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Syrie: des armes chimiques utilisés par l'armée d'Assad, d'après Le Monde

Temps de lecture : 2 min

Un soldat syrien / Wikimedia Commons
Un soldat syrien / Wikimedia Commons

Deux journalistes du Monde ont été témoins de l'utilisation d'armes chimiques par l'armée de Bachar el-Assad contre les rebelles, en Syrie.

Le quotidien publie un reportage fouillé de deux de ses envoyés spéciaux, Jean-Philippe Rémy et Laurent Van der Stockt, qui sont partis deux mois dans le pays, et racontent:

«Une attaque chimique sur le front de Jobar, à l'entrée de la capitale syrienne, cela ne ressemble d'abord à rien. A rien de spectaculaire. A rien, surtout, de détectable. Tel est le but recherché: lorsque les combattants de l'Armée syrienne libre (ASL) les plus avancés dans Damas comprennent qu'ils viennent d'être exposés à des produits chimiques par les forces gouvernementales, il est trop tard. Quel que soit le gaz utilisé, il produit déjà ses effets, à quelques centaines de mètres seulement d'habitations de la capitale syrienne [...]

Pas d'odeur, pas de fumée, pas même un sifflement indiquant l'éjection d'un gaz toxique. Puis sont apparus les symptômes. Les hommes toussent violemment. Les yeux brûlent, les pupilles se rétractent à l'extrême, la vision s'obscurcit. Bientôt, surviennent les difficultés respiratoires, parfois aiguës, les vomissements, les évanouissements. Il faut évacuer les combattants les plus touchés, avant qu'ils n'étouffent.

De cela, les envoyés spéciaux du Monde ont été témoins plusieurs jours d'affilée dans ce quartier à la sortie de Damas, où la rébellion a pénétré en janvier.»

Pour les journalistes, la gravité des cas, leur multiplication et la tactique d'emploi de ces armes montre qu'il ne s'agit pas simplement de gaz lacrymogènes, mais d'armes chimiques bien plus toxiques.

En plus de leur enquête, ils en ont soufferts eux-mêmes: le 13 avril, sur une zone du front de Jobar, aux portes de la capitale syrienne, le photographe du Monde voit des combattants de l'armée syrienne libre commencer à tousser, suffoquer, vomir. Pendant quatre jours, Laurent Van der Stockt souffrira de troubles visuels et respiratoires. Tout ça alors même que les émanations de gaz avaient lieu dans un secteur voisin.

Pour l'instant, la preuve d'utilisation d'armes chimiques par les troupes de Bachar el-Assad n'a pas encore été établie formellement. Il faudrait pour cela établir un protocole d'enquête (procéder à des prélèvements, les confier à des laboratoires à l'étranger, etc). Plusieurs pays étrangers ont dit posséder des éléments indiquant l'utilisation d'armes chimiques, mais sans communiquer leurs preuves. Les forces armées gouvernementales accusent de leur côté les rebelles d'utiliser des armes chimiques, dont du gaz sarin.

L'ONU a formé une commission d'experts pour enquêter sur le sujet, qui attend d'être autorisée à se rendre sur place et rend pour l'instant des avis flous sur la question. La position américaine est floue: Barack Obama a dit que les Etats-Unis pourraient recourir à des options diplomatiques et militaires s'ils avaient la preuve de l'usage d'armes chimiques, puis dit qu'il existait des preuves mais ajouté qu'il voulait «des informations plus précises» avant d'agir.

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