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Assassinat de Kennedy: la lettre prophétique qui lui disait de ne pas venir à Dallas [DOCUMENT]

Temps de lecture : 2 min

Ce qu'écrivait à la Maison Blanche une habitante de Dallas quelques jours avant la venue de JFK dans la ville du Texas apparaît aujourd'hui cruellement prophétique.

JFK à Dallas / REUTERS et la lettre de Nelle Doyle / Montage Salte.fr
JFK à Dallas / REUTERS et la lettre de Nelle Doyle / Montage Salte.fr

Cette lettre, écrite par Nelle Doyle, une femme vivant à Dallas, au porte-parole de la Maison Blanche Pierre Salinger, paraît étrangement prophétique après les événements du 22 novembre 1963:

«Cher Monsieur Salinger,
Je ne pense pas être une alarmiste, mais j'espère ardemment que l'on pourra dissuader le Président Kennedy d'apparaître en public à Dallas, tout autant que j'aurais apprécié de l'écouter et de le voir.
Cette "mafia" ici à Dallas est frénétique et furieuse parce que leur attaque contre l'ambassadeur Adlai Stevenson du 24 s'est retournée contre eux. J'ai entendu dire que certains d'entre eux disaient que cela "ne faisait que commencer".
Tous les policiers, les hommes en civil ou les militaires ne peuvent pas contrôler "l'air", Monsieur Salinger –c'est une pensée terrible, mais tout cela me rappelle le destin du président McKinley.
Ces gens sont fous, ou affolés, et je suis sûre que nous réaliserons combien leurs actions à l'avenir sont imprévisibles.»

Comme Steven L. Davis et Bill Minutaglio, auteurs d'un livre sur la situation politique à Dallas en 1963, ont pu l'écrire, Dallas était un foyer d'activisme d'extrême droite au début des années 1960. La ville avait des liens historiques ténus avec le Ku Klux Klan; dans les années 1920, Dallas avait le taux le plus élevé par habitant de membres du KKK aux Etats-Unis. Dans les années 1950 et 1960, la résistance à l'intégration scolaire et aux droits civiques catalysaient les idées de droite dans la ville.

Dallas était également la ville d'Edwin A. Walker, ancien général dont l'engagement dans l'anti-communiste John Birch Society et la vive opposition à Kennedy s'est intensifiée après son départ de l'armée (pour en savoir plus sur Edwin A. Walker, vous pouvez lire «JFK, recherché pour "trahison"»).

Le Révérend W.A. Cristell, pasteur de la puissante First Baptist Church de Dallas, avait mené campagne contre Kennedy sur la base de son catholicisme lors des élections de 1960. Et le Morning News, plus gros quotidien de l'Etat, avait une couverture éditoriale conservative, attaquant la NAACP (association pour «l'avancement des gens de couleur»), et commémorant la Confédération «au nom des droits des Etats».

L'«attaque contre l'ambassadeur Adlai Stevenson» dont Nelle Doyle parle a eu lieu le 24 octobre 1963, alors que Stevenson, ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, tenait un discours au Memorial Auditorium Theater. L'article du Time de l'époque raconte que «que des chahuteurs dispersés ont poussé des "hou" et "bouh"» durant le discours.

Quand Stevenson a quitté la salle et a essayé de se frayer un chemin à travers les manifestants anti-Nations unies qui se trouvaient à l'extérieur du bâtiment, il s'est arrêté pour parler avec une femme, Cora Lacy Fredrickson, qui l'a frappé sur la tête avec sa pancarte.

Pierre Salinger a répondu à Nelle Doyle le 8 novembre qu'il avait «apprécié» sa lettre. Ajoutant:

«Je pense qu'il serait vraiment malheureux s'il y avait une seule ville des Etats-Unis dans laquelle le Président ne pourrait se rendre.»

Rebecca Onion

Traduit par Cécile Chalancon

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