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Virée parce qu'elle dénonce un pédophile

Temps de lecture : 2 min

Polizei / Dominik Schwind via FlickrCC License by
Polizei / Dominik Schwind via FlickrCC License by

Le client est roi dans le petit magasin de photos où travaillait Sara Dahlem jusqu'à l'an dernier. C'est ce qu'a dû penser cette jeune Allemande de 24 ans résidant à Krefeld, une petite ville située dans les environs de Düsseldorf, après avoir prévenu son chef qu'elle avait repéré des images pédophiles parmi les fichiers photos d'un client. Celui-ci n'a eu aucune réaction, rapporte le quotidien Die Welt. Sara Dahlem lui a alors demandé si elle devait prévenir la police. Son employeur a refusé.

Quand elle passe rapidement en revue la clef USB contenant un millier de photos numériques déposée un peu plus tôt par le client, elle découvre avec effroi, au milieu de banales photos de famille, plusieurs photos sur lesquelles on voit deux enfants nus, certaines avec des gros plans sur leurs parties génitales.

Comme elle l'explique au Westdeutsche Zeitung:

«Je me sentais vraiment mal, j'avais mal au ventre.»

La nuit, pétrie de remords de ne pas avoir prévenu la police, elle n'arrive pas à trouver le sommeil. Dès le lendemain, elle se rend au commissariat avec une copie des fichiers photo et donne le nom de l'auteur présumé des clichés. Quand les enquêteurs se rendent ensuite dans le magasin de photos pour s'entretenir avec le propriétaire, celui-ci se montre tout à coup très préoccupé par la gravité des faits. Mais une fois les policiers partis, il appelle la jeune femme et lui explique que la police considère l'affaire comme anodine. Troublée, l'employée contacte à nouveau les enquêteurs et apprend que bien au contraire, l'affaire est prise très au sérieux.

Mais la jeune femme n'est pas au bout de sa surprise. Quand elle se rend au magasin le jour suivant, son employeur lui tend sa lettre de licenciement. Pire, sur l'attestation destinée à l'agence de recherche d'emploi, il note qu'elle a volé des données et brisé la confiance qu'il avait en elle, comme elle l'explique au Westdeutsche Zeitung:

«Mon chef considérait qu'il n'y avait plus de collaboration en toute confiance. Moyennant quoi il avait naturellement raison.»

La police est heureusement intervenue auprès de l'agence pour l'emploi pour expliquer la situation. Le courage dont a su faire preuve la jeune femme est loué par les policiers. Comme l'a déclaré Wolfgang Weidner, porte-parole de la police de Krefeld, interviewé par la chaîne de télévision WDR:

«La pornographie pédophile est un crime totalement abominable et je pense que chacun devrait avoir la courage de la combattre.»

Le courage de la jeune femme a été récompensé cette semaine: elle a été décorée par la mairie et la police de Krefeld d'un prix qui récompense les citoyens qui font montre de courage civil. Mais Sara Dahlem continue de payer le prix pour sa bonne action: huit mois après son renvoi, elle est toujours sans emploi. Elle enseigne aujourd'hui la danse bénévolement à des enfants dans un centre de jeunesse, et a le projet de se mettre à son compte.

Le procureur de Krefeld a porté plainte contre le photographe amateur de pédopornographie, un habitant de Krefeld d'une cinquantaine d'années, mais la procédure a été abandonnée en mai 2013 contre le paiement d'une amende. Aucune plainte n'a été déposée contre le propriétaire du magasin de photos.

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