Monde

La presse syrienne entre critique et déni

Temps de lecture : 2 min

Des journaux syriens. REUTERS/Khaled al-Hariri.
Des journaux syriens. REUTERS/Khaled al-Hariri.

Plusieurs journaux pro-régime critiquent avec virulence, ce vendredi 30 août, les menaces formulées par l’Occident concernant une éventuelle offensive militaire en Syrie «sans preuve préalable d’attaque à l’arme chimique». Selon le quotidien gouvernemental Al-baath, une opération menée par une coalition présidée par les Etats-Unis, hors résolution onusienne, constituerait une «flagrante violation de la charte des Nations-Unies» et «une attaque contre la mission d’investigation de l’ONU», autorisée lundi par les autorités syriennes à enquêter sur l’usage présumé d’armes neurotoxiques par les forces du régime.

Le quotidien qualifie de mensongères et «hypocrites» les allégations occidentales, accusant l’opposition d’avoir fomenté ces attaques pour préparer le terrain à une éventuelle intervention étrangère, de concert avec «un pays [les Etats-Unis, ndlr] qui n'est pas membre du Traité de non-prolifération des armes chimiques».

Al-baath s’attarde, en outre, sur le discours prononcé jeudi par le représentant permanent de Damas auprès des Nations-Unies, Bachar al-Jaafari, dans lequel il a indiqué avoir demandé au secrétaire général de l’Onu d’enquêter sur trois nouveaux sites où des «groupes terroristes armés» auraient utilisé des armes chimiques contre l’armée de Bachar el-Assad:

«La Syrie condamne l'utilisation d'armes chimiques en Syrie par quiconque et demande qu'ils soient tenus pour responsables […]. La Syrie veut que la mission d'enquête de l'Onu poursuive ses recherches et qu’un rapport objectif et scientifique soit présenté au Conseil de sécurité pour étude.»

Syndrome Powell

Selon le quotidien, citant al-Jaafari, le gouvernement syrien détiendrait des informations confirmées prouvant l'implication du Qatar, de l'Arabie Saoudite, de la Turquie et d'autres gouvernements, y compris les Britanniques, dans des programmes d’utilisation d'armes chimiques à travers des sociétés européennes financés par l'Arabie saoudite et le Qatar.

De son côté, le site du journal Al-Sawra, également proche du régime, a critiqué, par la voix de son éditorialiste Ali Kassem, l’administration américaine et sa diplomatie, affirmant que cette dernière encourait les même risques que ceux rencontrés par l’ancien secrétaire général Colin Powell durant l’intervention militaire en Irak. L’éditorialiste a insisté sur l’inéluctabilité d’une défaite politique en cas d’engagement des Etats-Unis dans une guerre contre la Syrie.

Enfin, l’agence officielle Sana relaie toutes les informations et allocutions mettant en garde contre une intervention militaire, notamment celle du secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, selon lequel le dialogue est la seule solution à la crise, ainsi que celui du ministre des affaires étrangères russe, Sergei Lavrov, qui a affirmé que l’option coercitive mènerait à une déstabilisation de toute la région.

Lutte contre la corruption

Sur un autre ton, et dans une démarche à peine voilée de refléter une image quasi-intacte de la vie politique en Syrie dans le cadre de la guerre psychologique, le site du journal Al-Baath a inclus un bandeau en haut de sa page d’accueil sous le titre «Le miroir du Baas: Interagis», dans lequel il appelle ses lecteurs à contribuer aux efforts visant à lutter contre la corruption en Syrie. L’annonce, de quelques lignes, adressée aux citoyens syriens, indique ce qui suit :

«La lutte contre la corruption a constitué l’une de tes principales attentes de la nouvelle direction du parti Baas.
Contribue à définir les meilleurs moyens pour atteindre cet objectif.
Comment faire pour lutter contre la corruption?»

Cette «bannière publicitaire» fait écho à une vidéo du président syrien retransmise jeudi à la télévision, dans laquelle il tente de renvoyer l’image d’un chef d’Etat serein et en contrôle de la situation.

Bachir El Khoury

Newsletters

Le soft power de la Chine ne fait plus illusion

Le soft power de la Chine ne fait plus illusion

Presque partout dans le monde, la popularité politique de Pékin est en chute libre, et de plus en plus de pays lui tournent le dos.

«Swastika Night», le livre qui a prédit Hitler

«Swastika Night», le livre qui a prédit Hitler

Publiée en 1937, la dystopie de Katharine Burdekin est tombée dans l'oubli. Autopsie d'un récit viscéral et féministe, à mi-chemin entre «1984» et «La Servante écarlate».

L'industrie du miel, en fraude organisée

L'industrie du miel, en fraude organisée

Près d'un miel importé sur deux est coupé avec différents sirops de sucre.

Podcasts Grands Formats Séries
Slate Studio