«Vos devoirs pour demain? Faites un câlin à vos parents.» Voilà ce que des professeurs demandent à leurs jeunes élèves chinois dans 60 écoles de Nankin. La culture du câlin, en Chine, s’apprend petit à petit, explique le blog Sinosphere du New York Times.
Les Chinois ne sont pas connus pour faire preuve de grandes démonstrations physiques d’affection. Sur le site ediplomat, les diplomates étrangers sont prévenus: pas de câlin pour leurs homologues chinois.
«Les Chinois n’aiment pas que des étrangers les touchent. Ne les touchez pas, ne leur faites pas de câlin, ne leur ouvrez pas vos bras, et n’ayez aucun contact physique avec eux.»
Pourquoi tant de froideur? Le blogueur Zuai Ah Long justifie ce comportement:
«Si l’on s’étreint toute la journée, que l’on embrasse des personnes qu’on ne devrait pas embrasser, alors tout le frisson [du câlin] s’évapore. Ça gâche tout.»
Trop de câlins tue le câlin? En dépit de cette philosophie, les choses semblent changer en Chine. A Nankin, on donne des cours d’«intelligence émotionnelle». A Pékin, un étudiant japonais propose les fameux free hugs (câlins gratuits) aux passants dans la rue.
Son but? Promouvoir l’amitié entre les deux peuples. Watanabe Kohai confesse ses craintes initiales, qui se sont finalement envolées:
«J’avais peur que l’on s’attaque à nous dans la rue, car nous nous affichons en tant que Japonais. Mais rien de tel n’est arrivé. Au lieu de cela, la plupart des gens que l’on a rencontrés ont témoigné de leur soutien en nous serrant dans leurs bras et en nous encourageant.»
Le succès de ces free hugs prouve une évolution des mentalités en Chine. Lorsque la campagne des câlins gratuits avait démarré en 2006, la vingtaine de Chinois qui avaient osé s’aventurer avec leurs pancartes et leurs bras ouverts dans les rues avaient eu des ennuis. Certains avaient été arrêtés et questionnés par la police, sans pour autant être sanctionnés. L’opération a néanmoins pu se renouveler, comme on le voit sur cette vidéo.