Monde

Qu'a tweeté Trump cette semaine? Chronique du 31 août au 6 septembre

Temps de lecture : 26 min

«Quand Joe Biden le Mou va-t-il critiquer les Anarchistes, Voyous & Agitateurs chez les ANTIFA? Rappelez-vous, il ne peut pas perdre les voix Super Libérales de Bernie le Taré!»

Donald Trump en visite à Kenosha, dans le Wisconsin, le 1er septembre 2020. | Mandel Ngan / AFP
Donald Trump en visite à Kenosha, dans le Wisconsin, le 1er septembre 2020. | Mandel Ngan / AFP

Avertissement: cette chronique non exhaustive se base sur les tweets de la semaine jugés les plus pertinents. L'homme le plus puissant du monde a une production si pléthorique que l'analyse de toutes ses productions numériques nécessiterait des jours et des nuits de décorticage et de labeur selon des conditions de travail dénoncées par les conventions de Genève.

Une semaine éprouvante pour le candidat-président. La convention républicaine est terminée, les choses sérieuses reprennent. Donald Trump va devoir affronter de vieux dossiers où il sera question d'AVC, de soupe assassine et de pigeons de la Première Guerre mondiale.

Lundi 31 août

Trump se rendra demain à Kenosha, la ville où Jacob Blake a été victime d'une bavure policière et a reçu quatre balles dans le dos. Après cet incident, la ville a été le cadre de manifestations pacifiques en journée, tournant parfois à l'émeute la nuit venue.

Des groupes de miliciens armés s'y sont mêlés, et c'est dans ce contexte que Kyle Rittenhouse, 17 ans, a tué deux manifestants par balle et blessé un troisième.

Donald Trump, qui refuse toujours de dénoncer la violence de ses soutiens, n'a jamais prononcé son nom.

«Si je n'avais pas INSISTÉ pour que la Garde Nationale agisse et aille à Kenosha, Wisconsin, il n'y aurait plus de Kenosha aujourd'hui. Et puis il y aurait eu plein de morts et de blessés. Je tiens à remercier la Police et la Garde Nationale. À mardi!»

L'un des arguments récurrents utilisé par Trump contre son rival Joe Biden est qu'il est un pleutre qui a trop peur pour sortir de sa cave. Biden limite ses déplacements au maximum et met un point d'honneur à toujours porter un masque en présence d'autres personnes: un moyen de bien montrer sa différence avec le président... au cas où ce serait nécessaire.

«Joe Biden sort de sa cave plus tôt que les dix jours qu'il espérait parce que son équipe lui a dit qu'il n'avait pas le choix, il PLONGE dans les sondages! Il va à Pittsburgh, où j'ai aidé l'industrie à battre des records l'année dernière & retournera dans sa cave pour un long moment... Son problème est intéressant. Il doit toujours se montrer faible dans le domaine de la CRIMINALITÉ à cause des électeurs de la gauche radicale de Bernie Sanders. S'il les perd, comme Hillary l'Escroc, il est “cuit” et beaucoup voteront pour moi à cause du COMMERCE (Bernie était bon en commerce). Joe DOIT toujours se montrer faible dans le domaine de la criminalité!»

L'autre argument du président américain est que Biden n'est pas capable d'assurer la sécurité de l'Amérique –contrairement à lui, qui y arrive très bien.

«Quand Joe Biden le Mou va-t-il critiquer les Anarchistes, Voyous & Agitateurs chez les ANTIFA? Quand suggèrera-t-il d'envoyer la Garde Nationale dans les Villes & les États Démocrates MAL GÉRÉS & Ravagés par le Crime? Rappelez-vous, il ne peut pas perdre les voix Super Libérales de Bernie le Taré!»

Puis, l'espace d'un instant, Donald Trump se prend pour un ministre de l'Intérieur français du début des années 2000 (le Kärcher en moins, mais le cœur y est):

«Portland est dans un état lamentable, et ce depuis de nombreuses années. Si ce maire à deux balles ne le nettoie pas, on ira et on le fera à leur place!»

