A Sotchi, la Russie promet des mesures de sécurité extraordinaires pour les Jeux olympiques d'Hiver. Malheureusement, souligne BusinessWeek, le plus gros problème de sécurité pendant les Jeux ne sera pas le village olympique et les installations sportives... mais tout le reste.
Les deux attentats à la bombe qui ont fait plus d'une trentaine de morts les 29 et 30 décembre 2013 à Volgograd (ex-Stalingrad), ville du sud-ouest de la Russie située à 700 kilomètres de Sotchi, le démontrent. CBS News relate que pour Matthew Clement, expert en sécurité de l'IHS Londres, les attaques «prouvent la capacité des militants à frapper des cibles faciles en dehors de leur zone d'opération habituelle du Nord-Caucase. Alors que les très strictes mesures de sécurité qui seront mises en place pendant les Jeux rendront très difficile toute attaque contre les installations olympiques, les infrastructures de transports de Sotchi et la région de Krasnodar feront face à un risque élevé d'attentat».
BusinessWeek relève aussi que les attaques passées, de même que les attentats des 29 et 30 décembre, sont la preuve des lacunes de la Russie en matière de prévention des attentats. A la gare de Volgograd, où a eu lieu la première explosion, les usagers doivent passer un portail de détection métallique pour pénétrer dans le bâtiment. Or, la bombe a explosé devant la gare, tout comme l'attentat de l'aéroport Domodevo à Moscou en 2011 (37 morts) a eu lieu dans un hall d'arrivées internationales qui n'était pas sécurisé. En octobre 2013, encore à Volgograd, un attentat perpétré dans un bus a tué six personnes.
C'est particulièrement cette faiblesse de la sécurité des infrastructures de transport public qui pose les plus gros problèmes de sécurité: outre sa situation très proche des régions du Nord-Caucase, base arrière connue des djihadistes militants selon Business Week, Sotchi est une ville peu accessible. A moins d'emprunter un avion privé, son aéroport n'accueille que des vols domestiques, majoritairement en provenance de Moscou et Saint-Petersbourg. Les trains, eux, traversent de très nombreuses villes durant leur parcours, dont Volgograd.
Pour Olga Oliker, une analyste russe de la Rand Corp., et selon USA Today, l'objectif des djihadistes serait de terroriser les civils et de convaincre la population que la Russie ne peut pas assurer la sécurité des Jeux. L'objectif du gouvernement russe est donc maintenant de se prémunir de nouvelles attaques, comme l'a déclaré Alexei Malashenko, du Carnegie Moscow Centre, à NDTV:
«Nous devons craindre tout le monde, depuis les loups solitaires jusqu'aux musulmans russes qui sont allés combattre en Syrie et en reviennent. Nous ne savons pas où ou quand la prochain explosion aura lieu, mais nous savons qu'elle aura lieu.»