Au moins 65 manifestants favorables à l’ancien Président destitué Mohamed Morsi ont été tués samedi au Caire, neuf autres à Alexandrie, selon un bilan fourni par le ministère égyptien de la Santé. Mais ce chiffre est probablement en-deça de la réalité: des médecins parle de 100 tués, selon BBC News. Un porte-parole des Frères musulmans, la mouvance islamiste dont est issu Mohamed Morsi, a dit à Reuters que 66 personnes avaient été tués et que 61étaient dans un état de «mort cérébrale».
A défaut de connaître avec précision le bilan de la répression de ces manifestations, il ne fait aucun doute qu’il s’agit de la plus mortelle poussée de violence depuis le coup d’Etat militaire, remarque Associated Press. Le 8 juillet, 60 pro-Morsi avaient alors été tués. Les autorités égyptiennes ne ressentent pas le besoin de faire preuve de la moindre retenue, analyse le New York Times. Selon l’AFP, au moins 250 personnes sont mortes depuis un mois.
Le ministre égytien de l’Intérieur a défendu ses troupes, déclinant toute responsabilité dans les morts: selon lui, les forces de l’ordre n’ont fait qu’utiliser des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Ce que les médecins contredisent, remarque la BBC: au moins 70% des tués le sont par balles. «Ils ne tirent pas pour blesser, ajoute un porte-parole des Frères musulmans à Reuters, mais pour tuer. Les blessures par balles sont principalement à la tête et à la poitrine.»
La violence de samedi intervient peu de temps après que le président du pays par intérim Adly Mansour a prévenu les manifestants et les sit-ins des pro-Morsi seraient dispersés, écrit le Washington Post. La veille, des millions d’Egyptiens avaient manifesté en soutien aux militaires.
Les morts de samedi enfoncent encore un peu plus le plus peuplé des pays arabes dans le chaos. Les Frères Musulmans ont d’ores et déjà indiqué qu’ils n’abandonneront pas leurs manifestations, quelque soit la violence de la répression: «Nous resterons jusqu’à ce qu’ils nous tuent tous, un à un», a promis l’un d’entre eux à Reuters. «Nous avons les exemples algériens et syriens en tête; nous ne voulons pas que cela se transforme en une guerre civile. Si nous prenons les armes, cela en deviendra une».
Slate.fr