Des nouvelles des sondages bidon (ils sont faciles à reconnaître, ce sont ceux qui ne lui donnent pas d'avance):

«J'ai des sondages vraiment bons, certains plus de 50%, sauf un Sondage Fake d'@ABC NEWS qui donne AUCUNE INFORMATION sur l'échantillon, R ou D, ou autre. Ils ont fait ça aux dernières Élections, 1 semaine avant, retard de 12 points et j'ai gagné. C'est des Fake News dégoûtantes!»

Dans le bingo de la semaine, vous aviez coché la case «LA LOI & L'ORDRE!»? Bravo, vous avez gagné dix points covfefe.

Mardi 1er septembre

Aujourd'hui, Donald Trump donne une interview télévisée sur Fox News.

«Je serai interviewé par Laura Ingraham (@IngrahamAngle) ce soir à 22h sur @FoxNews. Profitez-bien!»

À l'occasion de cet entretien, il se fait reprendre par la journaliste conservatrice Laura Ingraham au moment où il se met à comparer les policiers qui commettent des bavures, comme celle dont a été victime Jacob Blake, à un golfeur qui rate son trou: «Vous n'êtes pas en train de le comparer à du golf? Parce que bien sûr, c'est ce que les médias...»

Le point sportif du jour: Trump reste furieux contre les athlètes qui s'agenouillent pendant l'hymne national en solidarité avec les victimes noires de violences policières. Selon un sondage relayé par le magazine Forbes, la NBA a perdu une partie de son public parce qu'elle est «trop politisée».

«Les gens en ont marre de regarder la @NBA super-politisée. Les audiences de basket DÉGRINGOLENT, et elles ne remonteront pas. J'espère que le football et le baseball regardent bien et en tirent des leçons parce qu'il va leur arriver la même chose. On se lève fièrement pour notre Pays et notre Drapeau!!!»

Aujourd'hui, une vieille histoire de santé est ressortie des placards: dans un livre à paraître rédigé par le journaliste Michael Schmidt, celui-ci affirme que le président a eu une série de «mini-AVC» en novembre 2019 expliquant sa visite dans un centre de santé à cette époque, et que Mike Pence, le vice-président, avait été averti de se tenir prêt au cas où il faudrait remplacer Trump au pied levé.

«Ça n'en finit jamais! Maintenant ils essaient de dire que votre Président préféré, moi, est allé au Walter Reed Medical Center suite à une série de mini-AVC. C'est jamais arrivé à CE candidat-FAKE NEWS. Peut-être veulent-ils parler d'un autre candidat d'un autre parti!»

Grâce à Twitter, le président peut à la fois démentir l'information et semer le doute sur la santé de son (vieil) adversaire. Pratique.

«Drudge ne m'a pas soutenu en 2016 et il paraît qu'il ne me soutient pas aujourd'hui. C'est peut-être pour ça qu'il s'en sort si mal. Sa Fake News sur des Mini-AVC est incorrecte. Il pensait peut-être à lui ou au “candidat” de l'autre parti.»

(Drudge Report est un blog conservateur et agrégateur d'informations.)

Puisqu'on vous dit qu'il n'en a pas eu, d'AVC:

«Même pas un “petit”. Merci!»

Petit résumé pour les gens qui ne suivent pas:

«Mike Pence n'a jamais été mis en état d'alerte & il n'y a pas eu de mini-AVC. Ce ne sont que de nouvelles Fake News de @CNN, un article bidon. La raison de la visite à Walter Reed, avec toute l'équipe de presse, était la finalisation de mon examen annuel. Courte visite, puis retour (avec la presse) à la MB...»

