Vous l’avez peut-être appris sur le Point, le Figaro, le Nouvel Observateur, Europe 1 ou encore Direct Matin, qui l’ont repris d'une dépêche AFP parue le 29 janvier: Edward Snowden fait partie des personnalités nommées pour le prix Nobel de la paix 2014. Une «fausse nouvelle» qui «devrait être ignorée», affirme Michael Moynihan sur le Daily Beast.
Selon lui, les médias qui ont relayé l’info «se sont fait avoir par la vieille histoire de la “personnalité dont je partage les opinions politiques qui est nommée pour la récompense la plus inutile de la planète”». Moynihan considère en effet que les nominations au prix Nobel de la paix n’ont aucune importance, du fait du nombre «absurde» des personnes autorisées à les soumettre.
Nous avions listé ces dernières en 2009: les membres des parlements nationaux, des gouvernements, des cours internationales «par statut», de même que les recteurs d'université, des professeurs de sciences sociales, d'histoire, de philosophie, de droit et les directeurs d'instituts de recherche sur la paix ou les relations internationales. Tous peuvent nommer quelqu’un au Nobel de la paix. Ce qui explique des nominations curieuses comme celles de Mussolini et Staline, proposés chacun à deux reprises, ou encore de Hitler, proposé en 1939.
Et pourtant, comme l’explique David Weigel sur Slate.com, «les “nommés” au prix Nobel de la paix sont un sujet bidon recyclé chaque année, avec de nouvelles célébrités qui se succèdent dans les gros titres». Avant Snowden, nommé par deux parlementaires norvégiens de gauche, Vladimir Poutine a lui aussi été nommé fin 2013 par une association locale, Nicolas Sarkozy en 2012 par le député Eric Raoult, ainsi que Wikileaks, en 2011, par un des deux députés norvégiens à l’origine de la nomination de Snowden.
Les médias ne se privent pourtant pas de relayer ces non-informations chaque année, phénomène sur lequel Michael Moynihan avance une explication:
«Si vous avez entendu parler d’une nomination comme celle de Snowden, c’est très certainement l’auteur de cette nomination qui aura voulu lancer l’information —parce que toutes les soumissions sont tenues secrètes par le comité Nobel pendant 50 ans.»