Si vous avez 650.000 euros sous le coude, vous pourrez bientôt les utiliser pour vous acheter la citoyenneté maltaise. Même pas besoin d’y habiter, tant que vous payez, vous êtes maltais.
Si vous êtes déjà citoyen de l’Union européenne, vous gagnerez peut-être au change quant à la fiscalité, mais si jamais vous n’êtes pas ressortissant de l’UE, vous obtiendrez en plus le droit de vous déplacer dans les 28 pays de l’Union, Malte faisant partie de l’espace Schengen, rappelle Der Spiegel.
Le 12 novembre, la majorité au pouvoir a approuvé la loi controversée sur l’achat de la citoyenneté maltaise au parlement de La Valette, malgré le vote contre de l’ensemble des députés de l’opposition. «Il ne reste plus qu’au président du pays […] à ratifier la loi», analyse Euronews.
Le Premier ministre Joseph Muscat voit dans cette loi l’occasion de faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat, et d’attirer des personnes de «haute-valeur», c’est-à-dire qui pourrait investir sur l’île, explique Der Spiegel. Henley and Partners, l’entreprise chargée d’organiser et gérer les formalités administratives des nouveaux arrivants, s’attend à recevoir entre 200 et 300 candidatures par an. Ils seraient déjà 45 potentiels candidats à la citoyenneté, un petit groupe qui devrait rapporter 30 millions d’euros de revenus supplémentaires à Malte, selon les estimations du chef du gouvernement.
Les 15 premiers millions seront injectés dans le budget de l'île et les 15 autres, explique le journal local Malta Today, seront investis «dans un fonds de développement national». Grâce à cela, le gouvernement devrait pouvoir «limiter l’étendue de la taxation indirecte» mais risque aussi de se faire accuser «de dévaluer la citoyenneté de Malte».
C’est en tout cas l’avis du chef de l’opposition Simon Busutill. Selon lui, Malte pourrait bien finir par être comparée «aux paradis fiscaux des Caraïbes» relate The Telegraph. Il a promis de révoquer les personnes qui auraient obtenu la citoyenneté maltaise grâce à cette loi s’il revient au pouvoir.
«C’est l’action du gouvernement qui dévalue la citoyenneté», a déclaré Busutill. Il avait proposé d’ajouter des conditions à l’obtention du passeport maltais comme résider à long terme à Malte ou encore investir dans le pays. Elles ont toutes été rejetées. Selon un sondage réalisé par le journal Malta Today, la population est du même avis que l'opposition, avec 53% contre «la vente de la citoyenneté à des étrangers».
Malte n’est pas le premier des pays européens à tenter d’attirer des capitaux via des conditions attractives pour obtenir la citoyenneté, relève encore The Telegraph. Chypre a commencé à le faire au début de l’année 2013 pour tenter de retenir les épargnants étrangers après l’effondrement de son système bancaire. L’Espagne prévoit d’offrir des permis de résidence à tous ceux qui achèteraient des maisons de plus de 160.000 euros pour tenter de relancer le secteur immobilier. Quant au Royaume-Uni, un système lui permet de donner plus facilement un permis de séjour à tous ceux qui auraient plus d’un million de dollars de finances privées disponible pour investir dans le pays.