C'est également aujourd'hui que ressort un extrait de conférence de Trump datant du 31 juillet mais qui fait le tour, en boucle, des réseaux sociaux, où le président dévoile l'arme secrète des manifestants qui se battent contre la police:

«Et puis ils ont des boîtes de soupe. De soupe. Et ils jettent les boîtes de soupe. C'est mieux qu'une brique parce qu'on ne peut pas lancer une brique, c'est trop lourd. Mais une boîte de soupe, vous pouvez vraiment y mettre de la force, hein. Et quand il se font attraper ils disent non, c'est de la soupe pour ma famille. Ils sont tellement innocents. C'est de la soupe pour ma famille. C'est incroyable. Et il y a des gens qui viennent avec des sacs de soupe, de gros sacs de soupe. Et ils les posent par terre et les anarchistes les lancent sur nos flics, sur notre police. Et quand ça vous frappe, c'est pire qu'une brique, parce que ça a de la force. C'est la taille idéale, c'est parfaitement fait pour ça. Et quand ils se font attraper ils disent non, c'est juste de la soupe pour ma famille. Et les médias disent: ce n'est que de la soupe, ces gens sont très très innocents. Ce sont des innocents. Ce ne sont que des manifestants. Est-ce que ce n'est pas merveilleux de permettre les manifestations. Et d'ailleurs les médias le savent mieux que nous. Ils savent ce qu'il se passe. Je ne sais pas ce qui ne va pas chez eux.»

Mercredi 2 septembre

Dans la veine de ses déclarations d'août débordant du respect qu'il éprouve pour les femmes, Donald Trump critique Chris Cuomo, journaliste sur CNN et frère du gouverneur de New York qu'il abhorre, en l'appelant «Fredo», un sobriquet à la fois insultant et raciste tiré du film Le Parrain, désignant un personnage dont les caractéristiques principales sont d'être à la fois italien et lâche, que l'on traduira ici par «Macaroni».

«Est-ce que Macaroni va être viré par Fake News @CNN? Il manque énormément de respect aux femmes quand il parle, et ça n'ira qu'en s'aggravant. Les audiences de Macaroni sont mauvaises, donc c'est le moment. Toujours horrible de parler à des gens véreux, surtout quand on est filmé. CNN n'a pas le choix, Macaroni doit partir!»

Puis, dans une ironique et involontaire mise en abyme, Trump parvient dans le même tweet à taxer Chris Cuomo de raciste tout en lui donnant un surnom... raciste (et en profite pour demander l'éviction d'une journaliste, parce que la liberté de la presse, ça va bien cinq minutes).

«Comme Macaroni sur Fake News @CNN, la très peu douée Joy Reid devrait être virée pour avoir fait un usage horrible des mots “Terroristes Musulmans”. Une xénophobie et un racisme pareils sur MSDNC. N'importe qui d'autre serait éjecté, vite fait!!!»

«On les attrape tous!»

[Les antifas, pas les Pokémons, ndt]

Joe Kennedy III est le premier du clan Kennedy à perdre une élection au Massachusetts depuis celle de JFK en 1946. Ô joie, le président américain se rengorge –avec un choix de mots assez saugrenu: si un Kennedy avait été en sécurité en Amérique, ça se saurait.

«Voyez, même un Kennedy n'est pas en sécurité dans le nouveau Parti démocrate de la Gauche Radicale. Grosses augmentations d'impôts, pas de 2A. Biden a complètement perdu le contrôle. Pelosi a fortement soutenu le perdant!»

(2A = 2e amendement, celui qui date du XVIIIe siècle et permet à la population américaine de porter des armes pour se défendre contre les ours et les Indiens.)

«Certains trucs sont complètement fous. Appelez-moi Kate et le problème sera résolu.»

Contrairement à ce que la syntaxe de ce tweet peut laisser entendre, Kate n'est pas le prénom que Trump aimerait se voir attribuer pour remplacer Donald mais celui de la gouverneure de l'Oregon, Kate Brown, qui tarde à l'appeler au secours pour résoudre les problèmes de violence dans son État.

Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, a été filmée en train de se faire coiffer dans un salon alors qu'ils sont censés être fermés à cause de l'épidémie. Elle se défend en disant qu'elle a été piégée. Qui est content de l'aubaine?

