Société

«C'est comme si Jonathann Daval n'existait pas. Il n'existe qu'en fonction des autres»

Temps de lecture : 12 min

[Épisode 6] En consultant le dossier d'instruction, les Fouillot découvrent que Jonathann Daval est bien plus proche de sa famille qu'il ne le leur avait dit. La raison de ce mensonge, et des autres, tient à sa personnalité.

Un croquis d'audience fait le 16 novembre 2020 montre Jonathann Daval au palais de justice de Vesoul, au premier jour de son procès. | Benoît Peyrucq / AFP
Un croquis d'audience fait le 16 novembre 2020 montre Jonathann Daval au palais de justice de Vesoul, au premier jour de son procès. | Benoît Peyrucq / AFP

Vous lisez le sixième épisode de notre série Alexia Fouillot, épouse Daval. Le cinquième est à retrouver ici.

Quand il a fallu déclarer la naissance de Jonathann Daval, l'officier de l'état civil a refusé de doubler le «n» à la fin de son prénom car, selon lui, «Jonathann» n'existe pas. Sur ses papiers officiels, il est donc écrit: «Jonathan Daval, né le 16 janvier 1984, à Gray». Le second «n» sera ajouté par sa famille, ses amis et, plus tard, les médias.

Il est le dernier d'une fratrie de six enfants. Martine, sa mère, n'a jamais eu l'impression de le surprotéger. Mais ses autres enfants lui ont souvent fait remarquer l'inverse, alors ça doit être vrai. Jonathann a toujours été le plus gentil d'entre eux, «et le plus fragile aussi».

Il a 2 ans lorsque ses parents se séparent. Martine se met en ménage avec un autre homme. Jonathann est très attaché aux deux, à son père biologique et à son beau-père. À ses 3 ans, la famille note un retard de langage. Cela devrait s'arranger avec l'âge, pensent-ils. À ses 4, le trouble perdure. À 5, on lui découvre une «hypoacousie importante», une surdité. «Il avait des végétations partout, à la gorge, dans le nez, aux oreilles», relate sa mère. Ablation des amygdales. Séances d'orthophoniste. Il est en CP. De l'eczéma se développe sur ses mains et son visage. Traitement antibiotique. Il est sujet à des crises d'asthme. Bronchodilatateurs en inhalation. Dans son lotissement à Valay, en Haute-Saône, Jonathann rencontre son petit voisin Matthieu. Ils deviennent meilleurs amis. Ensemble, ils font du vélo et «des bêtises comme tous les p'tiots», se souvient Matthieu.

Jonathann Daval n'a jamais été trop fort avec les dates; même celles des anniversaires de ses parents, il ne les retient pas. Alors qu'il est en cinquième ou «quelque chose comme ça», son père, Jean Daval, meurt d'un infarctus. Jonathann a 12 ans. Martine constate un changement de comportement chez son fils: il se lave tout le temps les mains. Il reste une heure sous la douche. Quand elle range le linge sous son lit, il se précipite pour passer derrière elle, lisse les draps pour vérifier qu'ils soient bien tirés. Les chaises doivent être bien placées autour de la table. «J'étais très méticuleux, je détestais la saleté», reconnaît-il. Au bout de quelques séances de psychothérapie, les TOC disparaissent. Il gardera, toutefois, le goût des «choses bien rangées et bien propres».

Garçon, il aime le foot, l'athlétisme. L'été, il part en famille à la mer; l'hiver, à la montagne. À 14 ans, on lui diagnostique une scoliose idiopathique, c'est-à-dire sans origine connue. Il porte un corset orthopédique durant deux ans. Il ne se plaint pas. Personne ne l'a jamais vu en colère. Sauf Matthieu, son meilleur ami. Une fois, il l'a vu énervé. Les événements rares sont les plus marquants. Avec des copains, ils étaient dans la chambre de Jonathann. Les autres chahutaient. Jonathann voulait finir ses exercices de maths. Il n'y arrivait pas, «on voulait pas le laisser tranquille». Il leur a jeté un regard noir «mais il n'a rien dit», raconte Matthieu.

