«Je ne vais pas te dire toute la vérité, mais tout ce que je vais te dire c'est la vérité.» En bon voyou marseillais, Émile «Milou» Diaz impose ses règles dès le début de French Connection: Marseille, Montréal, New York, premier podcast coproduit par France Culture et Radio Canada.
Premier des nombreux témoins interrogés par l'ancien policier Stéphane Berthomet, «Milou» Diaz nous plonge dans les coulisses du réseau de drogue marseillais dès le début du podcast: «C'est mon village Marseille, j'y ai grandi. Je peux vous dire qu'il y avait au moins 20.000 personnes qui touchaient à la came, parmi lesquelles au moins 7.000 qui étaient “parrains” de la came et en expédiaient des quantités industrielles.»
En quatre épisodes, Stéphane Berthomet dessine dans un récit haletant (bien que parfois difficile à suivre tant les noms de clans mafieux se succèdent) l'histoire de «la French», de ses débuts dans les années 1930 à la fin dans les années 1970.
En détaillant les intrications entre trois familles qui ont régné sur le business juteux de l'héroïne française –les Guérini à Marseille, les Cotroni à Montréal et les Bonanno à New York– Stéphane Berthomet dévoile un pan méconnu de l'histoire de la French Connection: son implantation québécoise.
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Québec Connection
Cristallisée en partie autour du personnage de Lucien Rivard, petit escroc sans envergure devenu une fierté nationale (si, si) en même temps que l'ennemi n°1 pour les services de police, le pan canadien de la French Connection n'a rien à envier à ses cousins français et américains.
Attentats contre des journalistes, voitures bourrées de came, corruption de policiers et d'hommes politiques, évasions de prison, arrestations de vedettes transformées en mules au gré d'amitiés douteuses… Tout y passe, même le coup d'État cubain de 1952, auquel la French Connection ne serait pas totalement étrangère.
Mêlant récits et interviews d'anciens voyous ou journalistes, le podcast de France Culture et Radio Canada mis en ligne fin novembre dresse un portrait à la fois sulfureux et documenté du trafic d'héroïne qui a mis Marseille au centre du monde criminel. Il n'en omet rien, pas même la recette de sa drogue pure à 98%.
Un documentaire passionnant réalisé par Cédric Chabuel, pas si éloigné qu'on pourrait le croire (ou l'espérer) du French Connection de William Friedkin ou du Parrain de Francis Ford Coppola. «You talkin' to me?»