Abdollah Hosseinzadeh a été poignardé à mort à l'automne 2007 dans son pays, en Iran. Il avait alors 18 ans et son assassin, Balal, fut condamné à mort. Il allait être exécuté quand la mère de la victime est intervenue pour le grâcier. Elle a raconté les faits au Guardian, qui publie son interview.
Samereh Alinejad avait déjà perdu un fils dans un accident de moto et était déterminée à voir le responsable de son deuxième deuil mourir.
«Nous n'avions pas pu dormir la veille de l'exécution, nous sommes tous restés éveillés jusqu'au matin», raconte-t-elle au Guardian. «J'avais dit à mon mari deux jours plus tôt que je ne pouvais pas accorder mon pardon à cet homme, que peut-être il y avait une possibilité mais que je ne pouvais pas me convaincre de lui pardonner».
Selon la code pénal iranien, c'était en l'occurrence la mère de la victime qui pouvait personnellement exécuter le condamné - donc pousser la chaise sur laquelle il se tenait pour que la corde le pende. Il avait le noeud autour du cou, et sa famille dans l'assistance; et quelques instants avant ce qui devait être sa mort il a imploré le pardon de Samereh Alinejad en criant, en la suppliant de penser à ses parents à lui.
«J'étais en colère, j'ai crié comment je peux te pardonner, est-ce que tu as pensé au père et la mère de mon fils toi?» Jusqu'à ce qu'au lieu de pousser la chaise pour le pendre, Alinejad décide de le gifler. «Après ça, j'avais l'impression que ma colère s'était dissipée de mon coeur. Comme si le sang dans mes veines avait recommencé à couler».
Ce témoignage, rapporté par le Guardian, intervient comme épilogue d'une histoire qui a ému le monde entier. D'autant plus que les grâces sont extrêmement rares en Iran, pays qui exécute le plus de condamnés au monde proportionnellement à sa population. Amnesty International rappellait en mars dernier que 704 Iraniens ont été pendus en 2013 selon leurs estimations. 369 exécutions ont été officiellement reconnues par Téhéran, dont 44 se sont déroulées en public, «le plus souvent au moyen d'une grue soulevant dans les airs le condamné à mort» expliquait l'organisation internationale. Le régime iranien garde secrètes de nombreuses exécutions.