Mes bien chères sœurs, il est arrivé une chose merveilleuse. Les chercheurs de Microsoft sont en train de mettre au point un soutien-gorge intelligent qui avertit les femmes de leur niveau de stress, et ce afin de leur permettre d’éviter «la suralimentation émotionnelle».
Selon la BBC, l’objet «comporte des capteurs amovibles qui surveillent l’activité du cœur et de la peau pour fournir une indication de l’humeur». Le soutien-gorge mesure votre activité cardiaque et l’envoie à une application de votre téléphone, qui vous conseille alors d’éviter le frigo, parce que vous êtes stressée, ou de prendre votre courage à deux mains et de sortir de la cuisine (Restons calme! Je peux le faire!) Mais quel signe de progrès que la technologie reconnaisse enfin la sainte trinité de la féminité: instabilité émotionnelle, obsession du poids et de la nourriture! Ces chercheurs nous ont trop bien comprises! (Pourvu que le soutien-gorge soit rose!)
La seule et unique minuscule réserve que je pourrais éventuellement émettre est que je ne suis pas vraiment sûre d’avoir besoin que mes sous-vêtements me disent quand je suis angoissée –C’EST BON JE SUIS AU COURANT OK?– tout comme je n’ai pas besoin que mes seins m'avertissent qu'il pleut dehors.
D’un autre côté, parfois on croit savoir ce qu’on ressent, mais en réalité on a juste besoin que notre soutif nous l’explique parce que sinon on va se jeter sur la bouffe.
Mon hypothèse de travail est que le soutien-gorge intelligent a en fait été conçu par Bryan Goldberg, le même éminent personnage qui nous a donné Bustle, le site Internet fait pour les femmes. («Je ne fais peut-être pas la différence entre eyeliner, mascara et anticerne, mais j’ai bien compris que les femmes avaient des nichons. Et des sentiments», pourrait tout à fait sortir de la bouche du fondateur de Bustle).
En attendant que j’en apporte l’indiscutable preuve, écoutons les spécialistes en informatique de l’université new-yorkaise de Rochester et de l’université britannique de Southampton décrire dans un article publié cette année comment le produit qu'ils mettent au point pourrait fonctionner:
«Sally est rentrée du travail depuis quelques heures, et elle s’ennuie. Une application du téléphone de Sally a lui aussi détecté qu’elle s’ennuyait en lisant son état physiologique par le biais de capteurs placés dans ses vêtements. Comme cette application a déjà appris que Sally est plus susceptible de manger quand elle s’ennuie, elle déclenche une intervention pour la distraire et, si possible, l’empêcher de manger à ce moment-là.»
Quel genre d’intervention distrayante? L’article ne le dit pas, mais j’espère que ce sera des lumières qui clignotent et une voix de baryton qui se mettra à crier:
«Sally c’est ton soutif qui te parle! Pas touche aux cacahouètes!»
La suralimentation émotionnelle est peut-être un vrai problème (pour les deux sexes), mais il est difficile d’imaginer qu’un message téléphonique dans ce contexte puisse ne pas culpabiliser la femme qu’il est censé «protéger» –et nous savons tous à quel point la culpabilisation est efficace pour faire perdre du poids.
Mais bon, peut-être que Sally n’aura pas honte du tout parce que ses seins seront teeeeellement jolis dans son nouveau soutien-gorge! Peut-être même que le bidule va l’inscrire d’office à un cours de gym et interpréter ses rêves. Peut-être que Sally et son soutif futé vivront de fabuleuses aventures –Sally qui recharge son soutien-gorge toutes les trois à quatre heures, Sally épaulée par son soutien-gorge fidèle qui gère ses angoisses tout en gardant bien cachés ses sombres secrets de pillage de frigo. Enfin jusqu’à ce qu'il apprenne à tweeter.
Katy Waldman
Traduit par Bérengère Viennot