Ben Leo, du Centre pour le développement global, a publié en décembre une nouvelle étude qui part d'un postulat brillant: certes, nous donnons de l’argent aux pays pauvres, mais nous devrions passer plus de temps à regarder ce dont les habitants de ces pays ont vraiment besoin.
L’étude se penche sur ce que les habitants considèrent comme les problèmes les plus urgents du pays, sur la base d’un sondage dans 42 pays africains et latino-américains.
Dans le cas de l'Afrique, les priorités principales sont les suivantes selon Ben Leo:
- 1• travail et revenus
- 2• infrastructures
- 3• politiques économiques et financières
- 4• inégalités
Depuis 2002, ces problèmes ont régulièrement représenté 70% des réponses de l’enquête. (Notez que la santé, l’éducation et l'instabilité politique ne sont pas sur la liste.)
Les Etats-Unis concentrent-ils leur aide sur ces problèmes-là? Loin de là.
Selon Ben Leo, «la part d'engagements de développement américains qui correspondent à ce que les Africains citent comme leurs trois plus gros problèmes n'a dépassé 50% que dans deux pays africains durant les dix dernières années». Ces pays sont le Botswana, où le programme PEPFAR aide à la lutte contre le sida, et le Burkina Faso, où la Millennium Challenge Corporation a versé des subventions pour les infrastructures.
La plupart des pays sont plutôt comme le Kenya, où seulement 6% des cinq milliards de dollars versés par les Etats-Unis pour le développement au cours de la dernière décennie sont allés sur les trois problèmes majeurs du pays: le chômage, les mauvaises infrastructures et les mauvaises conditions économiques.
Bien sûr, on peut aller loin avec cette logique. Pour dire les choses crûment, la majorité de la population –qu’elle soit en Afrique, aux Etats-Unis ou ailleurs– ne sait pas toujours ce qui est bon pour elle. Les politiques intelligentes ne sont pas toujours conformes à l'opinion publique, et ce n'est pas parce que les gens ne disent pas qu'ils se soucient de la santé publique ou de l'éducation dans les sondages que cela signifie que ce ne sont pas des problèmes graves que des dons peuvent aider à résoudre.
Mais dans un monde aux ressources limitées, ignorer tout simplement les priorités des gens que vous essayez d'aider ne semble pas être une excellente façon de concevoir la politique. Peut-être faudrait-il s'intéresser un peu moins aux moustiquaires et aux manuels scolaires et un peu plus aux routes et aux emplois.
Joshua Keating
Traduit par Alexandra Le Seigneur