Jonathann redouble sa seconde «à cause du rythme». Il obtient un BEP électro-mécanique au lycée professionnel de Gray, mais nourrit d'autres intérêts. Matthieu se rappelle: «Le goût de l'informatique, c'est lui qui me l'a donné.» Jonathann s'inscrit à un bac pro informatique à Dijon.

Un jour, lors d'un séjour au ski, il rencontre Alexia Fouillot. Ils s'échangent leurs numéros de téléphone. Elle l'invite chez elle, à son anniversaire. Quand elle se penche vers lui pour la première fois, Jonathann n'en revient pas. Il n'aurait jamais cru qu'une si jolie fille puisse l'embrasser. Avant elle, il avait bien eu deux ou trois aventures, mais il n'a jamais cherché à séduire les filles. Il ne s'est jamais cru capable de ça. L'expert psychologue appellera ça «une mauvaise image de lui-même».

À partir de là, Jonathann et Alexia ne se quittent plus. Ensemble, ils emménagent dans un petit appartement de Besançon et adoptent un chat, Happy. Jonathann s'inscrit en BTS puis arrête de suivre les cours: une entreprise informatique propose de l'embaucher. On lui offre un poste de technicien de maintenance. Un soir, au restaurant, au moment du dessert, il demande Alexia en mariage.

«Écoute mon Thann, c'est simple, je t'aime toujours»

«Alexia, c'était sa muse», dira plus tard Martine. L'adage veut qu'épouser une personne, c'est épouser sa famille. Ça aussi, ça doit être vrai. Mélanie, la meilleure amie d'Alexia, expliquera aux enquêteurs: «Il avait été adopté par les Fouillot. Ils l'avaient tiré vers le haut. Il leur devait en partie sa réussite sociale.» Lors de sa première interview après le meurtre, Isabelle Fouillot indiquait, dans L'Est Républicain: «On lui a fait découvrir plein de choses: le vin, la gastronomie, un certain art de vivre...»

Après le mariage, Alexia et Jonathann Daval s'installent chez Jean-Pierre et Isabelle Fouillot. Une solution temporaire, dans l'attente de la fin des travaux dans leur nouvelle maison située 18, rue Sonjour, à Gray-la-ville. La demeure aux grands volets blancs et à la coursive extérieure appartenait à la mère d'Isabelle. Pour cette dernière, c'était «la maison du bonheur».

Avec Alexia, Jonathann reste chez ses beaux-parents pendant un an. Tout va bien. Aux enquêteurs, Jean-Pierre Fouillot dit de son gendre qu'il est leur troisième enfant, que c'est «un super gamin». À la barre, quand on lui demandera s'il a aimé Jonathann, le père d'Alexia répondra: «Oui, bien sûr. Jusqu'à la garde à vue, voire même un peu plus tard.» L'expert psychologue, Tony Arpin, parle de confusion transgénérationnelle. Il dit: «Si c'est leur fils, alors que fait-il avec leur fille?»

Matthieu, le meilleur ami de Jonathann, se souvient d'un soir de réveillon. Il s'était fait opérer des dents de sagesse. «J'avais la tête d'un hamster en surpoids, pas envie de sortir comme ça.» Il entend sonner à la porte. À la barre, Matthieu pointe le doigt vers le box des accusés: «C'était lui. Il venait. Pour pas que je sois tout seul.» Il baisse la tête et déclare: «Écoute mon Thann, c'est simple, je t'aime toujours. Ce que pensent les autres, j'en ai limite rien à foutre.» Matthieu était aussi l'ami d'Alexia. Il précise qu'il ne veut pas faire de peine à la famille Fouillot, mais il a besoin de le dire: «T'es mon Thann, et tu le seras toujours.»

«Elle lui reprochait de ne pas assez s'affirmer en tant que personne»

Denis, l'employeur de Jonathann Daval à l'entreprise informatique, le laisse «autonome». Jusqu'à débusquer la tromperie: plusieurs fois, à l'heure de rendez-vous clientèle, son salarié n'y est pas. Denis décide donc de poser un tracker sur son véhicule professionnel, un Citroën Nemo. «Après, j'ai pris la décision d'en poser sur tous», indique-t-il. Une fois la déclaration à la CNIL remplie, une affiche est accrochée dans l'atelier. Les cinq employés sont informés de la présence d'un tracker GPS sur leur voiture. Ce détail fera que des années après, Jonathann Daval ne sera pas poursuivi pour assassinat –meurtre avec préméditation.

