Plus on s’approche des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi (qui auront lieu du 7 au 23 février 2014), et plus Vladimir Poutine écrase les petites bavures comme une tapette à mouche. Dans son collimateur récemment, l’artiste Vasily Slonov, déjà responsable de ce méfait:

Ilya Naymushin/REUTERS
La tête du président en forme de raquette anti-insectes trônait aux côtés de celle d’autres charmants personnages, type Hitler, au musée de Krasnoïarsk en octobre 2012.
A l’approche des JO, l’artiste en a remis une couche avec une série d’images satiriques présentées dans son exposition «Welcome! Sochi 2014», lors du festival White Nights à Perm, dans l’Oural, début juin.
Petit problème, les dessins n’ont pas franchement plu aux officiels. Ils montrent notamment la mascotte Tchebourachka et plusieurs stéréotypes russes sous un trait de crayon légèrement satirique.
Une poignée de jours après l’installation de l’expo, les autorités locales l’ont fermée. Le responsable du festival, Marat Guelman, rapporte l’explication qu’il a reçue:
«L’exposition est russophobe et insultante pour les Jeux olympiques de Sotchi.»
Sur son blog, le gouverneur de Perm, Viktor Basargin, a motivé cette décision:
«J’ai une aversion profonde pour l’idée même de cette exposition.»
N’oublions pas un léger détail: Marat Guelman a été viré, le 19 juin. Fervent critique de Vladimir Poutine, il dirigeait le musée d’art contemporain de Perm depuis 2008. Il a tout de suite annoncé la nouvelle sur Twitter, dénonçant également une opération de censure:
только что позвонил Гладнев и подтвердил факт увольнения. Министр культуры закрывающий выставки видимо перепутал свою должность с ФСБ
— marat guelman (@galerist) June 19, 2013
«Le ministre régional de la Culture, Igor Gladnev, vient de m’appeler et m’a confirmé que j’étais limogé. Visiblement, le ministre de la Culture qui a fermé les expositions a confondu ses fonctions avec celles du FSB (ex-KGB, NDLR).»
Marat Guelman dirigeait le musée d’art contemporain de Perm depuis 2008. Trois autres expositions des Nuits Blanches de Perm ont par la suite été interdites. Guelman a déclaré dès le lendemain que toutes seraient rouvertes ailleurs, dans son propre centre culturel indépendant, qu’il gère depuis 15 ans.
Vladimir Poutine s'empêtre dans les pépins qui s’accumulent à moins d’un an des Jeux de Sotchi: suspicion de corruption, inflation de la facture (de 182 millions d’euros estimés en 2006, on en est aujourd’hui à 1,7 milliard d’euros dépensés) ou licenciement du numéro deux du comité olympique russe…
La satire des Jeux n’est pourtant pas une nouvelle mode. Pékin 2008 avait largement été décrié en images. Notamment avec la toile érotique Beijing 2008 de l’artiste Lui Liu présentée à Shanghai en 2005.