Début mars, quelques jours après la disparition du vol MH370 de Malaysia Airlines, nous nous intéressions aux raisons pour lesquelles les fameuses boîtes noires qui enregistrent les données du vol et les conversations des pilotes n'envoient pas leurs informations en temps réel au sol, ce qui faciliterait grandement les recherches de ce type.
Un mois plus tard, et alors que les équipes de recherche n'ont toujours pas retrouvé le moindre débris de l'appareil, il semblerait que la disparition la plus mystérieuse de l'histoire de l'aviation civile ait décidé les autorités compétentes à se pencher très sérieusement sur le sujet.
Dans un communiqué diffusé ce mardi 1er avril, l'Union internationale des communications (UIT) affirme qu'elle va travailler à l'élaboration de nouvelles normes pour les futurs enregistreurs de données de vol afin de transmettre à l'avenir les données de vol des boîtes noires en temps réel.
Lors de la conférence mondiale de développement des télécommunications de l'UIT qui se tient à Dubaï, Dato' Sri Ahmad Shabery Cheek, le ministre malaisien des Communications et du multimédia, a bien résumé le sentiment de ceux qui s'étonnent que l'on puisse aujourd'hui passer des coups de téléphone ou aller sur Internet dans les avions, mais que l'on ne transmette toujours pas les précieuses données des boîtes noires en temps réel:
«Je pense que les données provenant des appareils, y compris celles de la boîte noire, pourraient être émises en permanence et stockées dans des centres de données au sol. Grâce aux progrès des TIC aujourd'hui, nous devrions être en mesure de récupérer et d'analyser ces données, même si nous ne localisons pas la boîte noire. Selon moi, une mesure aussi simple que cela aurait pu permettre d'éviter d'en arriver là aujourd'hui. Dans ce contexte, je ne peux que constater que, alors que les technologies de communication ont radicalement évolué au cours des cinq dernières années, rien n'a changé depuis trente ans en ce qui concerne les boîtes noires.»
Hamadoun I. Touré, le président de l'UIT (une agence de l'ONU qui coordonne les Etats et le secteur privé et établit les normes de télécommunication dans le monde), a abondé dans le même sens en déclarant:
«Nous devons faire en sorte que les avions puissent être localisés en temps réel, [...]. L'UIT s'engage à élaborer des normes qui tireront parti des "big data" et des derniers progrès de l'informatique en nuage [NDLR: le cloud computing].»
Comme nous l'écrivions le mois dernier, la transmission des données des avions en temps réel est aujourd'hui techniquement faisable, malgré les challenges qu'elle poserait en termes de coût, de bande passante disponible ou de capacité satellitaire. Une solution souvent évoquée est que les données ne soient pas envoyées en continu par tous les avions, mais à intervalles réguliers et seulement pour les longs courriers dans les zones où le contact radio est impossible.
Chris McLaughlin, premier vice‑président des affaires extérieures d'Inmarsat, société britannique de télécommunications par satellite qui a joué un rôle important dans la détermination de la trajectoire probable du vol MH370, a déclaré que son entreprise serait heureuse «de collaborer avec l'UIT en vue de trouver une solution à l'échelle mondiale au problème de la localisation des aéronefs commerciaux».