La dernière édition, publiée le 3 décembre 2013, de l’enquête «America’s Place in the World» («la place de l’Amérique dans le monde») que mène tous les quatre ans le Pew Research Center, ne se contente pas de montrer un décin général du soutien envers les engagemens internationaux des États-Unis, ainsi qu’un pessimisme quant au futur de la puissance étasunienne. Elle nous apprend également que les Américains sont quelque peu divisés à propos de leurs alliés préférés.
Le tableau ci-dessous classe par parti politique les opinions favorables des sondés envers chaque pays.
Globalement, le Canada et l’Angleterre sont les alliés les plus populaires tandis que l’Arabie Saoudite et la Russie sont les moins appréciés. Dans le cas de la France, 50% des sondés républicains ont une opinion favorable du pays, contre 67% des démocrates: c’est le plus gros écart d’opinion entre les deux partis sur un pays étranger, après Israël.
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Si, globalement, la France demeure le 7e allié préféré des Américains, curieusement, les Français font preuve d’un talent particulier pour rester mal vus des Républicains. La France était le plus farouche opposant du militarisme américain durant les années Bush, mais s’est transformée désormais en partisan majeur de l’ingérence humanitaire, au moment même où le parti républicain devient de plus en plus isolationniste et critique à l’égard de la promotion de la démocratie.
Plus généralement, ce sont tous les Étasuniens qui semblent perdre confiance dans l’interventionnisme de leur pays. Pour la première fois depuis 1964, la majorité des sondés préfèrent que leur pays «s’occupe de ses propres affaires à l’international et laisse les autres pays se débrouiller du mieux qu’ils peuvent»; un renversement d’opinion qui s’est amorcé récemment. Sur ce point, les démocrates et les républicains divergent moins que sur leurs affinités pour la France.
La France qui, de son côté, renforce sa présence en Centrafrique après être intervenue au Mali en début d’année (ce qui lui a value d’être qualifiée de «leader du monde libre» par le Daily Beast), et avoir affiché en août dernier son soutien à une éventuelle intervention militaire en Syrie. Comme nous l'écrivions à cette époque, le temps des «freedom fries» semble bien loin.