Avant
l'élection de Barack Obama, l'artiste américain Jon McNaughton peignait des fresques
chrétiennes sentimentales et des paysages champêtres. Avec un répertoire de
chaumières en automne et Jésus à la campagne
Tout a changé en 2008. Ne supportant plus ce qu’il juge être la dérive du pays vers le socialisme, McNaughton a saisi ses pinceaux pour exprimer sa colère. Son tableau le plus célèbre représente Obama en train de brûler la constitution. Les couleurs sont sombres, le président a le regard menaçant, et l’œuvre est tout simplement intitulée «Une Nation Socialiste».
Avec l'aimable autorisation de Jon McNaughton
Propagande ou «réalisme conservateur»
Il l’a peinte pour protester contre le passage de la réforme de santé par le Congrès en 2010. Le style ressemble à de la propagande de dictature, mais l’artiste préfère parler de «réalisme conservateur».
«Ma peinture, c'est quelque chose de très émotionnel pour moi», expliquait-il récemment sur Fox News. «C'est une façon de communiquer ce que je ressens par rapport à ce qui se passe dans notre pays». Dans la même émission, le présentateur de la chaîne Sean Hannity avait déclaré: «quand j'ai vu ça, j’ai dit wow, c'est exactement ce que je ressens». Il a acheté l'original pour plus de cent mille dollars (le chiffre exact n’a pas été dévoilé).
Obama, sa muse favorite
McNaughton a beau détester l’actuel président des Etats-Unis, Obama est sa muse favorite. Dans le tableau intitulé «L’Homme oublié», Obama est de nouveau représenté, cette fois en train de piétiner la Constitution, alors que Bill Clinton et Franklin D. Roosevelt applaudissent avec entrain.
Avec l'aimable autorisation de Jon McNaughton.
Dans «L’Homme qui reprend le pouvoir», Obama tente d’empêcher un jeune Américain de se battre pour sa liberté (en langage ultraconservateur, «liberté» signifie «ne pas payer d’impôts».)
Le président est aussi au centre du tableau que le peintre vient de dévoiler pendant la convention républicaine. L’oeuvre est intitulée «Obama Nation», jeu de mot sur «Obama Nation» et «Abomination», explique-t-il à FranceTV. Depuis plusieurs semaines, il poste sur Facebook des détails de cette peinture, une soixantaine de symboles censés résumer l’abominable mandat d’Obama.
Le chef d'oeuvre de la Nation sous la Loi de Dieu
Mais le best seller du peintre – celui que ses fans considèrent comme son chef d’œuvre – est intitulé «One Nation under God» (Une Nation sous la Loi de Dieu), un tableau qui s’est vendu à des dizaines de milliers d'exemplaires (reproductions disponibles sur Internet à partir de 115 euros).
Avec l'aimable autorisation de Jon McNaughton
On y retrouve les sujets de prédilection de McNaughton: les Pères fondateurs, Jésus, mais surtout la Constitution. Une obsession qu'il partage avec les sympathisants du Tea Party, pour lesquels c’est un document qui ordonne de réduire le rôle de l'Etat au strict minimum. Dans cette fresque épique, c'est Jésus lui-même qui donne la Constitution aux Américains, entouré par Thomas Jefferson, Ronald Reagan et quelques soldats agenouillés.
Le personnage du «professeur de gauche»
Sur le site Internet du peintre, il suffit de cliquer sur un personnage du tableau pour avoir un petit texte explicatif. Les détails valent le détour. A la droite de Jésus, on trouve «le professeur de gauche», qui tient dans ses mains «L’Origine des Espèces» de Charles Darwin. «Son expression méprisante est représentative de l’attitude de l’élite intellectuelle» note McNaughton, qui explique aussi que le professeur est assis sur la marche la plus haute, car il se croit «au même niveau que Dieu».
Proche du professeur, on trouve la «journaliste de gauche», également méprisante, et un peu plus haut, Satan. De l’autre côté de Jésus, il y a les bons Américains: le médecin de famille, l'agriculteur, le soldat, et la mère de famille.
Dans une vidéo promotionnelle, l’artiste résume son ambition: «Cette peinture va changer l’Amérique», avant de donner quelques conseils déco à ses clients:
«J’encourage ceux qui achètent une reproduction à l’accrocher là où le maximum de gens pourront la voir, que ce soit à la maison, au bureau ou à l’école. Cela fera un bon sujet de conversation.»
Claire Levenson