Xu Ye’an, 58 ans et chef adjoint du ministère chinois des «lettres et des demandes», s’est tué dans son bureau cette semaine, dans des circonstances suspectes. C’est le dernier en date d’une série récente de suicides de fonctionnaires haut-placés.
Simon Denyer, du Washington Post, rapporte que ces décès soulèvent des questions, notamment celle de savoir si la campagne anti-corruption ultra-médiatisée du Président Xi Jinping «met tant de pression sur le Parti communiste que certains de ses membres en viennent à se donner la mort».
Les circonstances de ces différents décès tendent à appuyer cette théorie. Xu n’était pas connu comme étant l’objet d’une enquête, mais l’un de ses supérieurs a récemment été renvoyé pour avoir violé les règles du parti, et son bureau –chargé d’enregistrer les plaintes des citoyens– a fait l’objet de multiples allégations de corruption par le passé.
Le suicide de Xu survient après celui de Li Wufeng, le vice-ministre de l’Information, communément appelé «premier flic de l’Internet», qui s’est donné la mort en sautant du sixième étage de son bureau en mars. Le South China Morning Post explique que Li avait été «interrogé plusieurs fois par les officiers chargés de la discipline du Parti communiste ces derniers mois, mais la nature de ces entretiens n’étaient pas claire».
Zhou Yu, un haut fonctionnaire de la police de Chongqing qui s’est pendu dans sa chambre d’hôtel la semaine dernière, avait été impliqué dans les accusations de crime organisé avec le maire Bo Xilai, aujourd’hui en disgrâcé. Bo, ancien pouvoir montant du Parti communiste, a été condamné à la prison à vie l’année dernière pour affaires de corruption.
Dans les suicides récents, notons celui d’un responsable de la sécurité des bâtiments de Fenghua, où un vieil appartement s’est récemment effondré, et celui d’un responsable d’une puissante compagnie publique.
Le timing de tout cela n’est peut-être qu’une grosse coïncidence. Le taux de suicide en Chine est assez élevé par rapport aux standards internationaux. Mais au vu des mesures drastiques mises en place par Xi Jinping –182.000 fonctionnaires ont été condamnés l’an dernier, selon les chiffres officiels– et les condamnations maximales que risquent les responsables, ce ne serait pas surprenant que certains fonctionnaires soient plus stressés que d’habitude.
Joshua Keating
Traduit par Camille Jourdan