«Nancy Pelosi la Folle se fait massacrer pour avoir fait ouvrir un salon de beauté quand tous les autres sont fermés, et pour n'avoir pas porté de Masque –alors qu'elle fait constamment la leçon à tout le monde. Nous allons presque certainement reprendre la Chambre et renvoyer Nancy chez elle!»

«Le propriétaire du Salon de Beauté ne doit vraiment pas aimer Nancy Pelosi la Folle. La dénoncer, avec une vidéo, c'est vraiment énorme. Elle le traite probablement comme elle traite tout le monde... et elle a soutenu avec force un Kennedy qui a perdu, et pas n'importe où, dans le Massachusetts!»

(Donald Trump ignore que c'est une femme qui possède le salon de beauté en question.)

On n'est pas trop sûr de comprendre ce qui est le plus grave: avoir enfreint les règles de confinement pour se faire coiffer ou avoir soutenu un candidat perdant aux primaires démocrates.

«Joe Biden est un candidat d'une Mollesse telle qu'on n'en a jamais vu. La dernière chose dont notre pays a besoin, c'est d'un individu Mou, surtout quand on est entouré de Joueurs d'Échecs Hyper Dynamiques dans le monde entier. Il est retourné dans sa cave, là –agenda vide!»

L'histoire ne dit pas si Trump se considère comme un «Joueur d'Échec Hyper Dynamique».

«Quand un Kennedy perd une primaire démocrate au Massachusetts, de beaucoup, ça montre à quel point ce parti s'est déplacé à GAUCHE. Joe le Planqué ne sera jamais capable de les retenir. La vie, Le 2e Amendement, l'Énergie, la Religion, les Emplois et l'Économie seraient totalement anéantis!»

Et ça fait peur.

L'appel au recours à la force en lieu et place de justice, de la part d'un président, ce n'est pas rassurant non plus:

«Le maire Wheeler vient juste de se faire agresser devant sa propre maison à Portland par des soi-disant “manifestants amicaux”. Les anarchistes, Agitateurs et Pillards le traitent HORRIBLEMENT MAL alors même qu'il est si gentil et respectueux avec eux. Les Criminels ne comprennent que la force!»

Jeudi 3 septembre

On reste dans le thème de l'autorité –ou de l'autoritarisme, la frontière n'est pas claire.

«Mon Administration fera tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher les maires faibles et les villes sans foi ni loi de prendre les dollars Fédéraux en laissant les anarchistes blesser les gens, brûler des bâtiments et ruiner des vies et des commerces. C'est un avertissement.»

Hier, lors d'une intervention en Caroline du Nord, Donald Trump a encouragé la population à aller voter deux fois pour prouver que le système de vote par correspondance dysfonctionne.

Outre le fait que le président américain encourage une pratique illégale, l'idée même de voter par correspondance pour, le jour venu, se déplacer quand même jusqu'au bureau de vote a de quoi faire couler une bielle au plus solide des électeurs.

Persiste et signe:

«Compte tenu du nombre massif de bulletins sollicités et non sollicités qui seront envoyés aux électeurs Potentiels pour les élections prochaines de 2020, & pour vous ASSURER QUE VOTRE VOTE COMPTE ET EST COMPTÉ, SIGNEZ ET ENVOYEZ votre bulletin le plus TÔT possible. Le Jour du Vote, ou du Vote Anticipé, rendez-vous dans votre Bureau de Vote pour voir si oui ou non votre Vote par Correspondance a été Tabulé (Comptabilisé). Si oui, vous ne pourrez pas voter & le Système par Correspondance aura bien fonctionné. S'il n'a pas été compté, VOTEZ (ce qui est le droit de tout citoyen). Si votre Vote par Correspondance arrive après que vous avez voté, ce qui ne devrait pas arriver, ce Bulletin ne sera pas utilisé ou compté puisque votre vote aura déjà eu lieu et aura été comptabilisé. VOUS ÊTES À PRÉSENT ASSURÉ QUE VOTRE PRÉCIEUSE VOIX A ÉTÉ COMPTÉE, elle n'a pas été “perdue, jetée, ou détruite d'une quelconque manière”. DIEU BÉNISSE L'AMÉRIQUE !»

