Alors que l'on craignait une définition trop étendue de l'hyperactivité et des troubles déficitaires de l'attention (ADD en anglais) risquant de conduire à un surtraitement chez les enfants, le New York Times rapporte que de nouvelles études dans le domaine de la santé mentale, «avec des chiffres solides» vont vers l'identification d'un nouveau désordre «qui pourrait grossir substantiellement les rangs des jeunes gens traités pour des troubles de l'attention».
Ce trouble est nommé «sluggish cognitive tempo» ou rythme cognitif lent en français. Il se caractérise par une léthargie, des rêveries, et un processus mental lent. «Selon certaines estimations, il serait présent chez peut-être deux millions d'enfants» aux Etats-Unis, note le New York Times. Ce trouble serait spécifique: il ne s'agirait pas d'une sous-catégorie de l'hyperactivité, même si les symptômes, qui doivent être davantage étudiés pour être plus clairement définis, se recoupent en partie.
Mais plusieurs chercheurs mettent en garde contre une trop grande lumière mise sur ce trouble sans recherches plus avancées: ils s'inquiètent de ce que les enfants soient de nouveau facilement diagnostiqués, et se voient prescrits trop promptement des médicaments très lourds, avec des effets secondaires importants, comme pour l'hyperactivité.
«Nous voyons là un engouement pour la maladie: de même que le trouble du déficit de l'attention a été le diagnostic à la mode pendant environ 15 ans, c'est le commencement d'un nouveau trouble dans l'air du temps», prévient Allen Frances, professeur de psychiatrie à l'université de Duke aux Etats-Unis. «C'est une expérience de santé publique sur des millions d'enfants.»
Le traitement principal pour soigner les troubles du déficit de l'attention, et qui pourrait parfois être prescrit pour ce «rythme cognitif lent» est le méthylphénidate (Ritaline®, Concerta®…) Comme le rappellait l'AFP en 2013, il peut avoir «un effet toxique sur le foie et engendrer des pensées suicidaires ou de l'anorexie», et l'on soupçonne qu'il puisse y avoir des risques d'addiction. En France, son usage est encore limité, mais en croissance.