiste est pire qu'un virus, car elle peut frapper tout le monde, à tout instant, mais personne ne s'est jamais penché sur l'élaboration d'un vaccin.

Vendredi 30 octobre

Nous y voilà, la saison 2 commence. Je ne sais pas si c'est parce que les magasins de pièces détachées automobiles ou les agences de vente d'assurances restent ouvertes, mais je n'arrive pas trop à m'émerveiller de ce confinement, comme la première fois. Les rues parisiennes ne sont pas si désertes que ça, et même si les troquets ont rangés leurs tables et leurs cocktails à quinze euros, on dirait juste un dimanche au mois d'août. Heureusement, on peut compter sur les librairies, obligées de fermer, car visiblement un Patrick Modiano est moins important dans la vie qu'un joint de culasse tout neuf, pour nous rappeler qu'on est face à une terrible épidémie, super contagieuse puisque l'ensemble du gouvernement semble l'avoir chopée: le mépris de la Culture.

Pour s'occuper du coup, et se faire un peu peur, ce week-end, on pourra toujours se déguiser pour Halloween. Vampire, fantôme, momie ou professeur Raoult, les propositions de costumes ne manquent pas. Et puis si l'on veut se faire VRAIMENT peur, on pourra toujours brancher sa télévision dans la nuit de mardi à mercredi pour suivre l'élection américaine. Âmes sensibles s'abstenir.

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