Notons que Twitter cache les deux tiers de ce message sous un avertissement prévenant qu'il «viole les règles de Twitter concernant l'intégrité civique et électorale».

Petit rappel que le gouverneur de New York tue des personnes âgées:

«Le gouverneur Andrew Cuomo de New York a le pire résultat en matière de morts et de Virus Chinois. 11.000 personnes sont mortes rien que dans les Maisons de Retraite à cause de son incompétence!»

«@NYGovCuomo devrait faire en sorte que ses procureurs new-yorkais manipulés, qui me poursuivent, moi et ma famille, illégalement depuis des années, enquêtent sur sa gestion incompétente du Virus Chinois et toutes les morts causées par son incompétence. C'est au minimum un Scandale dans les Maison de Retraite – 11.000 MORTS!»

Cette semaine, Donald Trump passe un cap dans les surnoms.

Joe Biden est devenu «Joe Hiden'» (hidden = «planqué»). Ça marche bien à l'écrit mais pas trop à l'oral, puisque comme chacun sait, le i de Biden diphtongue (on prononce «Baïdeune») alors que le participe passé du verbe to hide, hidden, a un i court (mais vous le saviez grâce à madame Jourdain, votre prof de collège qui vous a fait apprendre par cœur vos verbes irréguliers).

L'administration Obama-Biden, elle, devient «OBiden», ce qui a inexplicablement un petit côté écossais.

«Joe Gros Dodo le Planqué a, selon ses propres équipes, fait un travail épouvantable dans une situation bien plus facile, la grippe porcine H1N1. L'administration OBiden a méchamment échoué là-dessus, & maintenant il se détend dans sa cave et critique tout ce qu'on fait sur le Virus Chinois. ON FAIT DU SUPER BOULOT!»

Je reconnais éprouver une certaine admiration pour sa créativité –et pour son manque de vergogne, dans la mesure où il ne porte quasiment jamais de masque:

«Joe le Planqué descend de son avion, attrape et serre la main d'un homme assez stupéfait (comme au bon vieux temps) puis touche son visage et son masque (à Joe) avec la même main. Pas de foule, pas d'enthousiasme pour Joe aujourd'hui. La loi & l'ordre!»

La loi et l'ordre, donc.

Petite retour sur l'obsession capillaire du moment:

«Nancy Pelosi la Folle a dit qu'elle avait été “piégée” par le propriétaire du salon de beauté quand elle a de façon très déplacée fait ouvrir le salon (et n'a pas porté de MASQUE!). Qui veut d'une présidente de la Chambre qui se laisse si facilement PIÉGER?»

«Nancy Pelosi dit qu'elle s'est fait “piéger” par le propriétaire d'un Salon de Beauté. Peut-être le propriétaire du Salon de Beauté devrait-il diriger la Chambre des représentants à la place de Nancy la Folle?»

Mais comme souvent dans cette campagne où la décence a péri depuis belle lurette, le scandale change soudainement de camp.

Le magazine The Atlantic vient de publier un article dans lequel il révèle que Donald Trump, au cours d'une visite en France, a parlé avec le plus grand mépris des soldats américains morts au combat pendant la Première Guerre mondiale. Et s'il y a bien un sujet avec lequel on ne plaisante pas en Amérique, c'est le respect dû aux militaires, morts ou vivants.

Ce n'est pas la première fois que Trump se voit reprocher son manque de déférence pour les soldats, notamment ceux qui ont été prisonniers: «Ce n'est pas un héros de guerre, avait-il déjà dit du sénateur républicain John McCain en 2015, c'était un héros de guerre parce qu'il a été capturé. J'aime les gens qui n'ont pas été capturés.»

Selon The Atlantic, Trump aurait qualifié les soldats tombés pendant la Grande Guerre de «losers» et de «pigeons».