À partir de début 2016, Jonathann a tendance à «aller moins vers les autres». À l'atelier, il reste au fond, dans son coin. Il propose à son employeur de travailler plus tard le soir, pour compenser les heures passées chez sa mère. «Il m'a expliqué qu'il avait un problème respiratoire –mais ça je le savais depuis longtemps– et qu'il y avait une machine installée chez sa maman», raconte Denis. Il dit lui avoir fait confiance. En réalité, c'est un deuxième mensonge. Il n'y a jamais eu de machine respiratoire.

Stéphanie, la sœur d'Alexia, a le calme de son père. Face à la cour, elle pose la question, simplement: «Quand on a un emploi, qui va chez ses parents deux fois par jour pendant plusieurs heures? Je ne peux pas l'interpréter.»

Martine, la mère de Jonathann, le reconnaît: «J'avais vu que quelque chose n'allait pas parce qu'il venait tout le temps.» Il achète des poids et fait du sport chez sa mère. Plus jeunes, Alexia était «plantureuse», Jonathann, «bouboule».

Ils se sont mis au sport ensemble. Jonathann dit qu'il ne pouvait pas courir seul, qu'il fallait qu'il soit avec elle, mais que cela fait partie «des bons moments passés ensemble». Ils achètent un tapis de course. La pièce reconfigurée en salle de sport est humide. Le tapis «déconne» une fois sur deux. Un matin, Alexia envoie un texto à son mari: «Tu aurais pu quand même vérifier en partant s'il fonctionnait.» Puis: «Pfff». Et: «Tout ça c'est de ma faute, je suis chiante, énervée, je ne peux pas faire d'enfant, mon mari ne me désire pas... Tant pis pour moi. Je vais courir dehors, je ne rentrerai peut-être pas.» Jonathann répond: «Arrête de dire ça mon amour c'est pas vrai.»

On pose la question de l'étude des échanges SMS au directeur d'enquête Franck Parédès. Qu'a-t-il constaté? «Jonathann est plus aux petits soins. Elle est plus directe avec lui. Elle lui reproche plus de choses. Elle lui reprochait de ne pas avoir de rapports sexuels aboutis. De ne pas assez s'affirmer en tant que personne», expose-t-il.

«Alexia lui interdisait de venir me voir à la maison»

Dès le matin, Jonathann vient chez Martine «boire un petit coup» ou «pour un encas». Il n'en parle pas à Alexia. Il lui arrive de dîner chez sa mère, puis de dîner à nouveau avec Alexia en rentrant rue Sonjour. De la salade, souvent, dit-il. Son avocat Me Schwerdorffer lui fait remarquer: «Et il faut compter le nombre de feuilles de salade.» Dans le box des accusés, Jonathann Daval murmure: «Oui.» Me Schwerdorffer attrape alors une page du dossier et lit à la cour un SMS d'Alexia: «Dis donc, ils sont où les blancs de poulet?» Dans le frigo, les blancs de poulet achetés pour Happy, le chat, ont disparu. Jonathann les a mangés.

«Il avait tout le temps faim, poursuit Martine. Mais ce n'est pas ça qui m'a choquée. C'est qu'il venait le soir et disait: “J'attends qu'Alexia s'endorme.”»

Comme la sœur aînée d'Alexia, celle de Jonathann s'appelle Stéphanie. Elle habite rue Sonjour, à quelques mètres du domicile du couple. Jonathann lui explique: il ronfle et cela empêche Alexia de dormir. «Il venait, on lui posait pas de question, raconte Stéphanie Daval. Il se couchait dans le fauteuil et nous disait: “Je suis fatigué, je me repose.”» Jonathann affirme que quand il ronflait, Alexia lui donnait des coups de pied. Parfois, il allait dormir sur le canapé pour la laisser tranquille. Lui n'a jamais eu de problèmes d'insomnie.

