Sur la page fan qu'il a ouvert sur Facebook, Hagen Vogel se présente comme le «peintre d'Hitler». Cet étudiant de 24 ans de l'UdK, l'Université d'Art de Berlin, peint depuis trois ans le portrait du Führer sur une toile aux dimensions modestes de 2,80x1,90 m. Samedi dernier, un commando d'intervention spéciale a forcé la porte de son appartement dans le quartier de Wilmersdorf, à Berlin, et a confisqué le tableau, rapporte le quotidien Der Tagesspiegel.
Ce sont les voisins du jeune homme qui ont donné l'alerte, ayant visiblement aperçu la toile qui trônait dans son appartement, recouverte d'un drap floqué de petites croix gammées et entourée de deux palmiers synthétiques. Une mise en scène étrange, qui témoigne du goût second degré de son auteur pour l'exotisme de carte postale et les chemises hawaïennes.
L'intervention de la police a été musclée, comme Hagen Vogel le raconte au tabloïd BZ:
«Ils ont martelé à ma porte, sonné, vociféré, enfoncé une plaque de porte. Et je me suis soudain retrouvé avec un pistolet mitrailleur sous le nez.»
Le jeune homme n'a pas été arrêté et a ainsi pu prévenir immédiatement ses fans, postant sur Facebook:
«Situation grave: le SEK a enlevé Hitler) X(»
Stefan Redlich, porte-parole de la police, justifie cette intervention auprès du BZ en arguant que les enquêteurs supposaient que l'étudiant était armé, après avoir découvert sur le Net une photographie sur laquelle il posait armé. Une arme airsoft a d'ailleurs été retrouvée à son domicile, mais Hagen Vogel assure qu'il s'agit d'un «jouet».
L'étudiant se défend d'ailleurs de vouloir faire l'apologie du nazisme en peignant le portrait d'Adolf Hitler, explique-t-il à Der Taggespiegel:
«Il ne s'agit que de peinture pour moi. Je veux que les gens regardent seulement l'image et ne voient pas toujours tout avec leur intelligence acquise.»
Il avait récemment fait part de ses intentions d'exposer son tableau lors de la journée annuelle où les étudiants présentent leurs travaux dans les locaux de l'UdK. «J'aurais seulement enfermé le tableau dans une salle; les gens savent ainsi que c'est là mais ne peuvent le voir», explique-t-il.
Mais son projet a été refusé par la direction de l'université. Comme l'explique Claudia Assmann, porte-parole de l'UdK, à Der Tagesspiegel:
«Nous n'exposons que l'art qui a été créé à l'UdK et qui a fait ici l'objet d'une réflexion sur le plan artistique ainsi que sur son contenu.»
Sa démarche artistique n'a également pas remporté de succès auprès des autres étudiants, qui l'ont récemment exclu de l'association de la fac.
Le tableau est désormais entreposé à l'Office de police criminelle de Berlin. C'est maintenant à un juge de décider s'il pourra être restitué à son auteur. Ce dernier déclare avoir d'ores et déjà fait appel à un avocat.