«Je n'ai jamais été un grand fan de John McCain, je n'étais pas d'accord avec beaucoup de choses notamment les ridicules guerres sans fin et son échec avec les VA et nos Super Vétérans, mais la mise en berne des Drapeaux Américains de nos Nations [sic] et les obsèques de première classe que le pays lui a offertes ont dû être approuvées par moi, en tant que président, & je l'ai fait sans hésitation ni plainte. Bien au contraire, j'ai trouvé que c'était bien mérité. J'ai même envoyé Air Force One pour apporter son corps, dans un cercueil, de l'Arizona à Washington. Ça a été un honneur pour moi de le faire. Et aussi, je n'ai jamais qualifié John de loser et je jure sur tout ce sur quoi ou sur qui j'ai dû jurer que je n'ai jamais qualifié nos grands soldats tombés d'autre chose que de héros. Ce sont encore des Fake News fabriquées de toutes pièces et communiquées par des ratés dégoûtés et jaloux dans une honteuse tentative d'influencer les Élections de 2020!»

Vendredi 4 septembre

Aujourd'hui, tout va bien:

«Super Chiffres pour l'Emploi! 1,37 Million d'Emplois Supplémentaires en Août. Le taux de Chômage Tombe à 8,4% (Wow, bien mieux que prévu!). On a franchi le seuil des 10% plus vite et plus profondément qu'on le croyait possible.»

Sauf pour la presse (et surtout pour The Atlantic):

«The Atlantic est moribond, comme la plupart des magazines, alors ils fabriquent une fausse histoire pour se rendre intéressants. Article déjà démenti, mais c'est contre ça qu'on se bat. Tout comme le Fake Dossier. On se bat encore et encore jusqu'à ce que les gens se rendent compte que c'était une imposture absolue!»

Mais Trump ne fait pas que tweeter, jouer au golf et faire campagne. Il œuvre aussi pour la paix au Proche-Orient:

«Encore une grande journée pour la paix avec le Proche-Orient –le Kosovo à majorité musulmane et Israël se sont mis d'accord pour normaliser leurs liens et établir des relations diplomatiques. Bien-joué! D'autres nations arabes et islamiques suivront bientôt!»

La signature à la Maison-Blanche d'un accord de «normalisation économique» entre Serbie et Kosovo s'est assortie de l'annonce d'ouvertures d'ambassades à Jérusalem –notamment d'une ambassade serbe, ce qui a paru surprendre en tout premier lieu le président Aleksandar Vučić, qui venait d'en signer la déclaration dans le bureau Ovale et qui n'avait apparemment pas été informé de toutes les clauses du contrat avant que Donald Trump ne les annonce comme étant chose faite:

Enfin, Trump passe une partie de la journée à tweeter des démentis des accusations de The Atlantic, épaulé par madame, qui prend la parole pour défendre l'honneur de son époux et dénoncer «l'activisme» des journalistes:

«Merci à notre merveilleuse Première Dame!»

Samedi 5 septembre

Décidément, la pilule ne passe pas. Ce que la gestion calamiteuse de la pandémie, le refus de condamner les milices, le racisme, les scandales sexuels et la mise en cage d'enfants séparés de leurs parents n'ont pas réussi à faire, l'article de The Atlantic semble y parvenir: Trump a peur pour sa réputation –et pour cause.

Certes, après quatre années de trumpisme, l'Amérique est épouvantablement divisée et la population clivée comme jamais, ce qui ne peut que jouer en sa faveur. Mais s'il y a bien un domaine sur lequel Républicains et Démocrates, Noirs et Blancs, hommes et femmes se retrouvent dans ce pays où la violence est érigée en valeur, c'est le respect de l'armée. The Atlantic a frappé là où ça fait mal.

«Vous travaillez si dur pour l'armée, il a fallu reconstruire un gâchis qui manquait de tout laissé par OBiden, réparer un département des Anciens Combattants fichu et se battre pour des augmentations de salaire à grande échelle pour les troupes, et là un journaliste dégueulasse, qui travaille peut-être avec des gens pas contents, invente une accusation vraiment horrible. Ça me rappelle le Dossier Dégueu, très mis en avant par John McCain, & qui s'est avéré une totale imposture au grand jour. Et plein d'autres arnaques. L'Extrême Gauche Radicale est MALVEILLANTE, ils seront prêts à faire ou à dire n'importe quoi pour gagner. Mais ça n'arrivera pas, nous GAGNERONS & aurons quatre grandes années!»

