On se souvient des polémiques lexicales, en France, lors des débats sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, sur le remplacement des mots «père» et «mère» dans le Code civil par «parents» ou l’inscription très hypothétique dans les livrets de famille d’un «parent A» et un «parent B».
Le Royaume-Uni, où le Parlement débat actuellement d’un texte similaire, a des débats du même type, nous apprend le Telegraph.
Le gouvernement a en effet délivré aux parlementaires un guide détaillant de quelle façon il fallait désormais comprendre certains vieux textes de loi contenant les mots husband (mari) et wife (femme), comme, par exemple, une loi de 1963 sur les exemptions accordées aux entreprises familiales:
«Cela signifie que "mari", ici, inclura les cas où un homme ou une femme est marié à une personne du même sexe, ainsi qu’un homme marié à une femme. De la même façon, "femme" inclura les cas où une femme est mariée à une autre femme ou un homme marié à un homme. Le résultat est que cette section doit désormais être interprétée comme incluant les cas de mariage de même sexe masculin et féminin.»
En revanche, dans les futurs textes de loi, les termes husband and wife ne désigneront, en dehors de leur sens classique, «que» respectivement les hommes et les femmes en couple homosexuel marié.
En France, la loi sur le mariage gay a elle remplacé, dans plusieurs codes, des dispositions qui ne concernaient que les femmes par des termes génériques (ou plutôt masculins, en l'occurrence), par exemple en ce qui concerne les congés d'adoption.
Comme on se doute, cette nouvelle interprétation lexicale du gouvernement britannique déplaît fortement aux anti-mariage gay. La Coalition for Marriage a ainsi dénoncé le «désordre ridicule» créé par le nouveau texte, affirmant que le gouvernement «planait complètement». L'ancien ministre de Margaret Thatcher Norman Tebbit, membre de la Chambre des Lords, a lui dénoncé du «charabia». La presse conservatrice, qu’il s’agit d'un quotidien de qualité comme le Telegraph ou d’un tabloïd comme le Daily Mail, est elle aussi plus que sceptique, pointant une disposition «confusante» ou un «jeu bizarre sur les mots».