Que se passe-t-il lorsque l'on est brutalement projeté au cœur d'un fait divers au retentissement national? Comment vit-on le basculement dans l'horreur et la médiatisation lorsque l'on vivait jusqu'à présent une vie normale? Autant de questions que l'on se pose en lisant les pages faits divers des journaux ou en regardant des histoires criminelles à la télévision. Depuis quelques mois, le spécialiste des faits divers Dominique Rizet –que les fans de «Faites entrer l'accusé» connaissent bien– tend le micro à des personnes impliquées dans des histoires criminelles pour le podcast L'instant où, produit par BFMTV.
Accompagné du journaliste Fabien Randrianarisoa, il interroge à la fois des victimes, des proches de victimes et des criminels, pour recueillir leurs témoignages sur ce moment où leur vie a basculé. Pour plus d'intimité, c'est chez eux que les deux journalistes se rendent pour les interroger. Dominique Rizet n'hésite pas à livrer sa vision de l'affaire et son rapport parfois personnel aux personnes à qui il donne la parole. En découle une série de cinq témoignages à cœur ouvert, bien loin du sensationnalisme habituel des émissions de faits divers.
Recueillir la parole
Il y a d'abord le témoignage émouvant des parents d'Alexia Fouillot sur les aveux de leur beau-fils Jonathann Daval. Il y a aussi l'interview de Marie-Ange Laroche, veuve de Bernard Laroche, soupçonné par les parents du petit Grégory Villemin de l'enlèvement et du meurtre de leur enfant, et dont l'interview tourne au bras de fer au fur et à mesure que Dominique Rizet émet la possibilité qu'il ait été l'auteur du meurtre.
Mais c'est sûrement le témoignage d'Houria, victime d'Hamida Djandoubi dans son adolescence, qui résonne le plus fort. Pour la première fois, elle raconte publiquement l'horreur qu'elle a subie: séquestrée, violée et torturée pendant des mois, elle a vécu la condamnation à mort et l'exécution de son bourreau comme un soulagement. Gêné, le journaliste évoque la question épineuse de la peine de mort et de son abolition. Pour la victime, rien n'y fait: elle est heureuse de savoir que son agresseur est mort.
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Les deux derniers entretiens avec Patrick Guillemin, braqueur de banque et organisateur d'une évasion spectaculaire de la prison des Baumettes à Marseille en 1999, et Martine Veys, visiteuse de prison devenue très proche du tueur d'enfant Patrick Henry après son incarcération, posent justement la question de la rédemption et du traitement des criminels. «Comment est-ce qu'on peut aimer Patrick Henry?» demande Dominique Rizet à Martine Weys. «J'ai d'abord eu beaucoup de compassion pour lui. Et puis j'ai eu le sentiment de l'aimer solidement», lui répond celle qui voyait l'être humain derrière le criminel.
C'est aussi le projet de ce podcast: remettre les gens au centre de l'histoire, plutôt que de raconter l'événement de façon désincarnée, comme un feuilleton de fiction. Véritable porte ouverte sur la face humaine des faits divers, le podcast de BFMTV a la qualité de chercher le témoignage sur la longueur plutôt que le scoop. Une approche que l'on aimerait retrouver plus souvent dans les médias généralistes et pas que dans le podcast.