Retour à la politique et au scandale du salon de coiffure. Trump, pas chien, accable encore et toujours Pelosi mais reconnaît qu'elle ferait du meilleur boulot que Biden (elle n'est pas candidate à la présidentielle, mais on ne va pas s'arrêter à des détails).

«Nancy Pelosi a dit qu'elle avait été “piégée” par le propriétaire (très bon) d'un salon de beauté. Si c'est vrai, comment fera-t-elle pour négocier contre le Président Xi de Chine, le président Poutine de Russie ou Kim Jong Un de Corée du Nord. Pas trop bien j'imagine, mais beaucoup mieux que ne le ferait Joe le Planqué!»

Petite anecdote du week-end: d'une part, Donald Trump se prétend trop occupé à préparer sa réélection pour participer à un défilé de bateaux en son honneur (il golfe), et d'autre part, le défilé en question a fini en eau de boudin pour au moins quatre de ses embarcations, qui ont sombré (trop de vagues).

«J'aimerais vous rejoindre, mais je suis totalement concentré sur le 3 novembre. Merci!! #MAGA»

Dimanche 6 septembre

Il n'est pas encore 6h30 du matin, mais le président a la patate:

«Sois malin, Baltimore! Ça fait des années que les Démocrates vous volent et vous n'avez rien récolté d'autre que pauvreté et criminalité. Ça ne fera qu'empirer À MOINS QUE VOUS N'ÉLISIEZ KIMBERLY KLACIK AU CONGRÈS. Elle apporte avec elle la puissance & LA FORCE ÉCONOMIQUE DU PARTI RÉPUBLICAIN. Elle travaille teeeeellement dur que Baltimore va changer du tout au tout, et je l'aiderai. La criminalité va énormément baisser, l'argent et les emplois vont couler à flot. La vie sera BIEN meilleure parce que Kimberly s'en soucie vraiment. Les Dems ont eu 100 ans et ils ne vous ont rien donné d'autre que des chagrins. Baltimore est la PIRE DANS LE PAYS, Kimberly va arranger ça, vite fait. Le bénéficiaire actuel n'a aucune chance, et il n'essaie même pas. Comme je l'ai souvent dit, Baltimore est dernière partout QU'AVEZ-VOUS À PERDRE BON SANG! Kimberly a tout mon soutien, ce que je ne fais pas à la légère. Profitez-en et FAITES DE BALTIMORE UNE GRANDE VILLE!»

Toujours enragé contre The Atlantic, Donald Trump s'en prend cette fois à la veuve de Steve Jobs, qui en est actionnaire (et incidemment est donatrice de la campagne de Biden).

«Steve Jobs ne serait pas content que sa femme gaspille l'argent qu'il lui a laissé pour un Magazine en déroute de la Gauche radicale géré par un arnaqueur (Goldberg) qui vomit des FAKE NEWS & DE LA HAINE. Appelez-la, écrivez-lui, faites-lui savoir ce que vous pensez!!!»

Ce dimanche, Trump relaie également sur son compte un tweet de Dan Scavino, conseiller en communication à la Maison-Blanche, où l'on voit un manifestant antifa dont les pieds prennent feu.

Petite cruauté supplémentaire et gratuite: ces images sont commentées par Steve Inman qui, faute d'événements sportifs à commenter, «commente n'importe quoi en attendant que les sports en direct et les MMA reprennent», comme il l'explique dans sa bio Twitter, et qui se fout copieusement de l'homme que l'on voit brûler sur les images.

Retrouvez l'actualité de la campagne présidentielle américaine chaque mercredi soir dans Trump 2020, le podcast d'analyse et de décryptage de Slate.fr en collaboration avec l'Ifri et TTSO.

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