Bill Clinton doit prononcer un des discours les plus attendus de la convention démocrate ce mercredi 5 septembre au soir. Un des discours les plus attendus parce que c'est le seul ancien président à s'exprimer pendant l'évènement, parce qu'il bénéficie toujours d'une forte popularité, parce que les débuts de sa relation avec Barack Obama ont été difficiles, et parce qu'il n'a pas été pré-approuvé par les responsables démocrates.
En apprenant ça, les médias américains ont titré sur le «danger» pris par le président actuel en laissant Clinton dire ce qu’il veut, notant que les remarques de Clint Eastwood non plus n’avaient pas été pré-approuvées par la campagne républicaine, et que l’ancien président n’a pas toujours su respecter le message de l’équipe Obama –il a par exemple souligné plus tôt dans l’année les qualités de businessman de Mitt Romney.
Résultat, le directeur de campagne de Barack Obama, Jim Messina, a dû calmer les esprits, estimant que les médias ont exagéré:
«Nous avons eu beaucoup de conversations avec le président Clinton. On est en train d'en faire une montagne. Il va faire un excellent discours.»
Messina n'a pas vu le discours. Son adjointe Stephanie Cutter a ajouté que quelqu'un de leur équipe «allait sûrement voir le discours avant qu'il ne le prononce, parce que c'est comme ça que ça se passe généralement».
Reste que, interrogé sur qui relisait et corrigeait le discours de Clinton, Messina a répondu: «Bill Clinton.»
En 2008, Bill Clinton avait assuré un bon discours pour Barack Obama à la convention démocrate, mais l'équipe du candidat avait insisté pour avoir accès au speech, et n'avait pu le lire que moins de deux heures avant son intervention.
Dans les moins bons souvenirs, les journalistes américains se moquent toujours aujourd'hui d'un discours donné par Clinton à la convention démocrate de 1988. Dans les mots de John Dickerson:
«Il faut dire que le discours sans fin de Bill Clinton en 1988 (qui pourrait bien toujours être en cours, pour ce qu'on en sait), était une bourde majeure, donc peut-être que les gens qui sont obsédés par le fait que son speech n'ait pas été pré-approuvé ont raison de l'être. Mais tous ceux à qui j'ai parlé m'ont dit, "C'est un ancien président des Etats-Unis. C'est pas un membre du staff qui va lui dire quoi faire.”»
Dans un article intitulé «On trolle Bill Clinton» Salon estime que tout ce battage médiatique autour du discours de Clinton est une fausse polémique créée par des médias qui ont besoin de trouver une tension à raconter sur le camp démocrate, avant de conclure:
«Si quelqu'un doit être nerveux à propos du discours non pré-approuvé de Clinton, c'est Mitt Romney.»
C.D.