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La Russie est en train de remporter la guerre de la propagande. Sauf en France.

Temps de lecture : 2 min

Vladimir Poutine en direct sur des écrans de Krasnoyarsk, en Sibérie, le 17 avril 2014. REUTERS/Ilya Naymushin
Vladimir Poutine en direct sur des écrans de Krasnoyarsk, en Sibérie, le 17 avril 2014. REUTERS/Ilya Naymushin

Il y a un an, a été lancée Ruptly, une nouvelle agence de presse vidéo russe. Elle ressemble à une agence, avec 110 journalistes, venus de différents pays: Espagne, Grande-Bretagne, Russie, Pologne. Mais c'est en fait «Kremlin TV» explique Spiegel online. Elle est financée par le Kremlin, et si elle propose certaines vidéos montrant des arrestations d'opposants russes, elle diffuse en fait surtout les vues de Vladimir Poutine, qu'elle soutient.

«Concernant l'Est de l'Ukraine, l'agence offre presque exclusivement des vidéos favorables aux soutiens pro-russes de la République Populaire de Donetsk, fondée par des séparatistes. On y trouve aussi les vues de radicalistes comme l'anglais Nick Griffin ou l'allemand d'extrême-droite Olaf Rose, idéologue du NPD, parti néo-nazi, excitant la haine à l'égard de l'Union Européenne et de sa politique ukrainienne».

Selon Ivan Rodionov, le directeur de l'agence, les vidéos sont achetées par près de 200 clients, parmi lesquels des chaînes allemandes, publiques et privées. Les médias allemands ont d'ailleurs, selon lui, emboîté le pas à leur couverture média de la crise en Ukraine.

«Nous sommes dans une guerre de propagande acharnée», selon Andrew Weiss, vice-président des études du Carnegie Endowment for International Peace, think tank influent de Washington. «Moscou regarde au-delà du court terme, cherchant à influencer l'opinion sur le long terme» dans les pays occidentaux poursuit Margarita Simonyan, rédactrice en chef de RT, anciennement connu comme Russia Today, propriéraire de Ruptly.

Le Kremlin investit environ 100 millions d'euros par an dans les médias russes installés à l'étranger afin d'influencer le public occidental, explique le Spiegel.

L'ancien diplomate et écrivain Vladimir Fédorovski, dans le Figaro, prévenait cependant contre le risque inverse: croire à tout prix les opposants au Kremllin, percevoir la situation de la région de manière manichéenne. «Les journalistes occidentaux sont instrumentalisés», jugeait-il:

«Même à la fin du communisme, période que je connais très bien, les journalistes étaient plus prudents, et les informations fausses ou non vérifiées finissaient par être démasquées —on se souvient de l'affaire des charniers de Timișoara. Aujourd'hui, c'est pire que du deux poids-deux mesures, je suis ahuri par le manque de professionnalisme des journalistes, notamment français.»

Il leur reproche de se faire avoir par une propagande anti-russe:

«Il y a une propagande exagérée du côté russe aussi, évidement. Mais cela peut se comprendre: les journalistes russes vivent sous un régime autoritaire et n'ont pas vraiment le choix. Mais en Occident, la propagande est le triomphe du politiquement correct qui prime sur l'analyse.»

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