Des SMS d'Alexia, Stéphanie Daval en a vu deux. «Il venait souvent quand elle faisait ses siestes. Quand elle avait fini, elle l'appelait. Mais là, elle ne l'avait pas appelé.» Son frère Jonathann reçoit un texto: «Je pars pour un dernier voyage. J'espère que tu donneras plus d'amour à Happy qu'à moi.» C'était en mai 2017, croit-elle se souvenir. Le second, elle ne pourrait pas le dater. Elle se rappelle juste de son contenu. Jonathann était chez elle quand Alexia lui a écrit: «Je pourrais prendre le taille-haie et le serrer contre moi.» Stéphanie se souvient de la réaction de son frère: «Il est reparti tout de suite. Je ne l'ai même pas vu mettre ses chaussures. Je crois qu'il est parti en chaussons.»

Stéphanie Daval dit qu'Alexia ne venait jamais chez elle. Elle ne venait pas aux anniversaires, ni à Noël. Elle n'a jamais su pourquoi. Martine, la mère de Jonathann, signale quant à elle: «Alexia lui interdisait de venir me voir à la maison.» Un autre SMS d'Alexia est cité: «C'est une perte de temps d'aller les voir, tu ferais mieux d'aller aider mon père.»

«Il n'a toujours parlé de sa famille qu'en mal, surtout de sa mère»

À la barre, Isabelle Fouillot s'agace: «On va reprendre les choses au début.» Stéphanie Gay, lors de sa déposition, dira les choses autrement: «Quand on apprend dans le dossier qu'il va passer ses journées chez sa maman, on tombe des nues. Parce que pour nous, il était quasiment abandonné.» La mère d'Alexia poursuit: «Quand il est arrivé dans notre famille, il nous a dit que sa mère ne comptait pas pour lui. Qu'il n'avait pas de famille. Il nous a fait croire qu'on était son unique famille.»

Durant les mois d'enquête précédant sa garde à vue, Jonathann Daval est placé sur écoute. Adeline Pillot, la première enquêtrice, note que «Jonathann a un ton différent selon qu'il appelle ses proches, sa maman, que quand il appelle la maman d'Alexia.» Après le meurtre, Jonathann rend sans cesse visite à sa belle-famille. Il leur dit: «Si je reste en vie, c'est uniquement pour vous.» Isabelle Fouillot témoigne: «Jonathann pleurait tout le temps, alors on croyait qu'il avait tout le temps du chagrin.» Ils l'ont choyé deux fois plus. Leur porte lui était grande ouverte. Isabelle se souvient que Jonathann mangeait «comme un ogre». Elle croit n'avoir jamais vu quelqu'un manger autant.

Jonathann lui envoie des mots d'amour pour lui dire être bien rentré chez lui, lui dire qu'il l'aime. «Il m'appelait Maman», confie-t-elle. Avant de souffler: «Pour moi, c'était le mari d'Alexia. Je pensais qu'il me rapprochait d'elle.»

Jean-Pierre, le père d'Alexia, assure: «Il n'a toujours parlé de sa famille qu'en mal, surtout de sa mère. Il avait des propos qui parfois nous laissaient assis...» Il expose: «Méchante, toujours en train de se mêler de ce qui ne la regarde pas, autoritaire, toujours à se disputer avec Pierre, Paul, ou Jacques. C'était des déclarations qui venaient de sa propre volonté, comme ça.» Au palais de justice de Vesoul, Martine est au premier rang.

Stéphanie Gay conclut: «On reproche à Alexia de ne pas avoir de bons rapports avec ses beaux-parents. Mais quand on lui dit dès le départ qu'on ne l'aime pas, qu'on est abandonné... Quel regard peut-on avoir?»

«Une personnalité caméléon»

Entendu en visioconférence, l'expert psychologue Tony Arpin pose les bras sur son bureau. Il s'est entretenu avec Jonathann Daval un jour de mai 2018: «Il parle d'un cocon dans sa famille, cocon reproduit chez ses beaux-parents.» Lors de leur rencontre, Jonathann Daval était «fluet, timide, réservé, tête baissée, toujours au bord des larmes, voix chevrotante».

