Jeffrey «Shuki» Gould, vétéran australien de trois guerres israéliennes, a décidé à 82 ans de prendre sa postérité en main. Au cimetière juif de Melbourne, sa pierre tombale est déjà dressée; on peut y lire son nom, sa date de naissances et ses matricules militaires australien et israélien. Seule manque la date de sa mort.
Et en attendant sereinement son dernier jour dans une maison de retraite en Australie, Jeffrey Gould écrit ses mémoires. Il en a communiqué un premier extrait particulièrement étonnant à Ran Porat, qui tient un site destiné aux Israéliens en Australie. Celui-ci a publié les souvenirs du vétéran en hébreu. Haaretz consacre un article à l’étrange révélation du vieil homme.
Jeffrey «Shuki» Gould, ancien agent du Mossad, est persuadé d’avoir aidé à construire les fondations de la centrale nucléaire iranienne de Bushehr, en 1974. A l’époque, cinq ans avant la révolution islamique, Israël et l’Iran coopéraient. Jeffrey Gould était sensé superviser les travaux d’édification d’une base navale, mais il est aujourd’hui convaincu d’avoir réalisé les bases du réacteur. Comme l’explique Ron Porat, cité par Haaretz:
«Paradoxalement, Gould et d’autres Israéliens ont pris part à la construction du réacteur nucléaire qu’Israël perçoit à présent comme une si grande menace. Ce réacteur est devenu la base du programme nucléaire iranien avancé que nous connaissons aujourd’hui.»
Le réacteur, endommagé durant la guerre irano-irakienne des années 1980, a été achevé après le conflit avec l’aide de la Russie. Il a été officiellement inauguré en 2010. Soupçonné d’abriter les travaux de mise au point d’une bombe, le réacteur est aujourd’hui la hantise d’Israël, et ce malgré l’élection en juin d’Hassan Rouhani, ancien négociateur nucléaire qui avait accepté en 2005 l’arrêt provisoire de l’enrichissement de l’uranium. Pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président Rouhani est un «loup déguisé en mouton».
Gould explique avoir quitté l’Iran après avoir fait l’objet d’une attaque terroriste, à l’approche de la révolution islamique. Malgré les séquelles physiques qu’il garde de ses expériences de guerre –il a toujours un éclat d’obus dans l’épaule, qui sonne à chaque fois qu’il passe un portail de sécurité– il affirme que s'il était plus jeune, il repartirait au combat. Quant à révéler des informations classifiées dans ses mémoires, il se montre fataliste:
«J’ai 82 ans. Qu’est-ce qu’ils peuvent me faire?»