À Jonathann, Alexia a un jour envoyé ce SMS: «Arrête de courber le dos, arrête de trembler, de mettre la main devant la bouche, prends confiance en toi et ça ira mieux.» Jonathann dit que ça faisait partie de leurs problèmes de couple. Parfois, même après une soirée avec des amis, dit-il, elle lui reprochait de s'être mal tenu, de ne pas avoir pris la parole. Il se contentait d'acquiescer.

À la maison d'arrêt de Dijon, l'expert psychologue lui a fait passer tout un tas de tests. Jonathann a accepté, à condition de pouvoir voir son frère au parloir. Il a ainsi passé le test de l'ogre et du yéti, le test du zombie, le test de l'arbre. Le psychologue analyse ses réponses et ses dessins. Il note: «sujet enfantin et immature». Il pense que, dans la version du complot familial élaborée par Jonathann Daval, Grégory Gay était une projection de lui-même.

À la cour, l'expert parle de clivage, de «faux-self», de «deux personnalités qui vont coexister sans jamais se croiser», puis explique: «C'est comme si Jonathann Daval n'existait pas. Il n'existe qu'en fonction des autres, en miroir aux autres.» Il appelle ça «une personnalité caméléon», quelqu'un qui s'adapte en fonction des personnes et des lieux et agit comme elle pense qu'elle doit agir. Pour lui, Jonathann Daval «a arrêté de grandir trop tôt». Il pense à un traumatisme, jeune, «possiblement sexuel». Malgré l'absence de souvenirs de Jonathann Daval en ce sens, c'est ce que les TOC, «ce rituel de réassurance et de propreté», évoquent au psychologue.

«Il ne pouvait faire cohabiter ces deux personnes en lui»

À la fin du troisième jour du procès, Jonathann Daval doit enfin être entendu. Il se lève du banc des accusés, retire son masque. Très vite, il parle des disputes et des black-out d'Alexia. Il dit qu'il voulait un enfant, mais qu'«avec le problème d'érection, c'était compliqué». Il parle de la fausse couche d'Alexia. Ça l'a beaucoup touché, mais avec Alexia, ils n'en ont «pas parlé plus que ça». Derrière ses lunettes, le président de la cour d'assises hausse les sourcils. Personne ne pourra croire que son épouse n'était pas affectée, rétorque-t-il. Jonathann Daval cligne des yeux. Il répond: «Elle a dit comme quoi elle avait pris des kilos pour rien.»

Le président enchaîne sur le Stilnox, le somnifère pris par Alexia peu de temps avant sa mort et retrouvé dans les analyses toxicologiques. Jonathann Daval cligne à nouveau les yeux. Le président demande: «J'ai du mal à comprendre, dans cette ambiance, comment elle peut avoir envie d'un rapport sexuel avec vous.» Jonathann Daval a la bouche pâteuse. Il tente d'articuler: «C'était la grossesse, la fixation. L'enfant, l'enfant, l'enfant... Et que j'avais des problèmes d'érection, et que j'étais pas un homme.»

Les mots peinent à sortir de sa bouche: «Même quand on avait un rapport, la voir s'exciter avec des sextoys, c'était... compliqué.» Le teint livide, il souffle: «Je faisais exprès de rentrer tard.» Les questions deviennent de plus en plus longues, et les réponses de plus en plus courtes. Jonathann Daval ferme les paupières. Le président s'enquiert:

Monsieur Daval, vous vous sentez bien?
Je n'ai pas entendu la question.

Dans le box, l'accusé s'effondre.

Entendu le lendemain matin, l'expert psychologue dira: «Je pense qu'hier soir, c'était très intéressant. C'est son corps qui a parlé. Il ne pouvait faire cohabiter ces deux personnes en lui. Il ne peut, pour son image, accepter cette personne. La seule solution était que son corps lâche.»

Vous venez de lire le sixième épisode de notre série Alexia Fouillot, épouse Daval. Le septième et dernier est à retrouver ici.

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